Réseau
1. La Palestine vue depuis
les Nations premières par Doug Cuthand
[traduit de l'anglais par Marcel
Charbonnier]
(Doug Cuthand est un journaliste et
réalisateur de films de l'ethnie Cree, du Saskatchewan au Canada http://www.dougcuthand.com. Il nous
livre, dans l'article ci-après, le point de vue d'un aborigène sur la question
palestinienne.)
J'ai souvent l'occasion d'observer les événements
de la scène mondiale sous l'angle des Nations premières (auxquelles
j'appartiens, en tant qu'Indien Cree). Le conflit en cours entre Palestiniens et
Israéliens s'y prête particulièrement. Qu'avons-nous devant les yeux ? Nous
sommes en face d'une revendication territoriale complexe, en l'absence de toute
commission (juridique) à même de démêler les revendications opposées. Le
problème tourne autour du fait que l'Etat d'Israël a été créé sur une terre
autrefois dénommée Palestine, dont les habitants premiers ont été chassés. Après
deux mille ans de présence sur cette terre, vous penseriez que les Palestiniens
ont une sacrée bonne raison d'exiger de la recouvrer, non ? Je suis certain que
cette revendication tiendrait la route, si elle était prise en compte par la
Commission canadienne des Réclamations indiennes...
Depuis bien des années,
je n'ai pas varié dans ma position de sympathie à l'égard des Palestiniens. Je
les considère comme les Indiens du Moyen-Orient.
(Leur) histoire présente
(avec la nôtre) une similarité frappante. Les Palestiniens ont perdu leur terre.
Ils ont été mis dans des camps tout-à-fait semblables aux réserves où on nous a
cantonnés, et ils ont été colonisés et asservis par une puissance extérieure. En
tant qu'aborigène du Canada, je retrouve dans une très large mesure chez les
Palestiniens ce que nous avons subi.
Ici, au Canada, nous avons traversé des
décennies entre traités de concessions et réclamations de terres... Si nous
devions retenir une seule chose (de notre expérience), c'est que ce sont là des
problèmes qui ne disparaissent pas d'eux mêmes. Si une génération ne peut
négocier un règlement, la suivante sera mieux éduquée, donc mieux armée, et elle
portera le problème devant les tribunaux, n'en doutez pas. Le dol ne fait que
prendre de l'ampleur et enchérir à chaque génération. Il ne s'éteint pas de
lui-même. Bien au contraire, il gagne en force politiquement et éthiquement,
augmentant du même coup la résolution de notre peuple.
C'est la même chose,
dans le cas du peuple palestinien. Le rêve d'avoir leur propre Etat n'a pas
varié d'un iota depuis cinquante ans, et la répression, aussi dure soit-elle, ne
pourra jamais le briser. Il en va ainsi pour tout peuple colonisé. La flamme de
l'indépendance (à laquelle ils aspirent) ne fait que gagner en éclat, d'année en
année.
La différence, dans notre cas, réside en ce que l'Etat canadien a
reconnu les droits des aborigènes dans la Constitution et la Charte des droits
et des libertés. Des mécanismes ont été mis sur pied, telle la Commission des
revendications indiennes, pour trouver des solutions.
Ici, au Saskatchewan,
nous avons le bureau du Commissaire du Traité, qui a négocié l'Accord
d'attribution (des terres).
Les Israéliens, eux aussi, ont établi leur
nation sur la terre d'un autre peuple, mais ils refusent toute manifestation de
résistance, qu'ils qualifient de terrorisme. C'est là chose courante. La
démonisation d'un peuple et de ses dirigeants (nationaux) est un instrument
grossier utilisé de manière à mettre l'opinion publique de son côté. En tant que
peuple appartenant aux Nations premières, nous avons subi les attaques dirigées
contre les chefs que nous nous étions donnés par des groupes tels la Fédération
des Contribuables et l'Alliance canadienne.
Ici, au Canada, nous ne sommes
pas informés correctement. Les médias retiennent les informations venues des
extrêmes, tels les colons et des organisations manifestement terroristes, comme
le Hamas. La majorité des Palestiniens et des Israéliens, qui désirent
simplement vivre en paix, n'ont pas voix au chapitre, chez nous.
Depuis de
nombreuses années, les Etats-Unis soutiennent l'Etat d'Israël, ce qui a pour
effet de le couper de la plus large communauté humaine du Moyen-Orient. Les
médias américains et canadiens sont manifestement orientés, en faveur d'Israël,
et ils n'hésitent pas à adopter des positions ouvertement racistes, dans leur
manière de condamner les Palestiniens.
Dans ce climat, il n'y a pas de
négociations permettant de reconnaître (la légitimité) des revendications de
territoires et d'autonomie. Les colons continuent à agir à leur guise en
Cisjordanie, territoire qui ne leur appartient pas en droit. Les camps
palestiniens continuent à connaître la surpopulation, les gens y vivent dans la
pauvreté, sans espoir en un futur meilleur. L'utilisation même du mot "colons"
dénote une mentalité digne du Far West, ce qui ne peut que rapprocher nos deux
peuples.
Le problème restant sans solution, et ne cessant de s'envenimer, la
cause (du peuple palestinien) a été récupérée par des groupes radicaux, au
Moyen-Orient. Les fondamentalistes musulmans s'en sont emparé, en dépit du
fait que de nombreux Palestiniens sont chrétiens.
Les problèmes non résolus
s'exacerbent de plus en plus au fur et à mesure que les choix s'étiolent. Ici,
au Canada, nous constatons que la direction politique des Nations premières de
la Colombie britannique est plus radicale (que dans notre province) en raison de
leur frustration au sujet de la négociation du Traité, et (nous comprenons
qu'ils) réclament désormais un referendum à l'échelle de cette province
canadienne. L'absence de règlement et l'intransigeance du gouvernement
provincial jouent un rôle évident dans la frustration du leadership national
(indien). Cette histoire, mon peuple la connaît trop bien, pour l'avoir vécue
sept générations durant. C'est une histoire de problème difficile à résoudre.
Mais les deux côtés doivent travailler ensemble (à rechercher une solution),
dans une atmosphère de respect mutuel. Sinon, cette histoire ne finira
jamais.
2.
Interprétabilité/interprétation et idiosyncrasie (du Coran) par
Asma Barlas
Conférence donnée au Collège Ithaca (Etats-Unis), le 29 octobre
2001
[traduit de l'anglais par Marcel
Charbonnier]
Mon exposé, intitulé "De l'interprétation
et de l'idiosyncrasie (du Coran)" traitera tant de la manière dont la plupart
des gens, aux Etats-Unis, perçoivent l'Islam, que de celle dont l'Islam en
général - et en particulier, son texte sacré fondateur, le Coran - traite du
concept de 'jihad'.
Etant donné qu'on ne m'a demandé de parler de l'Islam que
deux ou trois fois, en dix ans d'enseignement au Collège Ithaca, il est pour moi
évident que le nouvel intérêt qu'on lui porte ne résulte pas de quelque
évolution positive, mais bien du désir qu'ont les gens de trouver une
explication aux attentats perpétrés contre les Etats-Unis par, avance-t-on, un
groupe de Musulmans ; événement qui les a laissés dans un état de choc,
angoissés et en colère.
Le "hic", en la matière, c'est que se pencher sur le
seul Islam ne peut apporter la réponse, ou la conclusion, auxquelles ces gens
aspirent.
Comme le dit Robin Wright : "scruter le Coran pour y découvrir des
citations incendiaires est essentiellement une perte de temps. Les religions
évoluent, et il y a généralement assez de points ambigus dans leurs textes
fondateurs pour qu'elles soient susceptibles de prendre toutes les orientations
possibles et imaginables, dans leur évolution. Si Oussama Ben Laden était
chrétien, et s'il voulait néanmoins détruire le World Trade Center, il citerait
Jésus chassant les marchands du Temple. S'il ne voulait pas aller jusqu'à
détruire le World Trade Center, il pourrait rappeler le Sermon sur la
Montagne..."
Même si cette hypothèse peut choquer, il est indéniable que
toute religion - ou toute idéologie laïque, d'ailleurs - offre les options entre
violence et paix, entre oppression et libération, selon qui l'interprète,
comment, dans quels contextes particuliers. Comme j'aime à le répéter, il y a
très peu d'air de famille entre la théologie de la libération, de nos jours, et
le christianisme des Croisades, de l'Inquisition ou de la Conquête (de
l'Amérique)...
Et malgré tout, parce qu'ils ignorent que toute religion est
ouverte à de multiples interprétation, nombreux sont ceux qui attaquent l'Islam.
"On dirait qu'il y a deux versions (différentes) du Coran, quelque part... Si
tel est le cas, qu'est-ce qui différencie le Coran qui fait l'ordinaire des
terroristes et le Coran que le reste du monde musulman lit et respecte ? S'il
est dans la salle, que le "vrai" Islam veuille bien se lever..." : telle était
la question posée par un article de presse qu'un ami m'a communiqué, et dont je
n'ai plus les références...
L'auteur de ce même article (qui indique qu'il
est catholique), dit aussi "qu'il ne veut pas réentendre la vieille histoire des
Croisades, de la politique étrangère abominable des Etats-Unis, etc... ni les
comparaisons rapprochant l'Islam du Christianisme et du Judaïsme." On remarquera
que l'auteur de cet article, tout en exigeant des Musulmans, dont je fais
partie, qu'ils expliquent quel Coran nous lisons et quel est le véritable Islam,
se dispense bien d'expliquer lui-même quelle différence il y a entre la bible
que lisaient les Croisés et les Conquistadors, et celle qu'il a étudiée
lui-même, pas plus d'ailleurs qu'il n'entreprend de convaincre les autres des
raisons pour lesquelles son christianisme est le "vrai"...
Une telle
stratégie, bien loin de seulement imposer aux Musulmans un fardeau que les
croyants des autres religions refusent d'endosser eux-mêmes, obscurcit le fait
que les conflits les plus sanglants, telles les deux guerres mondiales, ont eu
des origines séculières et non religieuses. Même des conflits que l'on pense
être de nature religieuse peuvent être facilement analysés comme découlant
d'enjeux de pouvoir ou de luttes autour de certaines ressources économiques, et
non de la pure idéologie. Cela n'est pas moins vrai des Croisades que ça l'est
du conflit entre catholiques et protestants en Irlande, ou entre Juifs et
Musulmans au Moyen-Orient, voire même en ce qui concerne les attentats
anti-américains du 11 septembre 2001.
Nous pourrions, par conséquent, aller de l'avant,
si nous nous efforcions de comprendre les conditions politiques et économiques
qui engendrent les conflits et l'extrémisme religieux. Mais cela exige de nous
que nous nous interrogions sur la nature de notre politique étrangère et aussi
que nous reconnaissions la complicité de la laïcité, du capitalisme et de la
démocratie libérale, dans l'apparition d'une division planétaire du travail qui,
en privilégiant une minorité au détriment de l'immense majorité des gens, a
fourni un terreau fertile pour la plupart des manifestations de l'extrémisme
contemporain, qu'il soit religieux, ou non.
Par ailleurs, même si nous
voulions détourner l'attention de l'opinion publique de la politique et de
l'économie, en ne prenant en considération que la religion afin d'expliquer les
événements du 11 septembre, je doute que la confusion, l'hostilité et la peur
que ressentent la plupart des gens actuellement soient favorables à une
meilleure compréhension de l'Islam ou à l'engagement d'un dialogue dépassionné
avec les Musulmans...
De manière ironique, même des gens qui n'ont pas une
animosité particulière à l'encontre de l'Islam auront bien du mal à avoir un tel
dialogue (avec les musulmans), aussi longtemps qu'ils continueront à espérer que
s'informer sur l'Islam les rendra capables de trouver un sens au 11 septembre,
dans la mesure où cette attente découle elle-même du présupposé qu'il
existe(rait) un lien entre Islam et terrorisme (ce qui est loin d'être
prouvé).
C'est ce présupposé qui révèle à quel point la plupart des gens
pensent que l'Islam est "unique en son genre" et, ce faisant, à porter à
celui-ci une profonde atteinte épistémologique. Laissez-moi vous donner un
exemple éclairant ce point.
Le terrorisme et l'exceptionnalité de
l'Islam
Des formes modernes de terrorisme ont été
introduites au Moyen-Orient, dans les années 1940, par des groupes activistes
juifs, dans la Palestine alors sous mandat britannique. Ce sont l'Irgoun, le
groupe Stern et la Hagana qui ont pris l'initiative de recourir aux attentats à
la bombe dans "les lieux publics et les quartiers peuplés d'Arabes, afin de
terroriser la communauté arabe" (Smith, 1992 : 19 ; 140). Le groupe Stern alla
jusqu'à attaquer des banques juives, causant des "pertes en vies humaines, parmi
les Juifs" (120). L'Irgoun, comme on sait, "a exterminé environ 250 victimes,
hommes, femmes et enfants, dont les corps mutilés ont été précipités dans des
puits", dans le village de Deir Yassin (143).
En dépit du fait que des
tactiques terroristes de cette nature se sont poursuivies jusqu'à nos jours, les
gens, aux Etats-Unis, n'ont jamais mis l'ensemble des Juifs, de par le monde, en
demeure de leur expliquer ce que le judaïsme a à dire au sujet du massacre de
civils innocents. Il est vrai que certaines personnes ont dénoncé ces groupes
terroristes - considérés comme des combattants de la liberté par bien des gens -
mais elles ne sont pas allées jusqu'à demander aux Juifs, en général, quelle
Torah ou quel Talmud lisaient les terroristes juifs, ni à prier le "vrai"
judaïsme de "bien vouloir se lever"...
Pourquoi, alors, cette injonction
faite aux Musulmans d'expliquer ce que leur "bible" - c'est ainsi que ce "grand
savant" qu'est la coqueluche de CNN, Larry King, appelle le Coran ! - leur
enseigne en matière de violence ? (King est même allé jusqu'à importuner Hanan
Ashrawi, en présumant que, palestinienne, elle était forcément musulmane, alors
qu'elle est chrétienne...). Les gens qui proclament (à l'instar de l'auteur de
l'article cité) qu'ils se moquent de l'Islam comme de leur première chemise,
sont ceux-là mêmes qui demandent au "véritable" Islam de bien vouloir se
manifester !
Dans cette ambiance détestable, où seules les musulmans sont
tenus à protester inlassablement de leur humanité et à défendre leur religion,
j'avais décidé - question de principes - de ne jamais m'exprimer, dans quelque
réunion sur l'Islam que ce soit... Mais ma religion prône le jihad de la
connaissance et ce jihad est, pour le musulman que je suis, une obligation...
C'est pourquoi je suis ici, aujourd'hui, devant vous : pour vous parler de
la notion de jihad.
Le Jihâd dans le
Coran
Le mot 'jihâd' signifie "lutte", ou "effort" et en
aucun cas : "guerre". C'est ainsi que le Coran évoque le jihâd de l'âme, le
jihâd de la langue (du discours), le jihâd du calame (de la communication
écrite), le jihâd de la foi, le jihâd de la droiture, etc... Il s'agit du "grand
jihâd", de cela même qui nous permet, à nous musulmans vivant aujourd'hui,
d'actualiser notre identité de musulmans.
Il y a aussi le "jihâd des
armes", dont le but est de combattre pour la cause de Dieu ('Allâh). Il s'agit
ici du "petit jihâd", qui autorise le combat mais uniquement défensif. Plusieurs
versets du Coran évoquent cette forme (particulière) de jihâd, et j'en citerai
deux, parmi les plus importants :
"La permission est donnée de combattre à
ceux contre qui une guerre est injustement menée - et, en Vérité, Allâh/Dieu a
certes le pouvoir de venir à leur secours - (ou à) ceux qui ont été chassés de
leurs lieux de vie pour la seule raison d'avoir proclamé "nous nous en remettons
à Dieu". Car si Dieu/Allâh n'avait pas autorisé les gens à se défendre les uns
des autres, tous les monastères, les églises, les synagogues et les mosquées -
tous lieux dans lesquels Son nom (de Dieu/Allâh) est abondamment honoré -
auraient certainement été détruits, à ce jour." (Cor. 22 : 39-40). (adaptation
personnelle, ndt).
Le second verset dit :
"... combattez pour la cause de
Dieu contre ceux qui vous font la guerre, mais ne commettez pas l'agression -
car, en vérité, Dieu/Allâh n'aime pas les agresseurs. Tuez-les partout où vous
pourrez les vaincre, chassez-les des lieux d'où ils vous avaient chassés, car
l'oppression est pire que la mort" (Cor. 2 : 190). (adaptation personnelle,
ndt).
Bien que les allusions au fait de tuer nous fasse des frissons dans le
dos, qui que nous soyons, il est important de ne pas laisser notre répulsion
devenir un alibi afin de refuser d'admettre certaines réalités pourtant
transparentes.
Tout d'abord, quelqu'un peut tuer un nombre incalculable de
ses semblables, tout en évitant tout risque pour lui-même, et même sans
combattre. Pensez aux sanctions économiques imposées à l'Irak, qui tuent en
moyenne 5 000 enfants irakiens innocents chaque mois, tout cela parce que notre
gouvernement est opposé à un seul homme (Saddam Husseïn, ndt). Mon propos n'est
aucunement de justifier la guerre, mais d'attirer l'attention sur l'un de ses
aspects - hideux - que nous avons tendance, habituellement, à
ignorer.
Secondement, ce n'est pas l'Islam qui a inventé la guerre (qui
existait, malheureusement, avant lui). Il se contente d'enseigner une certaine
approche de celle-ci. Cette approche interdit l'agression, ou l'attaque d'un
ennemi par surprise, et elle ordonne aux Musulmans de mettre fin aux hostilités
dès qu'une agression contre eux cesse. Ce dernier point peut sembler de peu
d'importance, tant que l'on ne souvient pas du fait que les Etats-Unis ont
détruit Nagasaki et Hiroshima après que les Japonais eurent diffusé leur acte de
reddition. Plus récemment, l'armée américaine a fusillé une centaine de milliers
de soldats irakiens qui se retiraient du champ de bataille, durant la guerre du
Golfe, opération que de hauts gradés qualifièrent de "tir au
canard".
Troisièmement, ce n'est pas contre n'importe quel type d'agression
que les musulmans sont sommés de résister, mais bien contre les persécutions
religieuses. Ainsi, le jihâd ne saurait avoir pour motivation l'extension du
territoire, la protection d'intérêts politiques ou économiques ou l'élimination
de ses ennemis : toutes choses pour lesquelles toutes les nations - musulmanes
comprises - font la guerre.
Quatrièmement, le Coran prône également les
préceptes du pardon et de la paix. Comme il l'enseigne : "Le bien et le mal ne
sachant être équivalents, repousse le mal (qui est en toi) par une action ou une
pensée meilleures, et alors, celui entre lequel et toi-même il y avait de
l'inimitié pourra devenir comme s'il avait toujours été pour toi un ami proche
et sincère" (Cor. 41 : 34) ; et "... lorsque vous êtes accueillis par une
salutation de paix, répondez-y par une salutation encore meilleure, ou tout du
moins, qui ne soit pas moindre en bienveillance" (Cor. : 4 : 86) (cf. salutation
islamique : "Al-salâmu 'alaykum wa rahmatu-llâhi wa barâkâtu-hu" ~ "Que la Paix
soit sur vous, ainsi que la miséricorde de Dieu/Allâh et Ses bénédictions".
Adaptation personnelle des citations coraniques, ndt).
Bien entendu, citer
des versets choisis dans le Coran n'est pas la meilleure façon de convaincre les
gens de la véracité de son argumentation, et encore moins de communiquer une
compréhension holistique de ses enseignements, mais telles sont les limites des
dix minutes de communication qui me sont imparties. Le point sur lequel je
voudrais insister est celui-ci : le Coran nous demande de le lire pour ce qu'il
contient de plus profond et il définit l'Islam comme "al-sirât al-mustaqîm",
c'est à dire "la voie droite, le droit chemin", la voie de la modération, et non
de l'excès.
Il est indubitable que certains musulmans sont tombés dans
l'extrémisme et l'excès et il n'y a aucun doute non plus sur le fait que nous
devons travailler beaucoup plus à trouver ce qui va dans le sens de la
libération, dans le Coran, que nous ne l'avons fait jusqu'ici. Cela exige de
nous que nous remettions en examen et que nous redéfinissions sans cesse la
compréhension que nous en avons. C'est pourquoi je ne m'oppose jamais à
quelqu'un qui désire savoir ce que l'Islam enseigne "réellement", étant donné
que ce genre de questions sont les aiguillons qui suscitent ce travail intense
de redéfinition permanente, qui n'est autre que le jihâd.
Mais
malheureusement, bien des gens qui harcèlent aujourd'hui les Musulmans, les
sommant de définir ce qu'est le "vrai" islam, ne sont pas vraiment intéressés à
ce que nous fassions ce travail de redéfinition permanente ; en réalité, ils
utilisent ce genre de questions dans le but de nous jeter la proverbiale
"première pierre". A ceux-là, je répondrai qu'ils n'ont pas le droit de poser
cette question avant d'avoir eux-mêmes pris la ferme résolution de se demander
"quels" sont les "vrais" Etats-Unis : ceux qui se font le héraut de la liberté,
des droits civiques et de la démocratie, chez eux, ou bien ceux qui guerroient,
semant destructions et répression à travers le monde ? A n'en pas douter, nous
aurions beaucoup à apprendre, en demandant aux "véritables" Etats-Unis :
"veuillez vous lever, s'il vous plaît".
3. La grande
tromperie par Geoff Bramford
[traduit de
l'anglais par Marcel Charbonnier]
("Geoff
Bamford, poète anglais, ami de la Palestine et de l'égalité entre les hommes,
appartient à la communauté spirituelle de la Troisième Colombe, celle des
descendants des Juifs qui refusent de jouer le jeu de la domination et aiment
leurs frères humains. Il relève l'influence extraordinaire qui est celle
d'Israël et de ses soutiens à travers le monde : il y voit l'origine de la
Grande Tromperie contemporaine. De nombreux penseurs ont relevé l'ambiguïté du
discours pro-israélien (parmi eux, le philosophe israélien Adi Ofir). Mais Geoff
va plus loin, il affirme que ce "double langage" a entraîné à sa suite une
"pensée duplice". En homme familier des mots, il démantibule le Grand Mensonge
concocté par les suprématistes juifs et il proclame la nécessité - pressante -
de "revenir au réel", c'est-à-dire de mettre fin à l'apartheid et de donner la
liberté à tous les habitants de Palestine/Israël. Ce changement ne pourrait que
faire miracle en Occident aussi, car le paradigme de la suprématie deviendrait
dès lors obsolète, laissant place à l'idée de fraternité." Israël
Shamir)
- Soyons réalistes
Plus nous sommes forts, plus nous avons
besoin de réinterpréter la réalité, tout en niant le faire. Regardez les
relations palestino-israéliennes. L'Etat d'Israël en est arrivé au point de
dominer les relations politiques et sociales, tant dans sa propre zone
géographique que sur la scène internationale, à un degré inouï. Les Israéliens
en supportent les conséquences. Tout comme ils ont envahi le territoire des
autres, leurs esprits ont été envahis.
- Nous aimons jouer sur les
mots
Israël règne depuis longtemps sur des populations palestiniennes et des
territoires conquis par la guerre. Cela est-il mal ? Cela doit-il cesser ?
Ce
n'est pas ce que pensent les décideurs israéliens.
Toute personne dotée de
raison et informée ne devrait pas le penser non plus, d'après eux.
Toutefois,
des gens apparemment sensés le pensent bel et bien. Comment est-ce possible
?
Nombreux sont les Israéliens à y voir de la malignité ("antisémitisme" ou,
variante, lorsqu'il s'agit de Juifs : "haine de soi"). Ou bien alors, de la
tromperie. Cette malignité et cette tromperie semblent largement répandues
aujourd'hui. Pourquoi ? Une des raisons pourrait en être, en toute hypothèse, la
propagande palestinienne.
D'après cette thèse séduisante, les Palestiniens ne
veulent pas reconnaître la responsabilité de leurs actes. Ils se réfugient dans
un fantasme de victimisation collective. Ils y sont tellement profondément
plongés qu'ils sont capables d'y entraîner autrui. Cela a amené la communauté
internationale à adopter de nombreuses résolutions défectueuses, pour tout dire
: malveillantes. Ainsi, les résolutions de l'ONU persistent-elles à présenter
Israël comme un Etat belligérant occupant les territoires palestiniens. C'est à
croire que les Palestiniens ont réussi à contaminer le droit international
!
L'élite israélienne, toutefois, à l'instar de la plupart des gens
puissants, se console en faisant toute confiance à sa maîtrise de la
communication et des relations publiques. La diffusion d'une novlangue,
susceptible de donner une ossature à son monde virtuel, ne lui fait pas peur.
Alors : elle la diffuse...
Prenons l'exemple de Jérusalem. La version officielle est qu'Israël a
libéré Jérusalem en 1967, et qu'il garantit la liberté totale d'accès à la
ville. Si tel était le cas, les fidèles des trois religions monothéistes
devraient avoir le droit d'aller y prier.
En réalité, Jérusalem Est est une
ville assiégée. Elle est interdite à tous les Palestiniens, chrétiens comme
musulmans, qui n'auraient pas le laisser-passer requis, l'obtention duquel
dépend totalement du bon vouloir des autorités israéliennes.
Même les heureux
titulaires du laisser-passer requis sont susceptibles de voir leur droit
d'accéder à la ville conditionné à des critères de sexe et d'âge. Ainsi, seuls
les hommes - âgés de plus de quarante ans, de surcroît - peuvent pénétrer dans
la mosquée Al-Aqsa.
Les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza ne
peuvent pas plus prier dans les églises ou dans les mosquées de Jérusalem
qu'aller... nager librement dans la mer. Ils sont en permanence exclus du centre
culturel et cultuel ancestral de leur peuple.
Voilà donc ce qu'on appelle
"tolérance" et "liberté". Saluons la performance : détourner le sens des mots à
ce point n'est pas donné au premier venu.
Seigneur, protège-nous de la défensive !
Prenons cette fois la notion de défense. Lorsque les Israéliens réduisent
des maisons palestiniennes en gravats, c'est de l'auto-défense.
"Cela ne se
produit que si des Palestiniens ont tiré à partir de ces maisons, ou en se
cachant derrière". Bien entendu, il semble très rarement nécessaire aux
autorités israéliennes de donner plus de preuves au sujet de ces fameux "tirs".
Toute exigence trop insistante de preuves ne pourrait que dénoter un préjugé
défavorable profondément ancré... Il en va de même pour toute suspicion que
ceux-là mêmes qui affirment (?) avoir été pris pour cibles, pourraient avoir,
eux-mêmes, tiré les premiers...
Il y a tellement de reportages mensongers, à
ce sujet ! En dépit de tous les efforts des autorités, les médias insistent
souvent, par exemple, à parler de maisons démolies. Eh bien, voyez-vous, il faut
bien que quelques constructions illégales soient détruites... C'est une
nécessité imposée par la sécurité d'Israël. C'est là tâche toute indiquée pour
les Forces Israéliennes de Défense (c'est même écrit sur leurs tanks...
ndt).
De même, les civils déchiquetés par les roquettes tirées depuis les
hélicoptères Apache ou les tanks israéliens ne sont pas assassinées. Elles sont
simplement éliminées, dans le cadre d'une politique raisonnable et modérée
d'auto-défense active. Aussi il est tout-à-fait déplacé de parler, à ce sujet,
d'"exécutions extra-judiciaires", voire, encore pire, de
"crimes"...
Autre exemple : les villages et les villes palestiniennes
ancestrales n'ont pas besoin de terrain pour assurer leur croissance. Cela ne
ferait que compliquer la (nécessaire) défense d'Israël. C'est pourquoi on peut
très bien leur refuser cette extension, fût-ce sur des terrains qui leur
appartiendraient déjà. Mais des faubourgs juifs, paisibles et vulnérables (ne
dites jamais "implantations" ni "colonies"), méritent protection. Et pour leur
croissance naturelle, il leur faut toujours plus de terrain... pris aux
Palestiniens...
Israël n'assiège jamais les territoires palestiniens, pas
plus qu'il ne transforme les villages et les villes palestiniens en camps
d'internement. Non. Les territoires sont tout simplement fermés, de façon à
défendre ces pauvres Israéliens, continuellement assiégés par les Palestiniens
(quand ce n'est pas, parfois, tous les Arabes en général). Comme tout le monde
ne le sait pas assez, Israël est un pays assiégé...
Certains journalistes
(oh, pas nombreux) semblent avoir une certaine difficulté à conserver ces
vérités pourtant simples à l'esprit. Mais, à la fin des fins, la ligne
officielle israélienne s'impose, dans la plupart des cas.
Et c'est très bien
ainsi : c'est même vital. Ce n'est qu'à ce prix que le peuple israélien peut
être contraint à supporter les souffrances que la politique actuelle continuera
inexorablement à lui imposer. L'Etat d'Israël, dans sa forme actuelle, dépend de
manière vitale de ce processus de persuasion. Et cela ne pourra marcher avec les
Israéliens eux-mêmes qu'à la condition qu'ils restent capables de vendre leur
propagande à grande échelle.
Aussi, il est intéressant d'étudier
comment ils procèdent. Certains des axiomes du mode de pensée israélien entrent
en résonance avec des attitudes profondément ancrées dans le "monde développé".
Vous n'avez qu'à voir le discours sur les attentats-suicides.
L'armée
israélienne est plus puissante que toutes les armées des pays voisins mises
ensemble. Elle exerce un contrôle absolu sur le territoire et la vie des
Palestiniens. Dans le conflit en cours entre les deux peuples, les Palestiniens
meurent en beaucoup plus grand nombre. Mais des Palestiniens choisissent,
parfois, de se faire sauter au milieu de leurs homologues israéliens. Ceci
justifie toute mesure jugée appropriée par Israël.
En effet, comment
comprendre le comportement d'un kamikaze ? Cela reflète-t-il, par exemple, leur
désespoir ?
Absolument pas ! Après tout, Monsieur ou Madame Consommateur
Occidental, vous avez un certain nombre de problèmes à régler, dans votre propre
vie, non ? Mais vous imagineriez-vous faisant une chose pareille ? Jamais
!
Et pourquoi non ? C'est pourtant évident : parce que vous êtes
rationnel(le). Cela guide votre comportement.
Ces gens, en revanche, ne sont
pas soumis, à l'évidence, à de tels garde-fou. Ils ne sont pas rationnels, comme
vous et moi avons la chance de l'être.
Le phénomène des attentats-suicide
résulte de la nature même des Palestiniens, d'une manière générale. Tout ce
groupe humain est dépourvu de raison.
C'est d'ailleurs bien pourquoi nous ne
saurions leur faire confiance. Tout acte d'un Palestinien non stipulé à l'avance
par des gens civilisé - en l'occurrence, les Israéliens - doit être considéré
comme un acte menaçant. Tout comportement israélien, en revanche, quelque grand
que puisse être le dommage qu'il inflige à des Palestiniens, est considéré comme
légitime et ressortissant à l'autodéfense.
Etres humains et terroristes :
On voit, à ce point de notre exposé, que la notion d'être humain n'est pas
la même, dans le cas présent. Dans le discours interne israélien, le terme
d'être humain ne s'applique pratiquement pas aux Palestiniens. Ils ont été
qualifiés, encore récemment, de vipères, de cancrelats, de crocodiles, de
malédiction, etc...
Mais cela ne convient pas à la consommation mondiale.
C'est pourquoi, le terme favori pour désigner les Palestiniens est, bien
entendu, celui de 'terroriste'.
Les terroristes ne sont pas - comme on
l'entend dire ici et là - des gens ordinaires qui réagiraient à des pressions
extrêmes et humainement insupportables. Non. Ce sont des criminels, doublés de
fous. Leur comportement ne reflète pas les circonstances externes dans lesquels
ils vivent, mais bien leurs tares intrinsèques.
S'ajoute à cela que le
terrorisme palestinien fait en permanence la une des informations. Tout cela
aboutit à ce que les Palestiniens, en général, sont considérés comme des
terroristes. Ainsi, nous n'avons pas affaire, dans ce domaine, à un groupe
d'être humains ordinaire, de nature nationale ou culturelle. Ce groupe a bien
une prédisposition innée à la violence.
Ce qui est inné doit être
nécessairement d'ordre génétique. Si un groupe humain est globalement de nature
terroriste, il s'assimile à une espèce (biologique) différente.
Evidemment, à
ce compte-là, les Palestiniens sont inéligibles aux droits de l'homme. Ils
méritent amplement toute forme de répression à laquelle Israël pourrait être
contraint de recourir afin d'assurer sa sécurité. Il s'agit là, tout au plus, de
simple discipline.
La situation ressemble à celle qui prévalait en Irlande du
Nord avant que le pouvoir et la conscience ne basculent. Celui qui tient le haut
du pavé, qu'il soit protestant, dans le cas de l'Irlande, ou juif, dans le cas
qui nous occupe, revendique la légitimité démocratique. Ses services
gouvernementaux peuvent faire absolument tout ce qu'ils veulent, dès lors qu'un
gouvernement élu a adopté des lois qui les y autorisent. La démocratie ne
doit-elle pas se défendre contre le terrorisme ?
Bien entendu, l'Etat a été
défini de manière à exclure du processus démocratique une grande partie de la
population qu'il contrôle. Mais cela n'a pas d'importance. Pouvons-nous réécrire
l'histoire ?
Ainsi, le fait qu'Israël prive les Palestiniens qu'il tient
prisonniers de tous droits n'est que l'expression de la démocratie, sacrée et
indivisible. Si l'Etat israélien tue le dirigeant d'un parti politique
palestinien, c'est par mesure de sécurité.
Si certains militants de ce parti
palestinien tuent à leur tour le dirigeant d'un parti israélien, par contre,
c'est du terrorisme. Le premier crime qui a motivé le crime en représailles ne
doit absolument pas être mentionné dans un même paragraphe. Que le dirigeant
israélien en question ait traité les Palestiniens de "poux", voilà qui est
absolument hors sujet.
Finalement, toutes les apparences sont réunies que les
Palestiniens présentent une forme quelconque de déficience biologique
constitutive. Peut-être leur manque-t-il le gène de l'affect parental ? Comment,
autrement, expliquer leur comportement ? Ils s'entêtent à mettre leurs enfants
sur la trajectoire des balles et des bombes israéliennes ! Ils transforment
d'une manière absolument cynique leurs rejetons en boucliers humains. C'est
toujours ainsi que les faits sont présentés, même lorsque des enfants sont tués
dans les bras de leur mère, même lorsque des enfants sont tués sur le chemin de
l'école ou en revenant de faire les courses, ou encore dans la cour de leur
maison ou de leur école, au beau milieu d'une partie de foot, voire, dans leur
lit, en plein sommeil...
Reste que, concluent les Israéliens, ce comportement
est peut-être, fût-ce d'une manière étrange, compréhensible. Ces Palestiniens
seraient bien capables de faire n'importe quoi, afin de salir la réputation du
pauvre petit Israël. En fait, cette soi-disant nation n'est pas autre chose
qu'une conspiration visant à détruire Israël, et le moyen qu'elle a choisi,
c'est de procréer...
Ils se multiplient comme des lapins, c'est archi-connu.
C'est sans doute pour ça qu'il doivent trouver coûte que coûte un moyen de se
débarrasser des gamins qu'ils ne peuvent nourrir...
Comme les catholiques
d'Irlande du Nord, je vous dis !
Ainsi, les soldats et les colons israéliens
ne tuent pas, en réalité, des centaines d'enfants palestiniens au cours d'une
seule année. Non. Ce sont les Palestiniens qui déploient leurs boucliers
(in)humains et leurs stratagèmes de propagande (dont leurs propres enfants sont
les instruments), afin de toujours plus retourner le monde entier contre un
Israël calomnié comme jamais.
Qu'est-il en train de se passer ? Clairement, le double-langage est devenu
une nécessité politique permanente.
Pas de problème : les Israéliens, comme
autrefois, les Britanniques impériaux de l'époque de nos grands-parents, ont
développé les compétences nécessaires. Seulement voilà : le double-langage
induit la double-pensée. Et cela pervertit l'esprit. Une fois pris dans
l'engrenage, il est difficile d'arrêter : les contradictions deviennent un mode
de vie.
Observez à quel point le discours officiel opère le distinguo,
constamment, entre Palestiniens et Israéliens. Tout Palestinien est une bombe à
retardement. L'assassiner est une sorte d'exercice impersonnel : cela équivaut à
désamorcer un engin explosif. Et pourtant, lorsqu'Israël publie des listes de
Palestiniens à éliminer, les cibles sont désignées de leur nom personnel, de
ceux de leur père, de leur grand-père, de leur famille, on précise même parfois
le nom de leur tribu - ce qui semblerait dénoter, quelque part, une certaine
continuité biologique et humaine, non ?
En revanche, tous les Israéliens
sont des civils. Cette notion englobe les colons armés jusqu'aux dents,
susceptibles de harceler des villages palestiniens entiers, bien souvent sous
l'oeil bienveillant et protecteur de l'armée israélienne...
- Pas de justice = pas de paix
Des distorsions de sens de cette nature sont utiles, (mais seulement) à
court terme. Elles permettent d'avoir l'opinion publique de son côté, là où cela
importe : en Amérique et en Europe. Elles entretiennent le moral à l'intérieur
d'Israël, en emmagasinant la peur et l'apitoiement sur soi-même afin de soutenir
la capacité de l'élite à dominer.
Mais l'auto-suggestion génère des
stratégies d'échec. Afin de justifier leur comportement (passé et actuel), les
Israéliens en sont amenés à se comporter d'une manière qui ne peut que produire
à l'avenir des résultats dont ils seront les premiers à pâtir.
Le mythe tient
bon, qui veut que les immigrants juifs, et plus tard, les Israéliens, se sont
toujours comportés correctement, depuis les années 1920. Mais il y a eu des
problèmes entre les deux communautés pratiquement en permanence depuis lors. Il
en découle nécessairement que ce sont les Palestiniens qui se sont mal comportés
tout au long ! Aussi leurs récriminations ne sauraient être fondées... Aussi il
ne faut jamais croire ce qu'ils racontent. Aussi ne peuvent-ils jamais être
traités avec un minimum de considération : sinon, ils en profiteraient, aussi
sec, pour prendre le dessus...
Il y a sécurité, et sécurité.
Bref, les Israéliens ont beaucoup de difficulté à reconnaître le vécu des
Palestiniens. Alors, en lieu et place, ils mélangent leurs propres vision qu'ils
ont de leur propre situation à leur perception qu'ils ont de la situation qu'ils
imposent aux Palestiniens, ce qui ne manque pas de les amener, très rapidement,
à lever les bras au ciel, d'impuissance.
Cependant que les Palestiniens ne
sont absolument pas fondés à se sentir en insécurité lorsqu'on fait sauter leurs
maisons, lorsque leurs enfants sont massacrés, lorsque leurs récoltes et leurs
vergers sont arrachés, leurs terres volées, leurs vies détruites, leurs libertés
déniées ou leurs vies "visées". Après tout, la vie sous un gouvernement arabe
est, par définition, épouvantable, non ? Aussi, l'alternative de vivre sous la
loi israélienne est forcément géniale. L'occupation n'est ni cruelle ni
provocante. Elle est inoffensive, rassurante, normale et même plaisante, si,
si... C'est presque une faveur que les Israéliens font là, aux Palestiniens...
Le manque de docilité des Palestiniens est par conséquent motif à surprise
et à déception. Ils sont incapables de reconnaître la bonté d'Israël ! Cela
montre à quel point leurs mentalités sont retorses.
A l'évidence, Israël doit
se protéger. Il doit exiger des garanties de loyauté de la population occupée.
Aucun signe de rébellion n'est tolérable. Ne parlons pas de représailles ! Les
services de l'Etat israélien, d'autre part, doivent être laissés libres d'agir
comme ils l'entendent. La simple suggestion que cette liberté devrait être d'une
quelconque manière entravée représente une agression délibérée et malveillante
envers les victimes permanentes de l'histoire que sont les Juifs.
C'est le dernier arrivé qui est le brave gars ?
Tout cela se tient, parce que l'opinion publique israélienne ne peut
admettre que c'est l'occupation-même qui est à l'origine de toute l'insécurité
politique qui règne en Palestine/Israël. Cette éventualité est écartée d'entrée
de jeu. Par conséquent, le problème doit être du côté de la population occupée,
nécessairement irrationnelle et/ou manipulée.
Les Israéliens sont en état de
dépendance par rapport à leurs mensonges. Les abandonner causerait pour eux un
profond désarroi. C'est pourquoi la politique doit s'en faire le
reflet.
C'est le problème colonial classique. Les indigènes sont
incroyablement rétifs à reconnaître les bienfaits de la civilisation. Il faut
leur donner une bonne leçon. Nous faisons tout notre possible pour eux, mais
apprendront-il un jour ? C'est le fardeau de l'Homme Blanc...
Dans un
contexte tel que celui-là, il est inévitable que les choses tournent mal. Etre
gentil ne sert pas à grand-chose.
Camp David : moment de vérité :
Prenons les négociations israélo-palestiniennes, en 2000. Dans son immense
générosité, nous dit l'histoire (officielle), Ehud Barak a fait des concessions
absolument sans précédent.
Difficile d'expliquer pourquoi. L'influence du
cadre pastoral de Camp David, sans doute. Le charme de Bill Clinton ? En quelque
sorte, Barak avait tout balancé sur la table.
Oui, mais voilà : les
Palestiniens n'ont rien trouvé de mieux que de mordre la main qui les
nourrissait. Ils ne voulaient pas du morcellement de la Cisjordanie par les
colonies israéliennes. Ils insistaient sur la continuité territoriale, telle que
prévue par les accords d'Oslo. Ils invoquaient la légalité internationale et les
résolutions de l'ONU. Ils ont refusé de renoncer au droit des réfugiés à
retourner chez eux. Ils ont refusé d'oublier tout simplement Jérusalem
occupée...
Ils se sont montrés irréalistes et inflexibles. Après tout, Barak
savait bien, lui, ce qui était bon pour eux. Il essayait seulement de leur
inculquer quelques bons principes de base de gouvernance. Mais ils ont quitté la
table en hurlant !
C'est simple : vous n'avez qu'à regarder Arafat : vous
aurez devant vous l'archétype du félon. Il n'a jamais été de bonne foi, de toute
évidence. Il n'a jamais cessé de conspirer afin de détruire Israël. Il n'a
jamais été réellement un partenaire de paix, il est même toujours resté le
terroriste que l'on sait. Sinon, pourquoi rejetterait-il une offre tellement
généreuse ?
Vous êtes au fond du trou ? Arrêtez de creuser ! Mais voilà : creuser peut
devenir une sale habitude...
Ici, nous voyons bien le danger qu'il y a à parvenir à se tromper soi-même,
tout en trompant ses propres partisans. Les événements refusent de se dérouler
comme on voudrait qu'ils se déroulassent. Il devient de plus en plus difficile
de maintenir une logique distordue. Vous n'avez pas d'autre choix que de
redoubler la distorsion.
Ainsi, Arafat n'a pas eu seulement une divergence
d'opinion avec Barak. Non. Il a, au contraire, révélé sa véritable nature :
irrationnel, non civilisé, infra-humain, voire même démoniaque.
La politique
israélienne n'a pas échoué. L'occupation n'est ni brutale ni contre-productive,
pas plus pour Israël que pour qui que ce soit d'autre. Honte à cette idée ! Non.
Israël a été trahi - une fois de plus.
Les Israéliens ont profondément
ressenti cette "trahison".
Tant individuellement que collectivement, les gens
ont été choqués, en Israël, par la stupidité et la perversité des Palestiniens.
Ce délire s'est emparé de l'ensemble de la société. Le "camp de la paix" l'a
fait sien avec un enthousiasme désolant, de manière à couvrir son
trouble.
Cela a donné un répit nécessaire. Cela signifiait que personne
n'aurait à reconnaître en quoi résidait la véritable trahison. L'idée que
l'offre finale d'Israël était une parodie de justice fut occultée.
Non.
L'échec était entièrement imputable aux Palestiniens. Lorsqu'on leur présentait
cette fameuse solution, la seule correcte, ils ne surent sauter sur
l'occasion.
Il en découle que toute négociation est inenvisageable, à
l'avenir. La seule solution, c'est : Ariel Sharon.
Et si cela ne plaît pas à
la communauté internationale, qu'elle aille se faire pendre.
Israël a reconnu
le choix qu'on lui imposait. La paix ayant été rejetée sans raison, Israël
choisira la guerre.
Ainsi, confrontée à ses propres limites, la société
israélienne a choisi de les ignorer. C'est ce qui se passe, généralement,
lorsque quelqu'un obtient toujours tout pendant trop de temps...
- Pas de paix = pas de raison
Le déni, se nourrissant de lui-même entraîne un état de dépendance, à la
manière d'un stupéfiant. Nous mettons le monde cul par-dessus tête, dans nos
esprits, et il ne peut répondre à nos attentes. Alors, nous attelons de nouveau,
avec une vigueur renouvelée, à notre tâche nécessaire : reconformer le monde,
encore une fois, mais encore bien plus à fond.
Ainsi, ce n'est pas la nation
palestinienne qui a rejeté le marché de Camp David. Dire cela impliquerait qu'il
y ait une divergence d'opinions entre deux partenaires égaux.
Non : voilà la
vérité : les Palestiniens n'ont pas étudié l'offre israélienne, et ils ne l'ont
pas trouvé insuffisante. Non. Ils ont été incapable d'apprécier à quel point
cette proposition était généreuse, tant leur direction est incapable. Les bonnes
intentions de la communauté internationale, au coeur de laquelle, Israël, ont
été frustrées par l'incapacité toute arabe des Palestiniens de sécréter des
structures gouvernementales potables. On dirait des enfants turbulents, à dire
le vrai. C'est pourquoi il est impossible de négocier sérieusement avec
eux.
Le problème, c'est la légitimité.
C'est pourquoi le débat, en Israël, dévia. La question devint : que faire
d'Arafat ? La réponse extrême était : le tuer. Les modérés continuaient à
s'accrocher, en revanche, à l'idée qu'il faudrait l'amener à changer
d'attitude...
Cette dispute fut menée en langage crypté. En surface, il
s'agissait de trouver la manière susceptible d'aider les Palestiniens à
retrouver la raison. Cela pouvait-il être fait si l'OLP demeurait une force de
pouvoir ? Arafat était-il un dirigeant palestinien adéquat, légitime ?
Ainsi,
on voit que Dieu a chargé le pauvre Israël du fardeau consistant à devoir
déterminer non pas seulement la territorialité des Palestiniens, mais même, en
plus, leur direction politique. Les occupés ont besoin que leurs occupants
choisissent leurs dirigeants à leur place. Dingue, non ?
Bien entendu, il
peuvent, éventuellement, rejeter ce genre de choix (faits pour eux en leur lieu
et place). Cela reviendrait pour eux, de toute évidence, à être reconnaître leur
incapacitéà décider où est leur intérêt bien senti. Ils ne savent pas ce qu'ils
veulent. Ils ont besoin de conseils...
Comme toujours, la parade à une
situation insatisfaisante, c'est de la redéfinir. Seulement voilà : à partir du
moment où nous nous permettons d'écarter ce qui se profile devant nous si cela
ne nous convient pas, comment savoir, à la fin, ce qui est réel ?
Cela
devient très difficile. Cette difficulté, à son tour, doit être abolie. La seule
façon pour ce faire est de concilier plusieurs versions de la réalité,
nécessairement contradictoires entre elles (et toutes aussi absurdes les unes
que les autres).
Dans le cas d'Israël, aujourd'hui, ces versions de la
réalité sont, notamment :
- Arafat a les rênes en main. Quoi qu'il arrive, ça
ne peut être que sous sa responsabilité. Les Palestiniens obéissent
mécaniquement à son ascendant démoniaque. Sur un claquement de doigt, ils se
déchaînent. La violence et le terrorisme dépendent entièrement et uniquement de
sa volonté. C'est là son programme secret, qu'il a toujours eu. Il faut le
virer.
- Arafat prétend être aux manettes. Il devrait y être. Mais il n'y est
pas. Il ne peut pas donner l'ordre à son peuple de cesser la violence. Par
conséquent, soit :
= Il faut l'écarter et mettre à sa place un autre
dirigeant plus flexible et plus raisonnable. Les nouveaux dirigeants feront la
démonstration de leur pragmatisme en coopérant avec Israël et en forçant leur
peuple à obéir.
= Il faut le renforcer face à ses opposants radicaux qui
rejettent toute forme de paix. De cette manière, il pourra signer, et nous l'y
contraindrons.
= Il faut l'affaiblir, jusqu'à ce qu'il sente son autorité
tellement menacée qu'il accepte n'importe quoi pour restaurer son pouvoir : en
l'occurrence, la version israélienne de la réalité. Ceci une fois fait, il
pourra signer, et nous l'y contraindrons.
Les indigènes se révoltent.
C'est la logique du colonialisme. Les colonialistes doivent absolument
maintenir un contrôle total (si nécessaire à travers leurs agents, les
dirigeants locaux). Il faut mettre un terme rapide et total à toute dérogation à
cette obligation absolue.
Le peuple colonisé peut, en tout état de cause,
être amené à résipiscence, pour peu que la violence nécessaire soit utilisée. A
chaque nouveau problème, les occupants doivent avoir recours à un niveau de
violence supérieur. Voilà qui donnera une bonne leçon aux populations
assujetties. Cela les mettra à genoux, suppliant qu'on les épargne.
Cela
encouragera, aussi, les plus responsables d'entre eux. Car certains sont, tout
au moins parfois, susceptibles d'admettre les réalités pour ce qu'elles
sont.
Après tout, les colonisateurs n'occupent pas un pays par accident. Ils
le conquièrent, parce qu'ils sont les meilleurs. Leurs attitudes, leurs
comportements, sont supérieurs. L'Histoire elle-même s'est prononcée en ce sens,
lorsqu'elle leur a donné la victoire. C'est la raison pour laquelle les
colonisés doivent abandonner leurs moeurs d'origine et assimiler la culture de
leurs dominateurs...
Bien entendu, ils ne pourront jamais être intégrés à
cette culture. Mais, au moins pourront-ils s'élever un peu de leur
dégradation originelle...
Non sans aide, sans doute. Mais ils peuvent
apprendre à rechercher une orientation. Il faut leur l'enseigner. C'est l'un de
ces cas où il faut savoir être cruel pour être gentil.
C'est cette
psychologie qui préside à la perception qu'ont les Israéliens de leurs voisins
palestiniens. Les Palestiniens ne représentent pas une nation aux droits
inaliénables. Non. Les Palestiniens sont seulement les "habitants des
territoires". Des signes apparents d'autonomie n'indiquent pas qu'ils exercent
on ne sait quelle souveraineté, mais seulement leur nature communautaire
déficiente. Ce sont des indigènes turbulents, que les militaires doivent
combattre sans relâche afin d'en conserver la maîtrise.
Cessez quel feu ?
Certains peuples colonisés ont fini par être purement et simplement
exterminés. A part ces cas, la violence et l'oppression n'ont jamais permis
d'amener un peuple à se mettre à genoux, à renoncer à sa liberté et à sa
dignité. Cette approche a seulement permis de provoquer des troubles ultérieurs,
beaucoup plus violents.
C'est là une réalité historique. Mais des gens qui
se trompent eux-mêmes ne sont pas susceptibles de tirer profit des leçons de
l'histoire. Ainsi, Israël persiste, avec de moins en moins de succès, à
perpétuer sa politique de soumission des Palestiniens par la force.
Le
problème se manifeste sous une forme politique - et physique. Mais ses origines
sous-jacentes sont de nature psychologique. Entre ce qui est et ce qui est
retenu par auto-suggestion comme devant être, le gap ne cesse de s'élargir. Les
dirigeants israéliens actuels sont déconnectés de la réalité, à un degré
stupéfiant.
L'instabilité au Moyen-Orient, proclament-ils, n'a rien à voir
avec le comportement d'Israël. Israël n'occupe pas la Palestine - ce sont les
Palestiniens qui attaquent Israël. On a offert la paix à Arafat et il a choisi
la guerre. Donc les Palestiniens sont des combattants en puissance, et des
cibles légitimes pour les assassinats "ciblés". S'il y a la guerre, Israël n'est
pas près de la perdre !
La seule issue tenable est un état de non-belligérance, dans lequel les
Palestiniens ne manifestent aucune hostilité vis-à-vis de leurs occupants et se
réconcilient avec l'idée du maintien indéfini du status quo. Voilà ce que
l'expression "cessez-le-feu" a fini par vouloir dire !
Israël est un Etat. Les Etats sont souverains. Ils ont le droit de se
défendre. Donc, toute violence israélienne est de l'auto-défense légitime.
Les Palestiniens n'ont pas d'Etat. Donc toute résistance palestinienne est
du terrorisme.
C'est pourquoi les Palestiniens doivent maintenir une situation de "zéro
violence". Ceci amènera à une période d'accalmie, préparant le terrain à des
mesures permettant de restaurer la confiance. D'ici là, toutefois, Israël doit
être autorisé à tirer à volonté.
Durant une période variable, dont la durée
sera exclusivement déterminée par le gouvernement israélien, les Palestiniens
doivent subir en silence la violence israélienne sans y répliquer. Ce n'est
qu'ensuite qu'Israël les récompensera (pour leur 'patience') : les Palestiniens
seront (nous nous y engageons) autorisés à reprendre les négociations avec leurs
occupants, aux conditions de ceux-ci.
C'est la seule manière raisonnable de
procéder. Après tout, Israël est la partie lésée, la victime...
- Prêchez, prêchez !
L'histoire est jonchée de ce genre d'aberrations. Mais les tromperies
coloniales se sont faites plus rares, ces derniers temps, en particulier, sur
une aussi vaste échelle. Mais jamais leurs répercussions potentielles n'ont été
aussi problématique.
Nous avons bâti le monde grâce à une structure commune
d'institutions et de principes - l'ONU, les droits de l'homme, etc. Ce qui est
en train de se passer en Israël/Palestine tourne en dérision toutes nos
aspirations et tous nos efforts.
Le gouvernement Sharon est absolument
invraisemblable. C'est pourquoi les Occidentaux, qui aiment leur confort,
choisissent de ne pas croire qu'il est ce qu'il est.
Du même coup, l'élite
israélienne s'en tire à bon compte. Ses caciques redéfinissent leur crime et en
font une raison légitime. Et on continue à les croire.
En Amérique, les
médias répètent comme des perroquets les positions officielles israéliennes sans
se poser beaucoup de questions. La Grande Bretagne et le reste de l'Europe ne
sont que très marginalement logés à meilleure enseigne. Que vaut la liberté de
parole quand les propriétaires (des trusts médiatiques) ont choisi leur camp
?
Tel est le phénomène du Giga-Mensonge. Les petits mensonges finissent par
être éventés. Un énorme mensonge, dès lors qu'on y a cru ne serait-ce qu'un
court moment, est extrêmement difficile à démonter.
C'est le danger auquel
Israël est confronté. Et nous aussi.
Nous, en Occident, avons toujours été
enclins à continuer comme ça, comme s'il n'y avait pas de problème, comme si
nous n'avions rien à objecter à l'Etat israélien, c'est-à-dire, comme si les
Palestiniens n'étaient pas vraiment des êtres humains. Lorsque nous
reconnaissons notre erreur, nous sommes pétrifiés de honte. C'est horriblement
douloureux. Alors nous tentons de nier notre responsabilité. Nous cherchons
quelqu'un d'autre, sur qui rejeter notre faute. Dans le cas présent, c'est
facile. Nous pouvons voir chez les Israéliens, ou chez les Juifs, en général,
des défauts semblables à ceux que nous attribuions jusqu'alors (à mauvais
escient, précisons-le) aux seuls Palestiniens.
Mais la question n'est pas que
des groupes humains pris dans leur ensemble seraient globalement mauvais. En
aucun cas.
Nous devons les aider à entrevoir que la situation est susceptible
de s'améliorer. Le monde n'est pas nécessairement à leur trousses.
Ils ne
font de bien, à long terme, ni à eux-mêmes, ni à personne d'autre. Voilà qui est
une meilleure proposition.
Dans le cas d'espèce, ce qui est préférable pour
tous - les Palestiniens, les Israéliens, et tout le monde, en définitive - c'est
un Etat unitaire et laïque, établi sur l'ensemble de la Palestine historique,
qui garantisse des droits civiques et politiques égaux à tous. C'est la solution
adoptée en Irlande du Nord, mutatis mutandis.
Tout le monde le sait : la
solution à deux Etats n'est pas viable. L'OLP y a consenti uniquement en raison
de considérations tactiques. Les Israéliens, eux aussi, savent pertinemment que
cela ne tient pas debout. C'est la raison pour laquelle les cinglés poussent de
plus en plus loin à marcher dans les brisées d'Hitler. C'est aussi la raison
pour laquelle les plus clairvoyants, dans cette communauté troublée, se sont
rendu compte depuis longtemps que la solution originelle de l'OLP était la
meilleure. (Faites une recherche sur Internet à 'Israël Shamir'). Admettre la
vérité sera une libération. Oeuvrons à mieux la connaître. Exposons la aussi
précisément et aussi souvent que nous pouvons le faire. C'est la contribution
que, tous, nous pouvons apporter à la paix.