Le courrier d'une abonnée aux "Points d'information Palestine" - "Toujours en Cisjordanie, à Hébron, les Palestiniens s'apprêtent à célébrer les funérailles de la fillette de huit ans, Sabrine Ijrewi, tuée dimanche par des soldats israéliens ainsi que de sa grand-mère,  morte d'une crise cardiaque après avoir appris le décès de sa petite-fille." (Dépêche de l'agence Reuters du lundi 13 août 2001) - Jusqu'à présent les mères Palestiniennes se contentaient d'envoyer leurs enfants à la mort pour recevoir un pécule de l'Autorité Palestinienne et faire du tort à Israël, voilà que maintenant elles obligent leur propre mères à s'arrêter de respirer. Questions : Combien verse l'autorité Palestinienne pour une grand-mère qui meurt de chagrin ? Quel sera l'impact sur l'image de marque de la seule démocratie de la Région... RF
                 
      
Point d'information Palestine > N°164 du 17/08/2001

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Sélections, traductions et adaptations de la presse étrangère par Marcel Charbonnier
                       
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La chanteuse palestinienne Camilia en concert au Festival d’Art de Huy
demain, samedi 18 août 2001, à 20h, à l'Hôtel de Ville de Huy - Huy (Belgique)

Le dix-huitième Festival d’Art de Huy (Belgique), consacré cette année, comme les trois éditions précédentes, aux musiques et aux voix du monde se déroulera cette année du 17 au 25 août 2001. Présidé par Anne-Marie Lizin, Sénatrice-Bourgmestre, le Festival d'Art de Huy, reçoit cette année, 18 artistes et groupes venus de nombreux pays (Allemagne, Belgique, Bénin, Cap Vert, Caraïbes, Congo, Espagne, France, Grèce, Haïti, Hongrie, Mali, Maroc, Mongolie, Palestine, Pérou, Roumanie, Tunisie et Turquie).
La chanteuse palestinienne, Camilia, présentera son récital "De Beyrouth à Jérusalem, Al Nakba", demain, samedi 18 août 2001, à 20h, à l'Hôtel de Ville de Huy [http://www.huyartfestival.be/artistes/camilla.html]. Situé à 85 km au sud de Bruxelles, Huy est une ville millénaire, rattachée au canton de Liège. [Informations et réservations : Festival d'Art de Huy - Tél. +32 85 21 12 06 - E-mail. centre.culturel.huy@skynet.be]
               
       
Au sommaire
        
Témoignage
Israël s'invite à Jenin par Philippe, professeur de français à la Faculté de Naplouse
        
Réseau
1. Hébron au jour le jour par Julie Kara sur le site www.tf1.fr le mardi 14 août 2001
2. Courrier du Comité de Vigilance pour une paix réelle au Proche-Orient  (CVPR) au Consul général de France à Jérusalem au sujet de l'occupation de La Maison d'Orient
3. La Maison de l'Orient est entre nos mains ! par Uri Avnery (samedi 11 août 2001) [traduit de l'anglais par R. Massuard et S. de Wangen]
                            
Revue de presse
1. Des innocents affrontent sans fin une insondable cruauté par Edward Saïd in The Observer (quotidien britanique) du dimanche 12 août 2001 [traduit de l'anglais par Monique Barillot]
2. Face au durcissement palestinien, Israël a davantage recours à la force Dépêche de l'Agence France Presse du jeudi 16 aout 2001, 12h44
3. Palestine . Secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, chargé de ce dossier, Saïd Kamal analyse l’escalade de la violence : "Sharon ne reconnaît aucun accord de paix" propos recueillis par Magda Barsoum in Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 août 2001
4. L'Intifada enraye l'économie par Alexandra Schwartzbrod in Libération du mercredi 15 août 2001
5. La mort à Bethléhem, made in USA par Robert Fisk in The Independant (quotidien britanique) du mercredi 15 août 2001 [traduit de l'anglais par Manfred-C. Stricker]
6. Manifestations pacifiques contre le nouvel ambassadeur d'Israël au Danemark Dépêche de l'Agence France Presse du mercredi 15 août 2001, 19h47
7. "Les Palestiniens ont le sentiment d'être abandonnés à la loi du plus fort" Interview de Leïla Shahid, représentante de l'Autorité palestinienne en France réalisée par Pierre Barbancey in L'Humanité du mardi 14 août 2001
8. La loi du talion, en Cisjordanie comme en Belgique in La Libre Belgique (quotidien belge) du mardi 14 août 2001
9. Le groupe rock Red Hot Chili Peppers annule son concert en Israël Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 14 août 2001, 13h53
10. Israël freine l'aide humanitaire par Agnes Rotivel in La Croix du mardi 14 août 2001
11. Leïla Shahid demande à la communauté internationale d'assumer ses responsabilités Dépêche de l'agence Associated Press du lundi 13 aout 2001, 12h00
12. La Maison de l'Orient, symbole très disputé par Agnès Rotivel (avec AFP) in La Croix du lundi 13 août 2001
                 
Témoignage

                        
Israël s'invite à Jenin par Philippe, professeur de français à la Faculté de Naplouse
Vous aurez deviné au titre de mon mail que le thème de mon message est très actuel et quelque peu politique...
Ce matin, vers 3h, les troupes israéliennes - chars soutenus par l'aviation - sont entrés dans Jénine, ville autonome palestinienne du nord de la Cisjordanie. Ce matin, les représentants de Tsahal se sont félicités de l'opération qui s'est achevée sans perte de vie humaine. Sans doute est-ce un grand succès pour les forces de défense israéliennes; mais je suis enclin à penser que c'est un grand miracle, et voici pourquoi : Les chars ont commencé l'investissement de la ville, suivi dans leur sillage par les bulldozers. Deux postes de police ont été détruit (ce qui est manifestement très utile, puisque comme chacun sait les policiers palestiniens sont la seule institution capable d'exercer une pression sur les branches armées des différents mouvements et donc l'allié objectif de la sécurité israélienne), et les bulldozers se sont attaqués au gouvernorat de Jénine... puis ont abandonné, devant une tâche tout de même conséquente.
Les dépêches de presse nous rapportent les événements sur un ton très lisse : des bulldozers détruisent deux postes de police, quelques coups de feu sont tirés, heureusement sans faire de victime. La même histoire, racontée par un de mes amis, a quelque chose de plus impressionnant. Et devrait faire réfléchir, si on daignait lui donner un peu de diffusion. La première chose est que les avions sont venus en masse, à basse altitude. Je confirme avoir entendu de nombreux appareils passer à grand bruit au dessus de Naplouse - j'avais moi aussi quelque difficulté à dormir, mais les quelques tirs de cette nuit sur Naplouse sont du crottin de mouche en comparaison du ramdam qui a dû surplomber Jénine, avec des appareils venus des bases de toute la Cisjordanie, et de la Galilée au nord. L'entrée dans Jénine s'est faite sans violence - j'imagine aisément l'attitude des soldats au checkpoint, voyant surgir les chars, et courant à toute jambe, comme lors de l'incursion israélienne dans la zone sous contrôle palestinien total (zone A) de Ramallah, le mois passé. Quelques tirs symboliques en ville, les opérations contre la police pour vexer l'Autorité encore davantage. Notons seulement que c'est avec l'autorisation expresse d'Israël, et pour subvenir autant aux demandes de sécurité exprimées par le Shin Bet et la Shabak qu'aux besoins d'emploi des Palestiniens en 1995-1996, que l'Autorité a embauché un nombre de policiers supérieur aux quotas fixés par les accords du Caire (postérieurs à Oslo). Donc Israël détruit assez illogiquement l'appareil sécuritaire dont il a encouragé et même exigé la mise en place accélérée. Et veut démanteler des forces qui, presque toujours, ont eu un rôle modérateur dans le conflit. Les bulldozers s'en sont ensuite pris au gouvernorat, cherchant notamment des papiers susceptibles de donner des renseignements sur une collusion entre l'Autorité et ce qu'il est convenu d'appeler, dans les médias israéliens, les "cellules de terreurs", les groupes d'activistes pratiquant la lutte armée et les attaques à l'explosif (ce vocable a, notons-le au passage, l'avantage non-négligeable de mettre sur le même plan tous les types d'actions, depuis les tirs de kalachnikov à plus d'1 km de distance de tout objectif possible, jusqu'aux groupes préparant les attentats suicides; je suppose que ce vocable fourre-tout est absolument exempt de tout esprit d'amalgame dans l'esprit des porte-paroles de Tsahal, à qui les journalistes empruntent plus souvent que de raison leur vocabulaire). Mais, me répondra-t-on, c'est de bonne guerre. Hélas! C'est un refrain surentendu, et je suis las de combattre les moulins à vent: il se trouve seulement qu'il faudra qu'on s'explique sur le sens du mot guerre, et sur le contenu des circonstances justifiant les mesures "de bonne guerre". Ce n'est pas tellement ce qui rend l'invasion de Jénine particulièrement significative (encore que l'invasion, même temporaire, d'une zone sur laquelle Israël a abandonné officiellement et par accord international toute responsabilité en matière de sécurité, soit assez significative), mais le moment où ces chars se sont trouvés face à une forme de résistance civile. Il y a à Jénine, comme dans les grandes villes des Territoires Occupés, un camp de réfugié attenant à la cité. Pour comprendre la suite, il faut d'abord se représenter la configuration d'un camp de réfugiés: un espace clos, généralement par des murs de parpaing recouvert d'un triste enduit gris ou beige, et surmonté éventuellement de grillage (mais c'est en option). A un, deux ou trois endroits, le camp s'ouvre sur le vaste monde par une grande porte, qui est le point où se rejoint le decumanus du camp (ou le cardo, comme on voudra). Je ne dis pas decumanus maximus, parce que généralement, les autres rues du camps sont des petites allées étroites, tortueuses et difficultueuses, peu éclairées, et rarement droite. Donc il n'y a qu'un seul decumanus en général... Ce qui veut dire que, pour entrer
dans le camp, il faut passer par l'une de ces entrées, et troquer l'asphalte (si on a de la chance) contre une rue de terre battue. Cette transition est visuellement saisissante. Mais elle implique quelque chose en terme de rapport avec le monde extérieur: c'est que le monde du camp est facilement clos. C'est un inconvénient quand le camp est assiégé par une force extérieure hostile:
ainsi à Tel Al-Za'tar (Liban) par les Syriens en 1976, qui ont pu ainsi prévenir tout exode, et réduire la population de 3000 habitants à 0. Ce qui est possible quand on est M. Hafiz el-Assad. Ainsi aussi à... Sabra et Chatila. Les Israéliens encerclaient le camp, et les milices maronites n'ont guère eu de mal à faire leur besogne, puisqu'il n'y avait pas de porte de sortie pour les habitants.
Il faut croire que parfois, cependant, ce puisse être un avantage: c'est un espace bien défini, où se définit une manière d'être, un ensemble de codes de comportement, toutes choses qui permettent aisément d'isoler un réfugié dans la population palestinienne. C'est un espace où se noue ainsi une forte solidarité, et un sens aigu de la responsabilité.
Armé de cet exorde, je pense qu'on comprendra mieux ce qui s'est passé cette nuit, et pourquoi, selon moi, l'intrusion israélienne dans la zone A de Jénine est une des opérations qui, depuis le début du conflit, augurent le plus mal de la suite des événements pour Tsahal. Du moins, pour autant que ma raison et mon suivi de l'actualité peuvent éclairer ma lanterne... Après l'opération sur le gouvernorat (du spectacle, pour l'essentiel, à mon avis), les chars ont voulu entamer une deuxième opération significative, et non moins spectaculaire: suivis des bulldozers, ils se sont dirigés vers le camp de réfugiés de Jénine. Il est possible, et même probable qu'il s'agissait de montrer sa force; ce genre d'action n'est, en tout état de cause, pas sans précédent - je citerai pour mémoire, la destruction de maisons du quartier de Brazil, dans le sud de la bande de Gaza par les bulldozers de Tsahal. On y avait évacué les gens par force, sous la menace des chars, avant de détruire leurs logements, afin sans doute qu'ils se rappellent qu'aujourd'hui, comme en 1948, ils sont réfugiés, et ceci signifie qu'ils doivent dormir sous la tente. Mais les choses se sont passé un peu différemment au camp de réfugiés de Jénine.
L'objectif affiché par les troupes de Tsahal était de mettre la main sur des kamikazes supposés du Jihad Islamique et du Hamas, en les poursuivant à travers le camp où, pensait-on, ils s'étaient réfugiés. (Dans un camp, en Palestine, on se réfugie: ce n'est même plus une question de logique, c'est une habitude.) Malencontreusement, entre les chars et les profondeurs du camp, se tenaient, aux entrées de l'enceinte... des délégations déterminées des différents partis politiques palestiniens (Jihad et Hamas, bien sûr, mais également Fatah, et FPLP assez présent autour de Jénine). Déterminées à ne pas laisser entrer les chars. Et pour y réussir, ces gens - tous hommes de responsabilité au sein du camp - s'étaient ceint la taille de bâtons de dynamite, et tenaient un briquet dans la main. On ne sait pas où ces gens vont chercher de telles idées...
Mais ce qui est sûr, c'est que la colonne de chars a tout de suite compris, et qu'elle n'a pas été longue à faire demi-tour. Ceci amène quelques réflexions (mais laissez-moi finir d'écouter Fairouz chanter "Kifak inta", je risquerais d'être moins concentré pour vous donner mon analyse).
La première réflexion, c'est que les gens des camps ont choisi à Jénine de montrer une détermination à la hauteur de la menace militaire israélienne. A la différence des quartiers rasés dans la bande de Gaza, où il y avait eu une résistance vaine, les responsables du camp ont choisi une politique sans ambiguïté de démonstration de force: la forme du martyr-kamikaze (prisée par
le Bloc islamique) a été intégrée à la perception des autres partis (en particulier à l'idée traditionnelle du sacrifice dans les partis
nationalistes), à tout le moins en guise d'unique recours. Comme l'attaque était improvisée, il faut penser, soit que les leaders du camp ont eu une idée de génie, soit, plus vraisemblablement, que cette politique avait été déterminée depuis quelques temps, à la lumière des menaces israéliennes et à un niveau qui m'échappe. Et donc, que les partis se sont en général ralliés à l'idée des attaques-suicides, sur le principe du moins, sinon dans la pratique. Ce qui ne fait que corroborer les sondages déjà connus, affirmant que trois quarts des Palestiniens soutenaient les attaques-suicides. Quand cette preuve serait le seul résultat de l'opération de la nuit dernière, ce serait certainement un beau résultat pour Mo'faz (chef d'Etat-Major de Tsahal), Ben-Eliezer (ministre israélien de la défense) et Sharon. La deuxième réflexion est relative au retrait des troupes israéliennes. Soit cette attitude des gens du camp a pris la colonne de chars au dépourvu - ce qui est improbable si la démonstration de force des responsables du camp était une mesure adoptée à l'avance, car la Shabak en aurait été alors au courant avant l'Autorité même... Je blague à peine. - et elle en dit long sur l'ignorance de l'armée israélienne à l'égard de la situation dans les camps de réfugiés. Soit, comme il est probable, l'armée se doutait d'une telle manoeuvre, et en ce cas... il faut penser que le retrait des chars
avait été aussi décidé d'avance. Autrement dit, le bain de sang par attaque-suicide collective contre les chars était la ligne rouge à ne pas franchir; ce qui est logique, car l'intrusion des troupes israéliennes était déjà une innovation assez difficile à faire avaler à l'opinion, sans y rajouter un bain de sang. Mais ce faisant, l'armée a montré paradoxalement sa faiblesse dans une opération de force. D'où la nécessité d'étouffer l'affaire et de se féliciter de l'absence de victimes. D'autant qu'à mon avis, rien de ce qui s'est passé n'était imprévisible, ou du moins inimaginable, pour les responsables de l'armée. Cela s'appelle de l'incompétence.
Troisième réflexion, la plus évidente: cela fait froid dans le dos ! Eh bien oui, si les soldats israéliens ont envie de s'aventurer ainsi dans les profondeurs des zones A, cela finira par tourner au bain de sang. On s'en doutait; maintenant, on en est sûr; Mince alors! Mon pendule ne l'avait pas prédit !
A mon ton, on croira que je jubile... Non pas ; je prends les événements avec une extrême distance, et je n'hésite pas à dire que l'opération a été, en définitive, mauvais pour la sécurité israélienne. Au demeurant, je ne décolère pas contre Sharon, car il a fini par prouver aux Palestiniens que les attaques-suicides étaient efficaces. S'il fallait que la preuve en fût administrée par l'homme des massacres de Deir Yassin (enfin, le principal responsable encore vivant), de Katbiyé (70 morts dans un village arabe en 1953) et de Sabra et Chatila... c'est à désespérer de l'intelligence! Mon opinion intime que le but était pour Sharon de démontrer, à peu de frais, à l'aile dure de sa coalition, qu'il ne renonçait pas aux bonnes vieilles méthodes, même s'il appelait à la négociation (sans Arafat... mais négocier, c'est déjà trop pour le Likud, le Herout, le Parti National Religieux, ou le Kach). Si c'est le cas... c'est réussi.
C'est à croire que j'en oublierais l'occupation de la Maison de l'Orient ; mais Jérusalem, c'est si loin d'ici !
                                           
Réseau

                        
1. Hébron au jour le jour par Julie Kara
sur le site www.tf1.fr le mardi 14 août 2001
Nous avions prévu depuis une semaine d'inviter Anwar Abou Eisheh, professeur de droit civil à Jérusalem, pour parler de la vie quotidienne des Palestiniens à Hébron. L'actualité a voulu que jeudi, deux heures avant l'enregistrement de l'interview, un attentat soit perpétré à Jérusalem par un kamikaze palestinien. Comme préalable à notre entretien, nous avons tenu à le faire réagir.
Pour visualiser cette interview vidéo, vous devez télécharger (gratuitement) soit Real Player, soit Windows Media Player. Ces deux logiciels sont téléchargeables depuis le site de TF1.
La vidéo : http://www.tf1.fr/news/monde/0,,807827-e3BsYXllciBxdWFsaXR5fSB7MjAxIDIwMn0=,00.html
                  
2. Courrier du Comité de Vigilance pour une paix réelle au Proche-Orient  (CVPR) au Consul général de France à Jérusalem au sujet de l'occupation de La Maison d'Orient
Meudon, le 13 août 2001
A Monsieur Denis Pietton, Consul général de France à Jérusalem
Consulat général de France à Jérusalem - 5, rue Paul-Emile Botta - Jérusalem
Monsieur le Consul,
Le Comité de vigilance pour une paix réelle au Proche-Orient (CVPR) a appris la récente intrusion suivie d'une occupation permanente par l'armée israélienne des locaux de la Maison d'Orient, à Jérusalem-Est. D'autres bâtiments, également sous la responsabilité de l'Autorité palestinienne, dont le Quartier général du gouvernement de cette même Autorité à Abu Dis, ont été entretemps occupés. Parallèlement, ces mesures ont été accompagnées du bombardement de commissariats de Police à Ramallah, et de l'imposition du couvre-feu à Abu Dis et dans plusieurs villes et villages palestiniens des environs.
Le CVPR condamne avec la dernière énergie ces actes inqualifiables, ordonnés par le gouvernement Sharon. Il s'agit d'une escalade dont le but est d'entretenir un climat de conflit entre les communautés israélienne et palestinienne, afin d'empêcher toute tentative pour renouer les négociations, en bafouant une fois de plus toutes les résolutions internationales.
Nous tenons à vous rappeler, M. le Consul, qu'une des exigences minimum du peuple palestinien est l'envoi d'une force d'interposition destinée à protéger la population contre les actes barbares de l'armée d'occupation.
Aussi, nous vous prions d'intervenir le plus rapidement possible auprès du Gouvernement français pour que cesse l'occupation de la Maison d'Orient et autres bâtiments, et que tous les documents confisqués soient restitués à leurs occupants légitimes. De plus, nous vous invitons à rappeler à ce même Gouvernement les exigences dues au peuple palestinien occupé pour que celui-ci puisse obtenir dans les plus brefs délais une protection qui se fait tragiquement attendre.
Georges Labica, Président du CVPR
                
3. La Maison de l'Orient est entre nos mains ! par Uri Avnery (samedi 11 août 2001)
[traduit de l'anglais par R. Massuard et S. de Wangen]
Oublions la bataille de Negba. Oublions la bataille de la colline des munitions. Oublions le raid sur Entebbe. Tout cela est éclipsé par les tout derniers exploits de nos forces. On chantera des hymnes à leurs propos, des bulletins de victoire proclameront leur gloire.
Dans une action audacieuse, au milieu de la nuit, les unités d'élite de la police des frontières et des commandos sélectionnés de parachutistes ont pris d'assaut la Maison de l'Orient à Jérusalem-est et le Bureau du gouverneur palestinien à Abou-Dis. Dans une bataille héroïque, les deux bâtiments vides ont été conquis. Nos forces glorieuses n'ont eu aucun blessé.
Tout cœur juif s'est rempli d'orgueil quand le drapeau israélien a été hissé au sommet de ces deux forteresses du cruel ennemi. Chaque homme et chaque femme a chanté les louanges de nos vaillants combattants, mâles et femelles. Et quand le généralissime, Ministre de la sécurité intérieure, Uzi Landau, a été photographié sur le lieu de l'immortelle victoire - qui n'a pas partagé sa joie devant la réalisation du rêve de plusieurs générations ? La maison du gouverneur conquise ! La Maison de l'Orient entre nos mains !
S'il y a du cynisme dans cette description, c'est parce que la Maison de l'Orient est très proche de mon cœur. J'y ai souvent été reçu. J'y ai passé beaucoup beaucoup d'heures, heureuses ou tristes. J'aime ce beau batiment à l'élégance simple et à la simplicité élégante.
Quelques minutes après la signature des accords d'Oslo sur la pelouse de la Maison blanche, j'étais, avec beaucoup d'autres, Israéliens et Palestiniens, sur ses marches. Nous nous embrassions les uns les autres avec le sentiment que nous étions à la bonne place à ce moment précis, parce que pour nous la Maison de l'Orient était un symbole de la lutte pour la paix.
A plusieurs reprises, quand les démagogues d'extrême-droite en Israël ont essayé de remporter une victoire dérisoire en " fermant la Maison de l'Orient ", j'étais avec les militants pacifistes qui se sont précipités vers le bâtiment afin d'exprimer notre solidarité avec ses défenseurs. De nouveau, nous nous sommes retrouvés sur ces marches-là, Israéliens et Palestiniens ensemble, tandis que dans la rue les Cahanistes marchands de haine hurlaient leurs slogans sanguinaires, sous la protection de la police des frontières.
Combien d'heures n'avons-nous pas passées dans ce bâtiment avec celui que l'on ne peut oublier, Fayçal Husseini, en discutant de la paix ? de Jérusalem unie qui sera réellement " nôtre " - à nous, Israéliens et Palestiniens. Du problème des réfugiés, pour lequel les solutions proposées par Faiçal étaient étonnemment modérées et intelligentes. Des frontières. Des colonies. Des relations qui dureront des générations.
Combien de manifestations pour la paix n'avons-nous pas programmées dans ce bâtiment ? Contre les colonies provocatrices à Jebel Abu-Gheneim (" Har Homa ") et Ras-al-Amud. Pour la libération des prisonniers palestiniens. Combien de fois n'y avons-nous pas fait la fête ? Pour un concert commun de musiciens palestiniens et israéliens. Pour le mariage d'un ministre palestinien. Toujours ensemble, côte à côte, avec respect mutuel et en toute égalité.
La " conquête " de ce bâtiment est un acte cynique, perfide, stupide, démoniaque et désastreux.
Un acte cynique, parce qu'il utilise le terrible attentat suicide au restaurant de Jérusalem, la souffrance des familles et la colère du peuple, pour faire quelque chose qui n'a absolument rien à voir avec " le combat contre le terrorisme ". L'extrême-droite, dirigée par Sharon, Landau et Cie, n'attendait qu'une occasion pour faire ce qu'elle voulait. Le sang a servi de prétexte.
Un acte perfide, parce que c'est la violation brutale d'une promesse solennelle. Le Ministre des Affaires étrangères Shimon Pérès a signé cet engagement au nom de l'Etat d'Israël dans le sillage des accords d'Oslo. Il a dit qu'Israël ne fermerait aucune institution palestinienne existante à Jérusalem. Un autre chiffon de papier déchiré par le gouvernement dans lequel Shimon Pérès sert comme ministre des Affaires étrangères. 
Un acte stupide, parce qu'il confirme officiellement le fait que Jérusalem-est est une ville occupée. Aussi longtemps que le grand drapeau palestinien flottait sur la Maison de l'Orient, il représentait l'espoir des 200.000 habitants palestiniens de la ville que le problème serait résolu par des moyens pacifiques. Cet espoir a été anéanti. Comme leurs frères de Cisjordanie et de la bande de Gaza, ils sont maintenant convaincus que " les Juifs ne comprennent que le langage de la force ". Les enseignements de Fayçal Husseini seront supplantés par les enseignements du Hamas. Le bâtiment conquis deviendra un symbole d'occupation et de résistance - bien plus qu'à l'époque de sa splendeur.
Un acte démoniaque parce qu'il envoie un message non équivoque au peuple palestinien et au monde entier : c'est la fin du processus de paix. A Camp David le mantra de " Jérusalem non divisé, capitale éternelle d'Israël ", a été mis de côté. Même Ehoud Barak, qui était tout à fait insensible aux aspirations palestiniennes, a compris qu'il ne peut y avoir paix sans rendre Jérusalem aux Palestiniens ( ou au moins en faisant semblant). Maintenant arrive Sharon et ses hommes de main et ils nous renvoient des années en arrière. Voici ce qu'ils disent : Il n'est plus question de paix ! Pas d'Oslo, pas de Madrid, rien. La guerre contre les Palestiniens, la guerre contre le monde arabe, aujourd'hui, demain, pour les générations à venir.
Un acte désastreux, parce que c'est un pas dans une terrible direction. Après la Maison de l'Orient, après Abu-Dis, que reste-t-il à conquérir ? Une fois que les gens sont devenus fous furieux, ils ne peuvent plus s'arrêter. Les démagogues d'extrême droite qui se nourrissent de l'occupation ne s'en contenteront pas. Leur appétit grandit. Où aller maintenant ? Il ne faut pas chercher longtemps. Juste après le coin de la rue, le Dôme doré du Rocher étincelle. Aucun doute, c'est le but réel de cette folie : le Mont du Temple , le Saint Sanctuaire , le Dôme du Rocher, Al-Aksa. C'est là que la danse des démons a débuté, là où Ehoud Barak et Shlomo Ben-Ami ont lâché Sharon. Et c'est là qu'elle va se terminer dans un bain de sang régional. Je ne sais pas quand cela va se produire. Mais à partir de cette semaine, je suis convaincu que cela se produira. Si le monde ne frappe pas avec un point de fer sur la table de Sharon.
Quels seront les complices de ce crime ? Uzi Landau, le fanatique souriant, une petite brute de droite déguisée en être humain civilisé. Ehud Olmert, maire de Jérusalem ouest et gouverneur militaire de Jérusalem est, un maire faisant la guerre à la moitié de sa ville, un politicien cynique comme il n'y en eut jamais, un homme sans principes qui marche sur les corps humains dans sa route vers le pouvoir (voir : l'incident du tunnel). Le Ministre de la Défense Benjamin Ben-Eliezer,un homme pour toutes les saisons et pour toutes les politiques, dont le seul intérêt est lui-même. Shimon Pérès qui conteste toujours les actions de Sharon et le sert toujours fidèlement. Abraham Burg, qui espère devenir Président du Parti travailliste, qui se réjouissait avec nous sur les marches de la Maison de l'Orient le jour d'Oslo et qui aspire maintenant à rejoindre le gouvernement Sharon. Tout en haut de la pyramide : Sharon lui-même, déterminé à fermer toute porte et toute fenêtre qui pourrait servir d'ouverture, non seulement pour maintenant mais pour toujours, afin d' " hériter de la terre " et la remplir de colonies comme s'il était commandé par un dieu dans lequel il ne croit pas. Et, en arrière-plan, Benjamin Netanyahou tente de déborder Sharon sur sa droite, le conduisant à aller encore plus à droite. Vraiment, un petit pas dans l'occupation, un pas de géant vers le désastre.
                      
Revue de presse

                            
1. Des innocents affrontent sans fin une insondable cruauté par Edward Saïd
in The Observer (quotidien britanique) du dimanche 12 août 2001
[traduit de l'anglais par Monique Barillot]

Aux Etats-Unis, où Israël a sa base politique principale et dont il a reçu plus de 92 milliards de $ d'aide  depuis 1967, le terrible coût humain du bombardement du restaurant de Jérusalem de jeudi se retrouve rapidement commenté sur le ton d'une propagande familière : Arafat n'en a pas fait assez pour contrôler ses terroristes, des extrémistes Islamiques suicidaires sont partout, guidés par une profonde haine de l'humanité, Israël doit défendre sa sécurité. Un individu qui réfléchit pourrait ajouter : ces gens sont fatigués de se battre depuis des milliers d'années; la violence doit cesser; il y a eu trop de souffrance des deux côtés, alors même que la façon qu'ont les  Palestiniens d'envoyer leurs enfants au combat montre bien tout ce qu'Israël a à endurer.
En Amérique Israël a à peu près gagné la guerre sur le terrain de la propagande et c'est en Amérique que l'on est sur le point de mettre encore plusieurs millions de dollars dans une campagne de relations publiques (en utilisant des " stars " comme Zubin Mehta, Yitzhak Pearlman et Amos Oz) pour encore  améliorer l'image d'Israël. 
Mais voyons donc à quoi la guerre implacable d'Israël contre le peuple palestinien isolé, essentiellement désarmé, sans Etat et démuni a déjà conduit. La disparité des puissances est immense à pleurer.
Doté du dernier cri des forces aériennes américaines, d'hélicoptères de combat, d'innombrables tanks et missiles, d'une marine superbe aussi bien que d'une maîtrise parfaite des services de renseignement, Israël est une puissance nucléaire qui soumet un peuple sans armée ni artillerie, ni aviation - son unique pitoyable aéroport située dans la  Bande de Gaza est contrôlé par Israël - ni  forces aériennes ou navales, et dépourvu d'aucune des institutions d'un état moderne.
Au delà de la désinformation , le vrai visage de longues décennies d'une pression quotidienne d'Israël sur des gens dont la principale faute est de s'être trouvé là se révèle dans tout ce qu'il a de sadisme inhumain.
L'histoire terrible,  ininterrompue d'une occupation militaire de 34 ans par Israël (la seconde plus longue dans l'histoire moderne) de la terre palestinienne illégalement conquise a été effacée de la mémoire publique, comme l'a été la destruction de société palestinienne en 1948 et l'expulsion de 68 pour cent de ses habitants, dont aujourd'hui  4.5 millions sont toujours des réfugiés.
Le cruel enfermement de 1.3 millions de personnes bloquées dans la Bande de Gaza, plus la situation critique de presque deux millions de résidents palestiniens de Cisjordanie n'a aucun parallèle dans les annales de l'apartheid ou du colonialisme.
Des avions de guerreF-16 n'ont jamais bombardé des territoires sud-africains.. Ils sont employés contre des villes et des villages palestiniens. Toutes les entrées et  sorties des territoires sont contrôlées par Israël (la Bande de Gaza est complètement encerclée de fil de fer barbelés), qui contrôle aussi l'alimentation en eau. Répartis sur environ 63 cantons, complètement encerclés et assiégés par des troupes israéliennes, avec 140 colonies ayant leur propre réseau routier  interdit 'aux non-juifs', les Palestiniens sous occupation en sont réduits à connaître maintenant un taux de chômage de 60 pour cent et un taux de pauvreté de 50 pour cent.
Ils doivent supporter de longues files d'attente aux points de contrôle israéliens qui retiennent et humilient les personnes âgées, les  malades, les étudiants et les religieux pendant des heures; 150 000 de leurs oliviers et de leurs arbres fruitiers ont été arrachés par punition; 2 000 de leurs maisons ont été démolies et des hectares de  leur terre détruits ou saisis. Depuis le dernier Intifada qui a commencé fin septembre dernier, 609 Palestiniens ont été tués - quatre fois le nombre d'Israéliens - et 15 000 blessés, une douzaine de fois plus que de l'autre côté.
Des assassinats réguliers commis par l'armée israélienne ont pris pour cible des terroristes présumés à volonté, tuant surtout des  innocents comme des  mouches. La semaine dernière 14 Palestiniens ont été assassinés ouvertement par des forces israéliennes, à " titre préventif " pour les empêcher ainsi de tuer des Israéliens, et cependant au moins deux enfants et cinq innocents ont été aussi assassinés. Sans nom et sans visage, les victimes palestiniennes quotidiennes d'Israël méritent rarement d'être évoquées aux informations américaines.
Et ce n'est pas tout. Le projet d'Israël est de rendre la vie impossible aux Palestiniens pour qu'ils partent, ou qu'ils renoncent, ou fassent quelque chose de fou comme se faire sauter. Depuis 1967 les leaders ont été emprisonnés et expulsés par le régime d'occupation israélien, des petits commerces et des fermes confisqués ou simplement détruits, les étudiants empêchés d'étudier, les universités fermées.
Après les huit années stériles des négociations d'Oslo, l'occupation a simplement été ficelée plus efficacement et l'expression ' le processus de paix a seulement servi de prétexte à plus d'abus, plus d'implantations de colonies, plus d'emprisonnements, plus de souffrances palestiniennes qu'auparavant. Israël n'a pas implanté moins de 400 000 colons sur la terre palestinienne. Ariel Sharon a été porté au pouvoir essentiellement pour 'soumettre' les Palestiniens, leur donner une leçon, se débarrasser d'eux.
Son  record comme tueur d' arabes remonte à 30 ans avec les massacres de Sabra et Shatila commis sous l'autorité des ses troupes en 1982 et pour lesquels il est aujourd'hui   accusé devant une juridiction  belge. Mais il n'est pas fou. A chaque acte de résistance palestinienne, ses forces font monter la pression,  durcissant le siège, prenant plus de terre, resserrant davantage le blocus des  approvisionnements, assassinant ouvertement des leaders palestiniens, rendant la vie plus intolérable.
Ne plaignez pas les gouvernements arabes  maladroits, pathétiques qui ne peuvent et ne veulent  rien faire pour arrêter Israël : Plaignez  les gens qui souffrent dans leur chair et les corps épuisés de leurs enfants, dont certains croient que le martyr est la seule voie.
Englué dans un projet sans avenir, Israël en serait-il réduit à se débattre impitoyablement ? Si cela devait combler les aspirations Juives, pourquoi fallait-il tant de nouvelles victimes dans une  population qui  n'a rien à voir avec l'exil Juif et la persécution ?
(Edward Saïd est un professeur à l'Université Columbia, à New York.)
                    
2. Face au durcissement palestinien, Israël a davantage recours à la force
Dépêche de l'Agence France Presse du jeudi 16 aout 2001, 12h44
JERUSALEM - Ces derniers jours les images d'affrontements en Cisjordanie ou à Gaza ont montré plutôt des Palestiniens armés de fusils automatiques que des lanceurs de pierres, une évolution qui va pousser Israël à riposter à l'Intifada avec des moyens militaires de plus en plus importants, estiment les analystes israéliens.
Dans la nuit de lundi à mardi, des chars Merkava escortés de bulldozzers ont pénétré dans Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, pour y détruire un poste de police palestinien.
Cette incursion en zone autonome palestinienne, la plus importante en plus de dix mois d'Intifada, fait entre le conflit dans une nouvelle phase, avec un un nouveau durcissement de la riposte de l'armée israélienne, selon de nombreux analystes.
Pour Mark Heller, du Centre Jaffe d'Etudes stratégiques de l'Université de Tel Aviv, le niveau de violence n'a jamais été aussi élevé des deux côtés et continuera de grimper.
"Nous sommes toujours dans une phase d'escalade. Il n'y a aucun moyen de savoir quand le sommet sera atteint, mais je ne pense pas que nous y soyons encore parvenus", a déclaré M. Heller à l'AFP.
Du côté palestinien, il faut s'attendre à d'autres attentats suicide, mais aussi à une augmentation des tirs de mortiers ou des attaques contre les colonies de peuplement depuis la Cisjordanie et dans la bande de Gaza, a-t-il ajouté.
Les Palestiniens s'approvisionnent principalement en armes par la contrebande à partir de l'Egypte et de la Jordanie et, dans une moindre mesure, par des bâteaux en provenance du Liban, selon M. Heller et d'autres analystes.
Un de ces bateaux, qui transportait un véritable arsenal comprenant notamment des lance-roquettes, avait été arraisonné en mai par la marine israélienne.
L'un des responsables de l'approvisionnement en armes du mouvement radical palestinien Jihad islamique a indiqué sous couvert de l'anonymat à l'AFP que la plupart de l'équipement de cette organisation avaient été dérobés à l'armée israélienne par des groupes mafieux israéliens qui le lui avaient ensuite revendu.
Il aussi indiqué que le Jihad préférait le fusil automatique américain M-16 dont est équipé l'armée israélienne aux Kalachnikov soviétiques, moins précises à longue distance.
Pour M. Heller, il est prouvé que les Palestiniens disposent de missiles anti-chars, mais pas suffisamment puissants pour percer le blindage des chars lourds Merkava.
Zeev Schiff, expert des questions stratégiques du quotidien Haaretz, estime toutefois, de son côté, que l'arsenal palestinien est très développé et qu'il compte notamment de nombreux mortiers, ainsi que des grenades anti-chars et des mines israéliennes posées lors de conflits précédents et qui ont été récupérées.
Officiellement, les nombreux services de sécurité de l'Autorité palestinienne comptent quelque 35.000 hommes. Selon les accords d'Oslo de 1993, cette force n'a pas le droit d'être équipée d'armes lourdes et ne peut être utilisée contre Israël.
Les mouvements radicaux islamistes Jihad et Hamas, qui jouissent d'une grande popularité parmi les Palestiniens en raison des attentats suicide qu'ils ont perpétrés, ne comptent guère que quelques centaines d'hommes armés, selon les analystes.
En comparaison, Israël, qui consacre plus de 9 milliards de dollars par an à sa défense, peut aligner les 186.000 hommes de ses forces régulières et dispose de 445.000 réservistes, selon "The Middle Est Military Balance", le rapport annuel du Centre Jaffe.
Tsahal, l'armée israélienne, dispose de quelque 4.000 chars, 800 avions de combats (dont plus de 230 chasseurs-bombardiers F-16) et 300 hélicoptères.
Selon M. Heller, l'arme clef des Palestiniens n'est pas matérielle, mais réside dans la cohésion et l'unité qu'ils ont forgées depuis le début de l'Intifada, le 28 septembre.
"Le prix qu'ils sont prêts à payer est supérieur à ce que l'on pensait lorsqu'ils ont commencé" l'Intifada, estime-t-il.
             
3. Palestine . Secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, chargé de ce dossier, Saïd Kamal analyse l’escalade de la violence : "Sharon ne reconnaît aucun accord de paix" propos recueillis par Magda Barsoum
in Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 août 2001
— Al-Ahram Hebdo : A quoi attribuez-vous l'escalade actuelle de la violence dans les territoires palestiniens ?
— Saïd Kamal : Je crois que l'escalade actuelle est une chose tout à fait normale vu la mentalité et les plans du premier ministre israélien Ariel Sharon. Ce dernier s'oppose aux accords d'Oslo et à tous les autres accords qui ont suivi, partant du fait qu'il ne reconnaît pas à l'origine l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP), quoi qu'elle fasse et quelles que ce soient les positions qu'elle adopte. Il a formé un gouvernement d'union nationale et s'est allié au Parti travailliste présidé par Shimon Pérès pour détruire les réalisations du processus de paix et revenir à la situation d'avant les accords d'Oslo de septembre 1993. Son désir est d'imposer son hégémonie sur l'OLP et sur les territoires palestiniens.
A l'heure actuelle, ce qui est nouveau sur le terrain est que l'OLP et ses cadres sont déterminés à résister à l'occupant par tous les moyens disponibles. Ceci est leur droit reconnu par la charte des Nations-Unies et les résolutions internationales.
— Que signifie l'occupation par Israël de la Maison d'Orient à Jérusalem-Est ?
— Etant donné la position qu'occupe Jérusalem dans les croyances des extrémistes et de la droite israéliens, les Israéliens ont réoccupé la Maison d'Orient et d'autres institutions palestiniennes à dimension religieuse islamique et chrétienne, ainsi que des institutions de culture, d'éducation et de santé. Cette situation se maintiendra jusqu'à ce qu'un jour, on retire en Israël la confiance au gouvernement actuel et que les Etats-Unis, l'Union Européenne (UE) et la Russie assument leur responsabilité complète et exercent des pressions sur Israël tout en le menaçant de sanctions.
— Comment va réagir l'Autorité palestinienne à ces actes ?
— Le secrétaire général du Conseil des ministres de l'Autorité palestinienne, Ahmad Abdel-Rahmane, a déclaré que le peuple palestinien et ses forces nationales actives n'ont d'autre choix que de renforcer leur unité et de s'apprêter à mener une lutte à long terme contre l'occupation israélienne des territoires de la Cisjordanie, de la bande de Gaza ainsi que de Jérusalem. A la Ligue arabe, nous soutenons ce choix palestinien, d'autant plus que nous nous sommes rendus compte que le président Yasser Arafat n'a dorénavant le choix qu'entre la victoire ou le martyre.
— Israël et les Etats-Unis accusent le président Yasser Arafat de ne pas faire assez pour arrêter les responsables des attentats anti-israéliens ...
— C'est une accusation infondée, imprécise et incorrecte. Arafat, au moment où il résiste à l'occupation israélienne, n'a pas manqué de condamner publiquement les actes de meurtre des civils israéliens. Et ce, malgré le fait qu'un tel communiqué de la part du président palestinien va à l'encontre des susceptibilités d'une large partie de son peuple. Car la lutte de ce peuple n'est pas un acte vindicatif, mais c'est une lutte pour la liberté et l'autodétermination.
— Que pensez-vous des positions des pays européens et des Etats-Unis ?
— Honnêtement, ces pays ont tenu, sur le plan médiatique, leur peuple à l'écart des massacres auxquels sont exposés les Palestiniens. Ils ne les dévoilent pas et ne jettent la lumière que sur ce qui est dans l'intérêt d'Israël. Par conséquent, toute comparaison avec la position européenne et américaine lors de la première Intifada (1987-1993) ne fera que confirmer à quel point l'honnêteté médiatique fait défaut à l'heure actuelle, à l'heure de la seconde Intifada, celle d'Al-Aqsa. Partant, les hommes politiques arabes ainsi que les responsables de l'information doivent étudier comment on peut éliminer les barrières que les médias sionistes ont réussi à ériger : des barrières entre l'opinion publique des pays de l'UE ou des Etats-Unis et la réalité.
— Et en ce qui concerne le processus de paix en général, que pensez-vous du rôle des pays de l’UE et des Etats-Unis ?
— Il est évident que le rôle de l’Europe est en deçà de sa position adoptée depuis le sommet de Venise et jusqu'au communiqué du sommet de Berlin. Selon le communiqué de Berlin, l'UE soutenait le droit palestinien pour instaurer un Etat libre ; pourtant, elle hésite d'une manière scandaleuse à condamner l'occupation israélienne et ses pratiques agressives contre le peuple palestinien. Quant aux Etats-Unis, ils ont oublié complètement leur rôle après avoir reconnu les droits politiques du peuple palestinien. Rappelons les propres termes de l’ancien président Bill Clinton dans son discours devant le Conseil législatif palestinien, lorsqu’il a affirmé le soutien des Etats-Unis aux droits palestiniens à l'autodétermination et à l'instauration d’un Etat indépendant. Une telle position est incompatible avec l'indifférence qu'affiche l'Administration du président George W. Bush vis-à-vis du peuple palestinien, dont les territoires sont occupés. Il est clair que cette Administration a donné la priorité à son alliance stratégique avec Israël et non pas à ses principes. C'est la tragédie du nouveau siècle.
— Quel est, d'après vous, le plan réel de Sharon ?
— Le plan de Sharon consiste en plusieurs points. Le premier est de garantir la domination d'Israël sur la Cisjordanie. Et pour ce faire, Sharon n’a l’intention de se retirer que de 20 % de la Cisjordanie. Il cherche aussi à maintenir les blocs de colonies à forte densité démographique pour garantir cette prédominance. Le chef du cabinet israélien refuse aussi toute solution qui prévoit le retour des réfugiés palestiniens dans leur territoire et dans leurs propriétés enregistrées officiellement auprès des Nations-Unies.
Enfin, Sharon s’emploie à maintenir l'unité de Jérusalem sous le drapeau israélien. C'est ce qu'il a fait en occupant la Maison d’Orient.
Ceci est le plan de Sharon. Il veut revenir en arrière et se désengager des accords d'Oslo et des autres accords qui ont suivi. Et ce, en assurant une reconnaissance internationale aux conséquences prévues de ce plan.
— Et quel est le plan de l'Autorité palestinienne ?
— L'Autorité palestinienne cherche en premier lieu à dévoiler les intentions agressives de Sharon à l'encontre du peuple palestinien. Et à donner la preuve du désengagement d'Israël quant aux accords qu'il avait signés avant l'Intifada. L’ancien premier ministre israélien, Ehud Barak, avait gelé la plupart des accords sous prétexte qu'il voulait passer aux négociations sur le statut final des territoires palestiniens. Avant lui, Benyamin Netanyahu avait également gelé les accords sauf celui concernant la ville d’Hébron. Les Palestiniens et Arafat veulent montrer que ce sont les Israéliens qui sont les vrais ennemis de la paix.
Arafat et l'Autorité palestinienne, malgré le peu de perspectives sur le plan international, ne veulent pas fermer la porte aux nouvelles générations palestiniennes et arabes. Ces générations ont le droit de résister à l'agression et à l'occupation afin de maintenir et de garantir les droits du peuple palestinien sur son sol en Palestine.
                      
4. L'Intifada enraye l'économie par Alexandra Schwartzbrod
in Libération du mercredi 15 août 2001

Onze mois d'Intifada commencent à se faire durement sentir sur les économies israélienne et surtout palestinienne. Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies vient de lancer une opération d'urgence d'un montant de 11,5 millions de dollars (12,7 millions d'euros) pour venir en aide à 270000 Palestiniens qui ne sont plus en mesure d'assurer leurs besoins alimentaires en raison du blocus israélien de Gaza et de la Cisjordanie. Alors que le chômage dépasse 50 % dans les territoires, le nombre des demandeurs d'emploi en Israël a atteint, en juillet, son plus haut niveau depuis la création de l'Etat hébreu. Le taux de chômage, qui tourne autour de 9 %, a bondi de 3,7 % le mois dernier, au lieu d'une hausse mensuelle moyenne de 0,4 % depuis le début de l'année.
           
5. La mort à Bethléhem, made in USA par Robert Fisk
in The Independant (quotidien britanique) du mercredi 15 août 2001
[traduit de l'anglais par Manfred-C. Stricker]
La société Lockheed Martin, en Floride, ainsi que les Laboratoires fédéraux de Pennsylvanie ont fait tous deux une contribution à la vie quotidienne dans la commune de Bethléhem. Mais, pour ce qui est de Lockheed, c'est plus précisément la mort. Des parties de la fusée air-sol "Hellfire" [feu de l'enfer] se trouvent toujours dans le local de la défense civile de Bethléhem, moins de deux mois après qu'elle eût explosé dans le salon de Osama Khorabi, âgé de 18 ans, le tuant instantanément. Le moteur de la fusée, des tuyaux d'alimentation et des fils électriques ont été triées par les chauffeurs d'ambulance et des infirmiers, puis mis dans des sacs en plastique, avec des éclats provenant de douzaines d'obus de char de provenance américaine tirés par des chars israéliens dans le village chrétien de Beit Jalla.
Les soldats israéliens envoient régulièrement sur les Palestiniens de Bethléhem eux-mêmes des salves de grenades lacrymogènes fabriquées aux Etats Unis. Les Palestiniens affirment que ces gaz ont causé de grandes difficultés respiratoires chez des enfants lorsque ces grenades furent lancées contre des jeunes lançant des pierres près de la tombe de Rachel. Sur les cartouches et les bidons de gaz on a trouvé le marquage "Fédéral laboratories, Saltzburg, Pennsylvania 15681", avec l'indication, sur le métal "projectiles longue portée, 150 yards " [env. 130 m, là où les pierres ne sont plus dangereuses]. Le mode d'emploi imprimé sur les bidons parle de "gaz lacrymogène, hautement irritant pour les yeux, le nez, la peau et le système respiratoire". En plus : "en cas de contact, ne pas se frotter les yeux, s'adresser immédiatement à un service médical".
Lorsque des Palestiniens de Beit Jalla tirent avec des Kalachnikov russes sur la colonie juive voisine de Gilo - une colonie construite illégalement sur des terres appartenant aux habitants de Beit Jalla - les chars israéliens envoient régulièrement des obus dans Beit Jalla. Et la plupart de ces obus ont des détonateurs américains. Tous portent le code : "Détonateur P180  M549ACO914H014-014". Quelquefois le dernier 4 est remplacé par un 5. Un de ces obus a tué le Dr Harald Fischer, un Allemand vivant à Beit Jalla, en novembre dernier. Mais le nom de la société fabriquant ce détonateur n'est pas indiqué dans le code.
Lockheed avait déjà été impliqué dans l'assassinat de quatre enfants et de deux femmes, au Liban, lorsqu'un hélicoptère Apache, fabriqué par Lockheed, a tiré une fusée "Hellfire", fabriquée par Lockheed, sur une ambulance, dans le sud du Liban, en 1996. Des plaques imprimées provenant de la fusée - un logo publicitaire marqué dessus dit "tous pour un, un pour tous" - furent transportées par The Independant aux Etats Unis le dimanche suivant et furent identifiées, par des dirigeants de Boeing,  comme faisant partie d'une fusée "Hellfire", à cette époque co-producteurs de la fusée. Le moteur de la fusée qui a frappé Osama Khorabi dans sa maison en février est toujours là (les Israéliens affirmèrent que ce fut un coup préventif, mais M. Khorabi n'était pas un militant et sa seule ambition était de faire partie de la troupe théâtrale de Beit Jalla). Le moteur porte le code "189 76-1334987 DMW90E003-007" et le numéro du lot est 481. Sur un mince tube en acier au sommet du moteur se trouve le code "12903-9225158 MFR-5S443." Un petit mais lourd dome cylindrique du même projectile porte le nom "Battery Thermal", avec le code : "P/N 10217556 E-W62, Lot No. EPH-2-111, Date of MFG (manufacture) 08776, MFG Code 81855". Suivi par les initiales :"U.S.". D'autres partie du missile comprennent un aileron articulé et des pelotes de fils électrique.
Les membres de la défense civile palestinienne sont ambulanciers et infirmiers; ils ont collectionné consciencieusement des milliers de pièces d'éclats de balles, d'obus de chars, de projectiles au gaz et de fusées après des bombardements israéliens, mais sans chercher à en connaître la provenance. L'un d'entre eux m'a dit l'autre jour : "nous sommes des travailleurs humanitaires, pas des scientifiques. De nombreux fragments portent des caractères latins et semblent aussi de fabrication américaine. Il y a là une pièce qui semble provenir d'une fusée codée "SPO 2- 95 RAD (là manque un chiffre détruit lors de l'explosion de la fusée) - 89".
Les Israéliens se sont servis d'hélicoptères Apache pour tirer des fusées sur Beit Jalla au moins six fois - y compris lors de la mort de M. Khorabi - et les Apache sont fabriqués par Lockheed dans leur immense usine d'armements à Orlando, en Floride, où sont fabriqués aussi les fusées Hellfire  1 et 2.
Les Palestiniens n'ont pas encore trouvé l'origine d'un bidon de gaz maintenant utilisé régulièrement par les Israéliens, qu'ils appellent "fumée brune". Très craints par les jeteurs de pierre, il a un effet bien plus puissant même que le gaz produit par les Laboratoires fédéraux de Pennsylvanie. Au moins un bidon trouvé à Hébron porte des inscriptions hébraïques et porte le code 323 1-99. Il ne semble pas provenir des Etats Unis.
Les armuriers américains affirme n'avoir aucune responsabilité lorsque leurs produits tuent des civils innocents. Après le bain de sang dans le sud du Liban en 1996, des représentants de Lockheed, très en colère, affirmèrent que personne n'avait jamais poursuivi un fabriquant de munitions après un meurtre. Et il est vrai que la dernière phrase imprimée sur les grenades au gaz de Pennsylvanie est un avertissement qu'il ne faut pas tirer sur des individus, avec la clause bien connue "les Laboratoires  fédéraux ne sont pas responsables d'un usage abusif de ces engins".
                                    
6. Manifestations pacifiques contre le nouvel ambassadeur d'Israël au Danemark
Dépêche de l'Agence France Presse du mercredi 15 août 2001, 19h47
COPENHAGUE - Environ cinq cents personnes, des Danois pour la plupart, surveillées par d'importantes forces de l'ordre, ont manifesté mercredi devant l'ambassade d'Israël à Hellerup, près de Copenhague, pour protester contre l'arrivée du nouvel ambassadeur israélien Carmi Gillon, a constaté un journaliste de l'AFP.
M. Gillon, ancien chef de la Sécurité intérieure israélienne, est accusé d'être un tortionnaire des Palestiniens.
Les alentours de la représentation diplomatique étaient quadrillés par quelque 300 policiers en tenue de combat, avec des maîtres chiens et plus de 25 véhicules, afin de prévenir des incidents au cours des deux manifestations, qui se sont déroulées dans le calme.
La première, vers 15h30 (13h30 GMT) a réuni des Palestiniens brandissant le drapeau national et scandant des slogans hostiles à Israël et à Carmi Gillon. La deuxième, qui l'a suivie, a rassemblé des Danois opposés à la torture et à la politique répressive d'Israël.
Une autre manifestation à Aarhus (centre) contre Carmi Gillon a réuni quelque 250 personnes, selon la police de cette ville.
Carmi Gillon, ancien chef de la Sécurité intérieure en 1995-96, a suscité un tollé dans le pays par ses récentes déclarations à des médias danois, affirmant qu'il approuvait le recours à "une pression physique modérée" (torture, ndlr) contre des suspects palestiniens.
C'est la première fois qu'un ambassadeur en poste au Danemark est accueilli par des protestations de la population et des milieux politiques.
Selon un sondage révélé mercredi par la chaîne TV2, 53% des Danois ont une attitude négative envers Carmi Gillon, et 15% seulement se déclarent positifs à son égard.
Carmi Gillon, arrivé le matin à l'aéroport de Copenhague, s'était contenté de dire "qu'il était très content et fier d'être le nouvel ambassadeur d'Israël", avant de rejoindre sa représentation diplomatique gardée par un cordon policier impressionnant.
Portant des bannières sur lesquelles on pouvait lire "Aucun bourreau de la torture au Danemark!", "Ne le laissez pas impuni", "Pas d'excuse à la torture", les manifestants, venus à l'appel d'organisations danoises et palestiniennes de gauche, ont écouté divers discours et scandé des slogans de solidarité avec le peuple palestinien avant de se disperser dans le calme.
L'avocat Bjoern Elmquist, ancien député des partis libéral puis radical au pouvoir, a dénoncé "l'attitude immorale" du gouvernement de centre-gauche danois, qui a donné le feu vert à l'accréditation de Carmi Gillon.
"Les tortionnaires doivent être poursuivis", a-t-il affirmé, estimant que "cela doit être non seulement un droit, mais un devoir pour le gouvernement danois".
"Le Danemark a signé la Convention des Nations unies contre la torture et doit assumer ses responsabilités" a-t-il rappelé.
M. Gillon doit prendre officiellement ses fonctions d'ambassadeur à la mi-septembre au Danemark, après avoir présenté ses lettres de créance à l'ambassadeur à la reine Margrethe.
                    
7. "Les Palestiniens ont le sentiment d'être abandonnés à la loi du plus fort" Interview de Leïla Shahid, représentante de l'Autorité palestinienne en France réalisée par Pierre Barbancey
in L'Humanité du mardi 14 août 2001
- Hier s'est déroulée une grève générale dans les territoires palestiniens et à Jérusalem-Est. Quelle est la signification d'une telle action ?
- Leïla Shahid. Avant tout de rappeler que l'Intifada est une forme de résistance civile, non militaire, qui utilise tous les moyens pour exprimer le rejet par la population palestinienne des méthodes militaires israéliennes et de l'occupation. La grève générale est une manifestation de la société civile. Son succès montre qu'on ne peut pas réduire l'Intifada aux attentats qui visent les civils israéliens comme ceux de ces derniers jours.
- Où se trouve la solution, actuellement ?
- Leïla Shahid. La situation est malheureusement la conséquence de la politique pratiquée par le gouvernement derrière Sharon qui, depuis cinq mois, refuse le dialogue politique, prend pour cible l'Autorité palestinienne elle-même en s'attaquant spécifiquement aux institutions civiles de l'Autorité mais aussi toutes les structures de sécurité, dont la Force 17, la gendarmerie ou la sécurité préventive. Il procède également à un blocus total sur le plan économique, en affamant les Palestiniens, en fermant les territoires autonomes et attaquant personnellement le président de l'Autorité. Réagir par des attentats qui visent des civils est inacceptable parce que rien ne justifie l'assassinat de civils israéliens en Israël. C'est inacceptable sur le plan moral et contre-productif sur le plan politique parce qu'ils nous privent de nos alliés au sein de la société israélienne, qui ont accepté le principe de coexistence. Mais lorsqu'Ariel Sharon provoque les groupes islamistes en assassinant leurs dirigeants, il sait très bien qu'ils vont répondre. Mais peut-être est-ce ce qu'il souhaite. Il a ainsi un alibi pour ne pas mettre en ouvre les clauses politiques des recommandations du rapport Mitchell. Ces clauses politiques étant : après le cessez-le-feu, le gel des colonies pour les Israéliens et, pour les Palestiniens, la coopération sécuritaire. Si Sharon met en ouvre les conditions politiques, sa coalition saute. Un certain nombre de partis ne sont pas d'accord pour le gel. Comme il prépare les élections internes à son parti, le Likoud, et qu'il est en compétition avec Netanyahu, qui le trouve un peu mou, je pense qu'il est dans la paralysie la plus totale et c'est une des raisons pour lesquelles il n'arrive absolument pas à négocier, même s'il se cache derrière un justificatif de sécurité.
- L'Autorité palestinienne et le Fatah interviennent-ils suffisamment pour maîtriser les groupes islamistes ?
- Leïla Shahid. Dans les huit années de négociations avec les Israéliens, les seuls moments où nous avons été capables, nous et les Israéliens, de prévenir les attentats terroristes (c'est-à-dire contre des civils en Israël, la résistance politique et militaire dans les territoires occupées étant un droit pour tout peuple occupé), le Fatah n'a jamais entrepris des attentats de ce type et a toujours dénoncé ceux causés par le Hamas et le Jihad islamique. Mais pour pouvoir lutter contre ce genre d'attentats qui visent les civils, il faut être dans une dynamique de paix, de partenariat avec les Israéliens, où la coopération sur le plan politique, économique, sécuritaire nous permet - comme c'était le cas sous Rabin et même sous Barak - de prévenir ce genre d'attentats. · cette époque, la population palestinienne était totalement d'accord sur le fait qu'il fallait isoler ceux qui détruisent les promesses de la paix. Mais, après huit ans de promesses de paix, il n'y a rien qui, sur le terrain, correspond à ce que nous avons promis à la population. Elle a perdu confiance. Aujourd'hui, 70 % des gens demandent des frappes, allant même jusqu'à soutenir des attentats contre des civils. C'est tragique, mais c'est ce à quoi conduisent la frustration, la colère, le ras-le-bol d'une population qui est bombardée, assiégée, affamée, dans des territoires où le chômage atteint 60 %, où les villes sont fermées comme des ghettos. Tout cela produit une opinion publique qui soutient les opérations les plus meurtrières contre des civils en Israël.
Le combat contre ce type d'action ne pourra se faire que lorsque l'Autorité palestinienne redeviendra le partenaire de n'importe quel gouvernement israélien. Contrairement à Ariel Sharon, nous ne disons pas qui doit représenter le peuple israélien. C'est pour cela que le président Arafat, connaissant l'histoire d'Ariel Sharon, continue à dire qu'il veut négocier avec lui, parce qu'il représente la société et la majorité israélienne. Le premier ministre israélien n'a pas la même attitude vis-à-vis de l'Autorité. Au lieu d'en faire son partenaire pour revenir à la table des négociations, pour limiter les actions terroristes contre les civils, pour reprendre le cours de ce que nous avons entrepris depuis huit ans, il fait de l'Autorité la cible de la guerre qu'il mène depuis cinq mois.
- Shimon Peres vient de faire de nouvelles propositions. Est-ce un pas positif ?
- Leïla Shahid. Je ne pense pas. C'est une position très dangereuse. Il est inacceptable d'entendre dire qu'il ne faut pas négocier avec Arafat. Quant au retrait unilatéral de Gaza permettant de proclamer un Etat, c'est encore un subterfuge pour ne pas mettre en ouvre ce que le gouvernement israélien et la Knesset ont ratifié dans les accords d'Oslo. Il ne s'agit pas de redéfinir ce que sont les revendications palestiniennes aujourd'hui. Nous avons mis en ouvre une partie des accords d'Oslo. Il est vrai qu'il ne s'agit que de 18 % de la Cisjordanie, 60 % de la bande de Gaza et 0 % de Jérusalem. Nous exigeons la poursuite du retrait de ces trois endroits. Il ne s'agit pas de remplacer les revendications fondées sur les résolutions 242 et 338 qui sont les bases juridiques des accords d'Oslo.
- Le déploiement d'observateurs internationaux est refusé par Ariel Sharon ?
- Leïla Shahid. Cette idée de déploiement est soutenue par toute la communauté internationale puisque le G8 a adopté un texte qui dit très clairement qu'on ne pourra arriver à un cessez-le-feu et une application des recommandations du rapport Mitchell que s'il y a un mécanisme tiers d'observateurs (qui reste à définir dans sa composition) pour être l'arbitre de la mise en ouvre des différentes clauses de ces recommandations. Il faut un arbitre pour vérifier que chaque partie a rempli sa part d'engagements. Israël ne peut pas être à la fois le protagoniste et l'arbitre du conflit. Nous non plus. Malheureusement, nous assistons sur le plan de la démocratie internationale à une démission totale de la responsabilité des Etats et en particuliers des Américains et des Européens puisque le refus de Sharon a conduit tout le monde à baisser les bras. Nous en payons le prix, celui des opérations terroristes, parce que les Palestiniens ont le sentiment qu'ils sont abandonnés à la loi du plus fort, c'est-à-dire à la loi militaire d'Ariel Sharon.
 
8. La loi du talion, en Cisjordanie comme en Belgique
in La Libre Belgique (quotidien belge) du mardi 14 août 2001
[La Libre Belgique tire à 55 000 exemplaires. Le quotidien de qualité des Belges francophones maintient une haute tenue rédactionnelle, sans renier ses origines catholiques conservatrices. http://www.lalibre.be.]
Devant la façade éventrée du poste de police de Jenine des centaines de Palestiniens contemplent dans un silence navré les dégâts de l'incursion de chars et de bulldozers israéliens dans la nuit de lundi à mardi dans cette ville autonome du nord de la Cisjordanie.
L'édifice d'un étage, en forme de L, n'a pas résisté aux coups de boutoir des bulldozers qui ont opéré pendant plus de deux heures, selon des témoignages concordants.
"Vers 23H00, deux bulldozers et une dizaine de chars ont pénétré sur une profondeur de quelques centaine en zone sous contrôle palestinien", indique à l'AFP Kamal Jaber un responsable du Fatah, le mouvement du président Yasser Arafat, pour le district de jenine.
"Les chars ont aussitôt ouvert le feu à mitrailleuse lourde alors qu'un ou deux hélicoptères survolaient l'unité israélienne", ajoute-t-il.
Près du poste de police, un camion citerne criblé de balles de gros calibre témoigne de ces tirs.
Le responsable palestinien est convaincu que les Israéliens avaient pour objectif de détruire le poste de police et ne cherchaient pas à capturer où abattre des activistes Palestiniens, comme d'aucuns le croient à Jenine .
Cet objectif a été apparemment atteint: la face extérieure du rez-de chaussée de l'une des deux ailes, longue de trente mètres a été quasi démolie.
L'étage supérieur s'est affaissé. A travers la façade béante on aperçoit sur le plancher en pente, des lits superposés en fer.
Le poste abritait deux cents policiers, indique un responsable de la sécurité palestinienne qui a requis l'anonymat.
L'homme montre une pièce qui servait de bureau. Au mur défoncé sont restées des photos jaunies du président Yasser Arafat et de Saddam Hussein le président irakien, populaire auprès des Palestiniens.
" Les habitants ont opposé une résistance farouche pendant plus de cinq heures, avec leurs fusils et leurs couteaux", soutient ce quinquagénaire, armé d'un vieux pistolet.
Cette version des faits a été reprise par la radio officielle palestinienne et dans un communiqué du ministre de l'Information palestinien, Yasser Abed Rabbo.
Mais un médecin de l'hôpital de Jenine le Dr Abou khali indique que seuls trois policiers ont été légèrement blessés lors de l'incursion, ce qui ne traduit pas un combat intense.
L'armée israélienne n'a signalé quant à elle aucun tué ou blessé parmi ses forces.
D'ailleurs autour du bâtiment nulle trace de combats violents et à juger par les décombres, les Israéliens ont eu tout le temps qu'il faut pour détruire le poste.
Le bâtiment avait été évacué depuis plusieurs jours par crainte de réprésailles à l'attentat suicide jeudi de Jérusalem, suivi trois jours plus tard d'une seconde attaque suicide moins meurtrière dans la banlieue de Haifa.
Les deux attentats avient été commis par des intégristes de la région de Jenine.
Selon des témoins, une manifestation de liesse populaire a marqué le départ de l'armée israélienne à l'aube par le raid.
Mais l'atmosphère n'est pas triomphaliste à Jenine. A côté du sigle gisant par terre du poste dévasté, un aigle en fer au couleurs nationales palestiniennes, un habitant, Ayman Kabaha contemple tristement le spectacle.
Ariel Sharon sème le trouble et la terreur, ce n'est pas un bon moyen de parvenir à la paix", note-t-il.
[Une organisation israélienne d'extrême droite a annoncé jeudi son intention de porter plainte devant la justice belge contre le président palestinien Yasser Arafat et d'autres responsables palestiniens pour "crimes contre l'humanité".
"Nous allons envoyer dans les prochains jours deux avocats en France pour préparer une plainte pour crime contre l'humanité que nous déposerons prochainement contre Arafat et d'autres responsables palestiniens", a indiqué à la radio publique Meïr Eindor, chef du groupe "Les victimes du terrorisme".
"Nous allons demander des indemnités et nous ferons venir des centaines de victimes en vue de témoigner", a-t-il ajouté.
Selon lui, cette initiative "vise également à contrebalancer la plainte déposée contre le Premier ministre Ariel Sharon en Belgique".
"La justice belge sera bien obligée d'examiner les deux plaintes au risque sinon d'être accusée de partialité", a estimé M. Eindor.
"Le dossier que nous allons présenter sera beaucoup plus lourd dans la mesure où Yasser Arafat et d'autres responsables palestiniens sont directement responsables d'attentats alors qu'Ariel Sharon est soupçonné seulement de ne pas avoir prévu que des miliciens chrétiens allaient massacrer des Palestiniens à Sabra et Chatila", deux camps de réfugiés de Beyrouth, a-t-il ajouté.]
                 
9. Le groupe rock Red Hot Chili Peppers annule son concert en Israël
Dépêche de l'Agence France Presse du mardi 14 août 2001, 13h53

TEL-AVIV - Le groupe rock américain Red Hot Chili Peppers a annulé un concert qu'il devait donner fin août à Tel-Aviv, compte tenu de l'insécurité régnante, ont annoncé mardi les organisateurs de la tournée.
Des dizaines de milliers de spectateurs étaient attendus au concert prévu dans deux semaines dans un grand parc de la ville.
"C'est un coup d'autant plus dur qu'on espérait que le groupe nous sorte un soir de la déprime causée par la situation ambiante", a déclaré à la radio le chanteur israélien Rami Fortis, qui devait ouvrir le concert.
Les Etats-Unis ont invité vendredi les citoyens américains à repousser leurs voyages en Israël, en Cisjordanie et à Gaza, du fait des "menaces terroristes".
Cet avis du département d'Etat a été publié au lendemain d'un attentat suicide qui a fait 16 morts, dont le kamikaze palestinien, à Jérusalem-ouest.
Depuis, un autre kamikaze palestinien a fait sauter dimanche une ceinture d'explosifs dans la banlieue de Haïfa (nord d'Israël), blessant quinze Israéliens et causant sa propre mort.
                     
10. Israël freine l'aide humanitaire par Agnes Rotivel
in La Croix du mardi 14 août 2001
En raison de sa politique du " tout sécuritaire ", l'armée empêche les ONG de porter assistance aux Palestiniens dans les zones où ils sont isolés et entrave même les interventions d'une mission de l'ONU.
JERUSALEM de notre envoyée spéciale
Le ministre des affaires étrangères israélien, Shimon Peres, n'a pas du tout apprécié de s'entendre dire par un très haut responsable d'une agence humanitaire des Nations Unies que " pas même les Serbes pendant la guerre  de Bosnie  n'avaient à ce point fait obstruction à l'aide humanitaire", comme le fait l'État hébreu aujourd'hui. Ce qu'un diplomate européen confirme en ces termes : " En totale violation des conventions internationales de Genève, l'armée israélienne empêche ..l'acheminement des convois humanitaires de l'UNRWA (organisation des Nations unies pour les réfugiés) auprès des populations sous prétexte de " raisons de sécurité ".
Pour Thomas Getman, directeur de l'ONG World Vision en Israël, " la situation n'a jamais été aussi catastrophique. Dans les villages palestiniens de Cisjordanie, du fait du siège de l'armée israélienne, près de 80 % de la population palestinienne est au chômage. Nous sommes obligés de créer nous-mêmes des emplois pour que les familles aient un petit revenu. En raison des routes de contournement réservées aux colons, les habitants palestiniens ne peuvent plus sortir de chez eux, ne peuvent plus se rendre chez le médecin. Nos projets d'aide sont négociés  avec nos ambassades en accord avec l'Etat hébreu, et pourtant celui-ci bloque nos convois".
Il faut plusieurs jours pour faire passer des médicaments
Gouvernement israélien et ONG internationales sont à couteaux tirés depuis que le gouvernement israélien a décrété le blocus total des zones palestiniennes. " On est tout juste toléré ", dit l'un d'entre eux qui explique que chaque fois qu'un convoi de médicaments doit être acheminé dans un village de Cisjordanie, ou lorsque des équipes de médecins et de psychologues se rendent auprès des familles isolées dans les villages ou dans des centres comme Hébron, encerclés par l'armée, " il faut négocier pendant des jours pour obtenir les autorisations de passer ".
Sans parler des " humiliations  subies par le personnel palestinien de ces ONG aux barrages. " Les militaires sont souvent très jeunes (l), ils ont eux-mêmes très peur et paniquent vite, explique un membre d'une ONG française. Résultat, ils se défoulent en agressant verbalement les Palestiniens, le ton monte très vite, et il faut à chaque fois tout faire pour éviter les dérapages ".
" Pour une mission d'urgence, il faut compter un mois entre les demandes d'autorisation auprès de l'armée et notre arrivée dans la famille ", explique Fouad Ismaël, le représentant de Médecins sans frontières en Israël/Palestine. Outre l'acheminent des médicaments, l'essentiel du travail de l'ONG française porte sur les " thérapies psychologiques " auprès des familles exposées, comme à Hébron ou à Gaza, aux tirs continuels, à l'enfermement, ceux dont les maisons sont occupées par l'armée israélienne. Il a fallu quatre mois à l'équipe de MSF pour obtenir de se rendre à Gaza auprès de Hussein Al-Aïdi et de sa famille, dont la maison est occupée par l'armée (lire La Croix du 7 août). Sans compter les  tirs d'intimidation qui ont précédé et un face-à-face de vingt minutes avec un char israélien.
Un enfant mordu par un chien est mort faute de soins
Ces entraves permanentes à la mobilité dès Palestiniens ont malheureusement déjà causé la mort de civils. Un enfant du village palestinien de Al-Mawassi, dans la bande de Gaza, littéralement assiégé par l'année israélienne car situé aux abords d'une colonie, s'est fait mordre par le chien d'un colon que celui-ci tenait en laisse. Les parents ont demandé à franchir le poste de "contrôle de l'armée israélienne pour emmener l'enfant à l'hôpital de Khan Younes. Toute la journée, ils ont attendu l'autorisation au barrage, en vain. L'enfant est mort dans la nuit.
Un diplomate européen connu pour sa pondération ne peut contenir sa colère : "Récemment, raconte-t-il, nous nous sommes rendus un matin dans un quartier d'habitations palestinien où des bulldozers israéliens avaient rasé des maisons pour la raison habituelle de "sécurité ". La destruction avait eu lieu comme toujours en pleine nuit. Il y avait là deux enfants, un frère et sa sœur. Ils n'avaient pas plus de 10 ans. Ils étaient assis sur les décombres de la maison. Ils nous ont dit que leurs parents étaient allés chercher un endroit ou loger. Je leur ai demandé pourquoi ils restaient là. La petite fille a dit :  " C'était ici ma chambre. " Elle ne voulait plus partir. "
" Je me demande, poursuit ce diplomate, si l'Europe a encore des principes éthiques élémentaires pour laisser perdurer une telle situation. Comment peut-elle rester silencieuse devant les atteintes évidentes aux droits de l'homme de la part d'un pays qui réussit le tour de force de se faire passer pour l'agressé ? ".
(1) Les jeunes Israéliens font trois ans de service militaire entre 18 et 21 ans. Les Israéliennes en font deux.
                                       
11. Leïla Shahid demande à la communauté internationale d'assumer ses responsabilités
Dépêche de l'agence Associated Press du lundi 13 aout 2001, 12h00
PARIS - Au lendemain d'un nouvel attentat-suicide palestinien qui a fait un mort, le porteur de la bombe, et une vingtaine de blessés, la déléguée générale de la Palestine en France, Leïla Shahid, a appelé la communauté internationale a ''assumer ses responsabilités'' et à envoyer des observateurs dans la région.
''Pourquoi cette perte de temps qui coûte tellement de vies aux Israéliens et aux Palestiniens. Il est temps que les représentants de la communauté internationale, qui sont les Américains, les Européens, les Arabes et les Nations unies assument leurs responsabilités'', a-t-elle déclaré qur France-Inter, rappelant que le G8 avait recommandé l'envoi d'observateurs dans la région lors du dernier sommet du G8 de Gênes.
''L'Autorité palestinienne condamne cet attentat, et tous les attentats qui prennent des civils israéliens comme cible dans les territoires israéliens'', a-t-elle poursuivi. ''Nous pensons que c'est sur le plan moral totalement condamnable et sur le plan politique c'est contre-productif''.
''Mais aujourd'hui, malheusement, 70% de la population palestinienne appuie les opérations terroristes parce qu'ils ont l'impression que face à la barbarie de l'armée israélienne ce genre d'attentats est justifié'', a-t-elle poursuivi. La déléguée générale de la Palestine a estimé que dans la situation actuelle, ''le seul moyen, c'est de travailler ensemble'', notamment dans le cadre d'une ''coopération sécuritaire pour éviter ce genre d'attentats''.
Interrogée sur l'autorisation donnée par le Premier ministre israélien Ariel Sharon à Shimon Pérès de reprendre ses pourparlers de trêve avec des hauts responsables palestiniens, Leïla Shahid a déploré que Yasser Arafat soit exclu des discussions:. ''Qu'est ce que ça veut dire, qu'il ne veut pas discuter avec Yasser Arafat, puisque c'est le seul interlocuteur que les Palestiniens se sont choisis? (...) Je doute qu'on puisse vraiment sérieusement travailler avec l'autorité palestinienne sans Yasser Arafat'', a-t-elle déploré.
Ariel Sharon a donné pour instruction à son ministre des affaires étrangères de conduire des négociations de paix mais celui-ci aura besoin d'une autorisation spéciale pour rencontrer le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat. 
                                            
12. La Maison de l'Orient, symbole très disputé par Agnès Rotivel (avec AFP)
in La Croix du lundi 13 août 2001

En occupant la Maison de l'Orient, devenue une sorte de ministère des affaires étrangères de l'équipe d'Arafat, Israël entend nier toute revendication palestinienne sur Jérusalem.
La Maison de l'Orient est située en plein cœur de la partie est de Jérusalem, occupée depuis 1967 par les Israéliens. Cette belle bâtisse en pierre, construite en 1897 par Ismail Moussa Husseini, appartient toujours à l'une des plus ancienne familles palestiniennes de Jérusalem : les Husseini. Ceux-ci occupent encore une aile de la maison, le reste abrite une série de bureaux, parmi lesquels la Société des études arabes, qui est un centre de documentation, ainsi qu'un centre de cartographie consacre à la colonisation juive de la vieille ville.
Le bâtiment était aussi le siège des délégations palestiniennes aux négociations multilatérales de paix, lancées par la conférence de Madrid en 1991 mais suspendues depuis 1996. En investissant militairement le bâtiment, vendredi à 2 heures du matin, l'armée israélienne a non seulement touché à un symbole, celui de la présence palestinienne dans la ville, mais a aussi fait main basse sur toute une série d'archives et de documents relatifs aux titres de propriétés des familles palestiniennes à Jérusalem-Est ainsi qu'aux négociations de paix. La droite israélienne n'a jamais accepté que la Maison de l'Orient serve officieusement d'ambassade palestinienne ou, pis, de ministère des affaires étrangères d'un futur État palestinien. Depuis les accords d'Oslo en 1993, et du temps où le propriétaire de cette maison, Fayçal Husseini, décédé le 1er juin, était vivant, tous les diplomates étrangers avaient pris pour habitude de se rendre dans cette résidence pour y rencontrer les personnalités politiques palestiniennes.
La Maison de l'Orient avait commencé ses activités après la conférence de Madrid, qui avait lancé en octobre 1991 le processus de paix entres Arabes et Israéliens. Après la signature, en 1993, des accords israélo-palestiniens d'Oslo, elle est devenue un symbole pour l'Autorité palestinienne qui cherchait à marquer son attachement à la récupération de Jérusalem-Est, conquise et annexée par Israël en 1967.
Une façon pour Sharon de recentrer le conflit sur Jérusalem
Israël, qui maintient que Jérusalem restera la capitale indivisible de l'État hébreu, n'a jamais reconnu à l'Autorité palestinienne le droit d'avoir une activité diplomatique à Jérusalem-Est car il considère que cela remettait en cause sa souveraineté sur cette partie de la ville. Lors de la signature avec l'OLP des accords d'autonomie à Oslo, le gouvernement travailliste, dirigé par Yitzhak Rabin et dont Shimon Pères était le ministre des affaires étrangères, s'était toute- fois formellement engagé à " préserver " les institutions palestiniennes qui existaient alors Jérusalem-Est, ce qui inclut la Maison de l'Orient. En revanche, la droite nationaliste a toujours recherché sa fermeture. Lorsque Benyamin Netanyahou était premier ministre (1996-1999), il avait tenté à plusieurs reprises de fermer par la force cette " ambassade ", en vain. Il avait été désavoué par une décision de la Cour suprême israélienne.
L'occupation israélienne de ce haut lieu palestinien permet aujourd'hui à Ariel Sharon de recentrer le conflit sur Jérusalem, d'où était partie la deuxième Intifada, déclenchée par la visite du même Ariel Sharon, accompagné de militaires, sur l'esplanade des Mosquées, le 28 septembre dernier.