"Il faudra plus de 5 ans pour réparer les dégâts infligés aux Territoires
au cours des 5 derniers mois"
 
 Peter Hansen - Directeur de l'UNRWA
(Agence des Nations Unies en charge des réfugiés palestiniens)
 
 
Point d'information Palestine > N°136 du 14/03/2001

Réalisé par l'AMFP - BP 33 - 13191 Marseille FRANCE
Phone + Fax : +33 491 089 017 - E-mail : amfpmarseille@wanadoo.fr
Association loi 1901 - Membre de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine
Pierre-Alexandre Orsoni (Président) - Daniel Garnier (Secrétaire) - Daniel Amphoux (Trésorier)
Sélections, traductions et adaptations de la presse étrangère par Marcel Charbonnier
 
Si vous ne souhaitez plus recevoir (temporairement ou définitivement) nos Points d'information Palestine, ou nous indiquer de nouveaux destinataires, merci de nous adresser un e-mail à l'adresse suivante : amfpmarseille@wanadoo.fr. Ce point d'information est envoyé directement à 2059 destinataires.
          
Témoignage de Claude Abou-Samra citoyenne de Ramallah
Ramallah, le mardi 13 mars 2001 - Hier une manifestation pacifique de plusieurs milliers de palestiniennes et palestiniens a pu rouvrir la route Ramallah-Bir-Zeit, à l'aide de bull-dozzer protégés par les participants. Dès que les premiers taxis ont emprunté la route les forces israéliennes stationnées sur les collines surplombant la route ont tenté de refermer la route avec des engins devant lesquels des jeunes filles sont restées. Elles se  sont même assises sur la route.  L'armée a alors utilisé des grenades lacrymogènes, puis des balles en caoutchouc, puis des balles réelles qui ont blessé une vingtaine de manifestants. Un Palestinien de 28 ans a été tué par un franc-tireur.  Nous déplorons cette mort, comme celles de tous ceux qui sont tombés ces derniers mois ... Mais cette mobilisation et ces sacrifices n'ont pas été vains. Bien que l'armée israélienne ait tenté de refermer la route hier, elle est ouverte aujourd'hui. Bien qu'en mauvais état et contrôlé par des barrages israéliens qui ralentissent considérablement la circulation, elle permet de désenclaver les villages et l'université qui peuvent ainsi circuler dans des conditions qui restent, certes, très difficles. Demain l'université fonctionnera. De l'autre côté, sur la route Ramallah-Jérusalem - la seule restée ouverte - la circulation est quasiment impossible. Un seul passage à la hauteur du camp de Kallandia entre des blocs de béton contrôlé par l'armée, protogée par un char en surplomb. Les voitures attendent au moins une heure pour passer... Comme la plupart des Palestiniens j'ai opté pour le taxi collectif, descendre à Kallandia, passer les barrages à pied et reprendre en taxi de l'autre côté. .. On ne baisse pas les bras. Les Israéliens parlent ce soir "des pressions internationales qui les conduisent à revoir leur politique de fermeture et de blocus ..."  Donc, ce n'est pas inutile. Restez vigilants !
           
Au sommaire
    
Rendez-vous
  • Mediterraneo à la rencontre des Palestiniens de Jordanie - Samedi 17 mars 2001 à 12h55 sur France 3 Méditerranée 
Brèves de Campagne "Municipales 2001"
  • Laurent Dominati, Georges Frêche, Didier Bariani, Pierre Lellouche et Laurent Parienti
Réseau
  1. L’Union des Progressistes Juifs de Belgique s’indigne de l’entrée de l’extrême droite dans le nouveau gouvernement israélien
  2. L' UNRWA risque de manquer de fonds in United Nations Foundation Wire du 7 mars 2001 [http://www.unfoundation.org] [traduit de l'anglais par Dominique Vincent]
  3. Les fleurs de Galilée par Israel Shamir [traduit de l'anglais par Annie Coussemant]
  4. Jérusalem Capitale du patrimoine mondial en péril Déclaration de la Chambre des Beaux-Arts de Méditerranée et Artistes Sans Frontières
  5. Appel urgent de l'Université palestinienne de Bir Zeit
    [traduit de l'anglais par Giorgio Basile]
Revue de presse
  1. Israël : première friction au sein du gouvernement Sharon in Le Monde du mardi 13 mars 2001
  2. Définir la violence par Gideon Levy in Ha'Aretz (quotidien israélien) du dimanche 11 mars 2001 [traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier]
  3. Des colons juifs s'en prennent aux journalistes à Hébron Dépêche de l'agence Reuters du samedi 10 mars 2001, 17h00
  4. Washington se félicite du soutien financier européen aux Palestiniens - Bush et Powell réaffirment à Arafat leur attachement au processus de paix in Al-Quds Al-Arabi (hebdomadaire arabe publié à Paris) du vendredi 9 mars 2001 [traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]
  5. Méfions-nous du renard Pérès par Abd al-Bari Atwan in Al-Quds Al-Arabi (hebdomadaire arabe publié à Paris) du vendredi 9 mars 2001 [traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]
  6. Les élites politiques palestiniennes et arabes étant confrontées à une certaine perplexité : l'Intifada est-elle en voie de régression ? par Ibrahim Abrash in Al-Quds Al-Arabi (hebdomadaire arabe publié à Paris) du vendredi 9 mars 2001 [traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]
  7. Après la géographie, l'Amérique "se plante" en histoire (Point de vue d'Al-Quds) in Al-Quds Al-Arabi (hebdomadaire arabe publié à Paris) du vendredi 9 mars 2001 [traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier] 
  8. Washington se félicite du soutien financier européen aux Palestiniens - Bush et Powell réaffirment à Arafat leur attachement au processus de paix in Al-Quds Al-Arabi (hebdomadaire arabe publié à Paris) du vendredi 9 mars 2001 [traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]
  9. Palestiniens : la conférence des pays donateurs aura lieu en fin de semaine prochaine, selon l'UE Dépêche de l'agence Associated Press du vendredi 9 mars 2001, 18h04
  10. Seize Nobel et huit députés européens appellent à "la paix par la justice" in Le Monde du vendredi 9 mars 2001
  11. Le new deal de Washington par Philippe Coste in L'Express du jeudi 8 mars 2001
  12. Dans un contexte d'accord entre Powell et Sharon sur la priorité du dossier irakien, le retour à des négociations sur la sécurité sera-t-il la manière palestinienne d'obtempérer aux exigences israéliennes ? in Al-Istiqlal (hebdomadaire palestinien) du mercredi 7 mars 2001 [traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]
  13. Au cours d'un festival de soutien aux prisonniers, le Jihad islamique déclare : Israël ne reconnaîtra pas les droits du peuple palestinien avant d'avoir dû en payer le prix in Al-Istiqlal (hebdomadaire palestinien) du mercredi 7 mars 2001 [traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]
  14. Distribution d'allocations du Président irakien à 113 blessés du département d'Hébron par Fawzi al-Shuwaïki in Al-Hayat Al-Jadidah (quotidien palestinien) du mercredi 7 mars 2001 [traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]
  15. L'effondrement de l'économie palestinienne signifierait la fin du processus de paix in Al-Quds (quotidien palestinien) du mardi 6 mars 2001 [traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]
             
Rendez-vous

           
Mediterraneo à la rencontre des Palestiniens de Jordanie
Samedi 17 mars 2001 à 12h55 sur France 3 Méditerranée 
Ce samedi, à 12h55 "Mediterraneo" présente sur "France 3 Méditerranée" (rediffusions sur "TV5" et sur la chaine cablée "Régions") deux documentaires sur les Palestiniens de Jordanie.
- les relegués d'Hattin - Le cas de la famille d'Omar Odeh n'est pas isolé. Il n'est pas représentatif pour autant de ce que vivent une majorité de Palestiniens de Jordanie. A l'autre bout de l'éventail social se trouvent des familles qui n'ont pas pu ou pas su sortir des camps de réfugiés. Beaucoup sont dans ce cas dans le camp d'Hattin, un camp à quelques kilomètres au nord d'Amman….
- Au nom du Père, du Roi et de la Palestine - Trois millions et demi de Palestiniens vivent hors de chez eux, souvent dans des camps de réfugiés , à Gaza, au Liban, en Syrie, et en Jordanie. La Jordanie est même le pays qui acceuille le plus grand nombre de ces réfugiés. La moitié des six millions d'habitants de la Jordanie seraient, selon les sources, d'origine palestinienne. Trois cent mille d'entre eux environ vit dans une quinzaine de camps de réfugiés, les autres sont simplement partie prenante de la population jordanienne. Même lorsqu'elles ont socialement réussi; ces familles d'origine palestinienne n'ont pas oublié le pays de leurs parents. C'est le cas de Omar Odeh, qui vit à Amman…
[- Ne manquez-pas aussi : "Mediterraneo - Le Journal" chaque samedi à 18h56 sur France 3 Méditerranée ]
              
Brèves de Campagne "Municipales 2001"

 
- Laurent Dominati, candidat Démocratie Libérale dans le 4ème arrondissement de Paris : "Mon soutien à Israël est connu de tous. C’est une constante dans mon action politique, indépendamment des échéances électorales. Je suis un des rares députés à avoir indiqué à maintes reprises, et notamment à l’Assemblée nationale, que j’étais pour la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël."
          
- Georges Frêche, candidat du Parti Socialiste, maire de Montpellier depuis 24 ans : "Sharon avait le droit, comme tout le monde, de se promener sur l’Esplanade des Mosquées. Je suis plus à droite que Barak. Il est impensable que Jérusalem soit divisée. Il n’y a aucune légitimité historique arabe sur Jérusalem".
           
- Didier Bariani, candidat UDF/RPR/DL dans le 20ème arrondissement de Paris (ancien ministre) : "Cela fait vingt-cinq ans que je défends Israël. Je ne vais pas changer aujourd’hui. Israël est toujours le seul pays de la région où le gouvernement sort des urnes. Ceux qui vouent aux gémonies un Premier ministre élu exagèrent. La méfiance à l’égard d’Ariel Sharon manifestée par certains est inadmissible. Sa proposition de former un gouvernement d’union nationale me paraît très positive. Il faudrait saluer sa fermeté et sa volonté d’ouverture. Et se souvenir de certains précédents et notamment de Menahem Beghin qui parvint à faire la paix avec l’Égypte. Il faut éviter que la suspicion de la communauté internationale se porte sur Israël et croire en Israël. Israël traverse une période difficile. Moi qui ai été, pendant des années, président du groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée nationale, j’aimerais que l’on se souvienne que les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Et que si, dans le passé, Israël avait écouté les conseils d’un certain nombre de pays, il aurait disparu depuis longtemps". 
        
- Pierre Lellouche, candidat RPR/UDF/DL dans le 9ème arrondissement de Paris (gendre de Gabriel Banon !) : "Vice-président du groupe France-Israël à l’Assemblée, je n’ai pas caché que le responsable de l’échec du processus de paix se nommait Yasser Arafat. Tant que l’Autorité palestinienne ne sera pas capable de gérer démocratiquement son territoire, les choses n’évolueront pas. Il est plus facile d’agiter une kalachnikov que de créer des emplois et des écoles. Cela, je l’ai dit publiquement, ce qui n’a pas forcément plu Place Vendôme."
      
- Laurent Parienti, candidat Démocratie Libérale dans le 9ème arrondissement de Paris sur la liste de Jean Tibéri : "Pour moi, l’unicité et l’unité de Jérusalem, capitale d’Israël, sont le b-a ba du combat. Je dois vous avouer que cette position a été très dure à défendre quand le gouvernement d’Ehud Barak lui-même parlait de diviser Jérusalem. Mais quand on a des convictions, il faut aller jusqu’au bout."
      
- Bernard Gahnassia, candidat RPR/UDF/DL dans la commune de Clichy-la-Garenne : "Je suis d’abord un militant sioniste, qui mène un combat sioniste, et je n’ai pas peur de le revendiquer. Toute l’année, dans le cadre de mes fonctions, je multiplie les activités communautaires, comme récemment la collecte de fonds pour les soldats israéliens, et plus généralement je tente d’aider la communauté au quotidien. J’ai ainsi doté ma commune d’un centre culturel, avec une synagogue."
       
- Raphaël Nisand, candidat du Parti Socialiste dans la commune de Schiltigheim (banlieue de Strasbourg) : "J’avais choisi le Parti socialiste en 1973 car j’ai toujours pensé que c’était le parti le plus ouvert aux juifs et à leurs problèmes. À cette époque, c’était le parti le plus pro-israélien. Mon action militante au sein de la LICRA a le même fondement."
               
Réseau
               
1. L’Union des Progressistes Juifs de Belgique s’indigne de l’entrée de l’extrême droite dans le nouveau gouvernement israélien
Résolument engagée dans le combat militant en faveur d’un règlement juste du conflit israélo-palestinien basé sur la notion de deux peuples pour deux Etats souverains et viables avec Jérusalem comme capitale commune, l’Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB) tient à dénoncer l’accession de l’extrême droite israélienne au pouvoir.
Ce n’est en effet pas, contrairement à ce sur quoi s’appesantissent la quasi totalité de nos média, la “promotion”, au rang de ministre, de la fille de Yitzhak Rabin, ni celle d’un député druze, qui constituent l’événement majeur de la nouvelle politique israélienne. C’est à l’évidence — en plus de l’élection triomphale d’Ariel Sharon que son parcours criminel aurait depuis longtemps dû frapper d’inéligibilté — la respectabilisation d’une des extrême droite la plus dure qui soit. Et ce, avec l’aval du Parti travailliste !
L’entrée d’Avigdor Lieberman, leader du parti raciste Israël Beitenou (Israël notre Maison), partisan du bombardement des capitales arabes coupables de soutien à l’Intifada, et celle de Rehavam Zeevi leader du parti Union nationale, grand partisan du “transfert” des Palestiniens, tant d’Israël que des territoires occupés, vers les pays arabes, nous fait en effet craindre le pire quant à l’orientation du nouveau gouvernement Sharon-Peres, d’autant plus que les deux partis d’extrême droite n’étaient absolument pas indispensables à la viabilité de celui-ci.
Notre gouvernement s’est distingué dans les réactions qui ont suivi l’accession au pouvoir du parti de Jörg Haider ; notre ministre des Affaires étrangères a mis l’Italie en garde sur les conséquences que pourrait avoir la participation de la Ligue du Nord à un prochain gouvernement Berlusconi ; nos partis démocratiques tiennent bon vis-à-vis du cordon sanitaire qui entoure le Vlaams Blok… Ils doivent, de même, faire comprendre à Israël, pays hors UE avec lequel nous entretenons des relations économiques et douanières privilégiées, qu’il n’y a pas une extrême droite plus respectable qu’une autre.
           
2. L' UNRWA risque de manquer de fonds
in United Nations Foundation Wire du 7 mars 2001 [http://www.unfoundation.org]

[traduit de l'anglais par Dominique Vincent]

L'Agence des Nations Unies en charge des réfugiés palestiniens (UNRWA) pourrait être amenée à limiter ses distributions alimentaires et les soins médicaux qu'elle dispense à
200 000 familles palestiniennes des Territoires occupés  si les contributions n'augmentent pas d'ici décembre prochain. D'après le Directeur de l'UNWRA , Peter Hansen, il pourrait manquer au budget  de cette année, qui est de 311 Millions de $, 65 Millions de $ en raison des besoins accrus depuis l'Intifada.
"Il faudra plus de 5 ans pour réparer les dégâts infligés aux Territoires au cours des 5 derniers mois" a déclaré M Hansen. 45% des habitants de Cisjordanie et de Gaza sont au chômage. L'état sanitaire s'est aussi détérioré depuis septembre, les naissances d'enfants mort-nés ont augmenté de 58% par rapport à l'année précédente, les taux de vaccination sont tombés de 100% à 85%.
Lancement d'un programme de distribution alimentaire par l'ONU
Lundi a débuté un programme d'aide alimentaire pour une durée de trois mois et un coût de 4 Millions de $ qui s'adresse à 250 000 personnes à Gaza. Heather Hill de la Banque mondiale alimentaire a déclaré :"Nous sommes préoccupés, les gens ici ne peuvent plus faire face à l'achat des produits de première nécessité".
Le Comité International de la Croix Rouge a également commencé à distribuer lundi dernier notamment du savon et  des couvertures à 60 villages soumis au blocus économique israélien en Cisjordanie et à Gaza.
          
3. Les fleurs de Galilée par Israel Shamir
[traduit de l'anglais par Annie Coussemant]

Quand, en 1543, poussés par les typhons, les goélettes portugaises approchèrent des côtes du Japon, les marins ébahis n'en crurent pas leurs yeux : en cette chaude journée de printemps, l'île tropicale , ohé du navire ! était couverte de neige. Ils avaient devant eux la Septième merveille du Monde, mais bien réelle celle-là : les fleurs du sakura, le cerisier sauvage du Japon. Dès que les cieux bienveillants offrent à la Terre ce don saisonnier, les Japonais oublient femmes et enfants, devoirs, patrons et factures. Ils se contentent de s'asseoir sous les arbres en sirotant du saké et en écrivant des poèmes aussi brefs que lapidaires.
C'est la raison pour laquelle, ces jours-ci, laissant derrière moi les problèmes des hommes, je vais m'asseoir sous la nuée blanche d'un arbre et m'émerveiller devant les fleurs roses et blanches des amandiers qui couvrent les collines de Galilée. Cette délicate floraison, qui est notre version à nous du sakura japonais, nous permet de nous perdre dans la contemplation des fleurs. Un arôme de miel flotte dans l'air, les cieux sont d'un bleu limpide. Les marguerites jaunes ondulent au-dessus de l'herbe verte, luxuriante, qui tapisse le sol au pied de ces merveilles d'amandiers, semée de cyclamens mauves et d'anémones pourpre. La toile de fond nous est fournie par l'énorme masse neigeuse du Djebel ash Cheik (Mont Hermon) qui trône dans toute sa gloire. La Palestine est sœur du Japon. Ces deux terres accidentées sont le pays de montagnards têtus, entièrement voués à leurs coutumes et qui ne remettraient jamais en question leurs façons de faire.
Si les deux paysages présentent beaucoup de similitudes, il existe néanmoins des différences. La colline sur laquelle nous sommes assis, toute blanche telle l'écume de la mer à Jaffa, abrite les ruines d'un village. Si nous étions au Japon, les alentours bourdonneraient de vie. Mais le village de Birim est mort depuis cinquante ans. Il demeure beau, même dans la mort, comme le corps d'Ophélie descendant le fleuve flottant dans le tableau de Millais, peintre de la confrérie des préraphaélites. Ce n'est pas la guerre qui a réduit ce village en cendres. Ses habitants, des chrétiens, ont été expulsés de leurs maisons bien après la guerre de 1948. On leur a dit de partir, une semaine ou deux, pour des raisons de " sécurité ". Ils ne pouvaient que faire confiance aux officiers israéliens, alors ils sont partis. Leur village a été dynamité et leur église entourée de fil de fer barbelé. Ils sont allés devant les tribunaux israéliens, ont interpellé le gouvernement, des commissions ont été créées et des pétitions signées. Mais rien n'y a fait. Depuis un demi-siècle, ils vivent dans les villages voisins et, les dimanches, ils continuent de se rendre dans leur église. Leurs terres ont été saisies par leurs voisins juifs. Pourtant, ils continuent d'amener leurs défunts dans le cimetière de l'église pour les enterrer sous le signe de la croix.
Jusqu'à l'arrivée de l'armée israélienne, ce village en ruines et son église orpheline abritaient les paysans chrétiens de Birim qui, pendant des siècles de gouvernement ottoman, avaient vécu en paix avec leurs voisins musulmans de Nebi Yosha et l'antique communauté juive sépharade de Safed, toute proche. Ce petit Guernica de Galilée pourrait à lui seul remettre en question le mythe d'une civilisation judéo-chrétienne qui se serait opposée au " monstre " de l'Islam. C'est sur ce mythe que s'appuie le mouvement chrétien pro-sioniste qui compte, parmi ses plus fervents défenseurs, un ami de Mark Rich, citoyen new-yorkais de fraîche date : Bill Clinton.
Les problèmes que connaît le Proche-Orient sont suffisamment horribles sans qu'il soit besoin de dénigrer systématiquement les musulmans comme cela se fait aujourd'hui. Les pontes pro-israéliens du New York Times se plaisent à citer des versets sur la Jihad, qui vous font froid dans le dos, à ressasser les antiques traditions des guerres et des persécutions religieuses pour " prouver " la cruauté et l'intolérance de l'Islam. Barbara Amiel, charmante dame de la haute société londonienne d'ascendance juive, s'en fait l'écho. Sotto voce, elle écrit des articles dans lesquels elle parle de l'Islam qui " exclut " et de la " modération " des juifs. Le lobby pro-israélien fait feu de tout bois pour inciter à la haine. Avant la création d'Israël, on peignait les cheiks arabes comme des héros romantiques dans les films que tournait Rudolf Valentino. Aujourd'hui, les producteurs pro-israéliens d'Hollywood tournent, avec la délicatesse de Edward D. Wood Junior, des films de propagande dans lesquels on voit des terroristes musulmans mal rasés. Ce nouveau préjugé est amplifié au centuple par le Congrès des chrétiens sionistes qui revendique " une protection pour les chrétiens de Palestine contre les persécutions des musulmans ! " (sic). De toute évidence, ces gens-là ne se sont jamais promenés parmi les ruines de Birim.
A l'instant, un autre courrier électronique m'arrive sur mon portable, cette fois-ci il vient de Gaza. Une jeune américaine de San Francisco, Alison Weir, échappe aux balles israéliennes, réconforte des gamins palestiniens terrorisés et écrit : " le problème c'est que, quand on connaît la vérité, elle est bien trop cruelle, bien trop diamétralement opposée à ce que l'on croyait et à ce que tout un chacun continue de croire qu'il exprime. Le mensonge est trop gros, la répression trop absolue, la vie des Palestiniens trop horrible pour qu'on puisse écrire à leur sujet de façon raisonnable ".
Alison a parfaitement raison. On nous ment de façon éhontée quand on nous demande de faire couler le sang des musulmans. L'heure est venue de faire cesser ces calomnies. Je ne crois pas que les problèmes du Proche-Orient aient quoi que ce soit à voir avec la religion. Maintenant, si les partisans d'Israël veulent réveiller le spectre endormi de l'intolérance religieuse pour inciter les chrétiens à s'élever contre les musulmans, sachons peser le pour et le contre.
Si ces chrétiens pro-sionistes se préoccupent du Christ et pas seulement de Sion, apprenons-leur quels sont les sentiments des musulmans et des juifs à son égard. Dans un long article paru dans l'un des principaux journaux israéliens, Haaretz [édition du 28/01/1994], Rami Rozen a expliqué la manière dont les juifs voyaient traditionnellement les choses : " Aujourd'hui, les juifs éprouvent à l'égard de Jésus la même chose que ce qu'ils éprouvaient au IVe siècle ou au Moyen Âge : non pas de la crainte mais de la haine et du mépris ". " Pendant des siècles, les juifs ont dissimulé leur haine de Jésus au regard des chrétiens, et cette tradition se perpétue encore aujourd'hui ". " Jésus nous dégoûte et nous répugne " a affirmé un grand penseur moderne de la religion juive. Rozen précise que cette " répulsion n'est plus seulement le fait des juifs orthodoxes mais qu'elle s'est répandue dans l'ensemble de l'opinion publique juive ".
Selon un article du journal local de Jérusalem, Kol Ha-Ir [édition du 14/12/1993], la veille de Noël, les Hassidim ont pour habitude de ne pas lire les Livres saints de crainte que cela permette à Jésus d'échapper au châtiment éternel (d'après le Talmud, Jésus brûlera éternellement dans les chaudrons de l'enfer [Gittin, 56b-57a]). Cette tradition allait s'éteindre mais les Hassidim de Habad, fervents nationalistes, l'ont remise au goût du jour. Je me souviens encore de ces vieux juifs qui crachaient en passant près d'une église et maudissaient les défunts en passant près d'un cimetière chrétien. L'an dernier, à Jérusalem, un juif a décidé de faire revivre la tradition. Il a craché devant la sainte Croix que portaient des processionnaires traversant la ville. La police lui a épargné des problèmes plus graves mais le tribunal l'a condamné à verser une amende de 50 $, bien qu'il ait prétendu s'acquitter simplement de son devoir religieux.
L'an dernier, le tabloïde à plus fort tirage d'Israël, Yedioth Aharonoth, a repris dans ses Annales le Toledoth Eshu, prononcé juif anti-Évangiles datant du Moyen Âge. C'était la troisième fois que ce texte était réédité, avec sa parution dans un journal. Si l'Évangile est le livre de l'amour, Toledoth est le livre de la haine contre le Christ. Le héros de cet ouvrage est Judas, qui a raison de Jésus en souillant sa pureté. D'après le Toledoth, Jésus a été conçu dans le péché, ses miracles sont pure sorcellerie, et sa résurrection rien d'autre qu'un stratagème.
A propos de la mort de Jésus, Joseph Dan, professeur de mysticisme juif à l'université hébraïque de Jérusalem, écrivait que " les apologues modernes de la tradition juive, dont l'Église, après bien des hésitations, a emboîté le pas, préféraient blâmer les Romains. Mais, au Moyen Âge, les juifs n'ont pas voulu refiler le problème à d'autres. Ils se sont employés à prouver que Jésus devait être tué et étaient fier qu'il l'eût été. Les juifs haïssent et méprisent le Christ et les chrétiens ". De fait, ajoute Joseph Dan, tout porte à croire que ce sont les ennemis juifs de Jésus qui sont à l'origine de son exécution.
Encore aujourd'hui, en Israël, les juifs évoquent Jésus en utilisant le terme péjoratif de Yeshu (et non Yeshua), ce qui signifie " maudit soit son nom ". Une querelle est née pour savoir si c'est son nom qui est devenu un juron ou l'inverse. Dans un jeu de mots du même ordre, on appelle l'Évangile " Avon Gilaion ", le Livre du péché. Ce sont les mots tendres dont les amis des chrétiens sionistes qualifient le Christ.
Qu'en est-il des musulmans ? La plupart le vénèrent et l'appellent le " Verbe de Dieu ", " Logos ", " le Messie " et, en tant que prophète, le considèrent comme " le Messager de Dieu " dans la lignée d'Abraham, de Moïse et de Mahomet. De nombreux chapitres du Coran racontent l'histoire de Jésus, né d'une Vierge, et de sa persécution par les juifs. Sa vénérée mère fait l'objet d'admiration et l'Immaculée Conception est l'un des principes fondamentaux de l'Islam. Le seul nom du Christ glorifie l'édifice aux dômes dorés du Haram as Sharif. Selon la foi musulmane, c'est en ces lieux que le fondateur de l'Islam a rencontré Jésus et qu'ensemble, ils ont prié. Les Hadiths, qui disent la tradition musulmane, affirment, au nom du Prophète : " Nous ne vous interdisons pas de croire en Christ, nous vous l'ordonnons ". Les musulmans assimilent ce prophète à Paraclet, l'intercesseur (Jean 14/16) dont Jésus avait prédit l'avènement. Ils vénèrent des sites associés à la vie de Jésus : le lieu de l'Ascension, le Tombeau de Lazare et le Saint Sépulcre sont situés à proximité d'une mosquée et les Chrétiens peuvent y accéder sans difficulté.
Si les musulmans n'assimilent pas Jésus à Dieu, ils le proclament comme le Messie, l'Oint, le Résidant en Paradis. Familière aux Nestoriens ainsi qu'à d'autres Églises des premiers temps de la Chrétienté, mais rejetée par le grand courant du Christianisme, cette idée religieuse a ouvert la porte par laquelle se sont engouffrés les juifs qui ne parvenaient pas à se départir de la notion de monothéisme absolu. C'est la raison pour laquelle, au VIIe siècle, de nombreux juifs et chrétiens palestiniens ont embrassé l'Islam et sont devenus des Palestiniens de confession musulmane. Ils sont restés dans leurs villages ; ils n'ont pas quitté la Pologne ou l'Angleterre, ni appris le yiddish, ils n'ont pas étudié le Talmud. Ils ont continué de faire paître leurs troupeaux et de planter des amandiers. Ils sont restés fidèles à leur terre et à l'idée suprême de la fraternité entre les hommes.
Au sud d'Hébron, dans les ruines de Susiah, on peut voir comment, en l'espace de deux siècles, une synagogue s'est lentement transformée en mosquée, à mesure que la population troglodyte, toute proche, abandonnait sa foi exclusive dans les sorciers babyloniens et adoptait l'Islam. Ces pasteurs sont toujours là et continuent de vivre dans les mêmes grottes. L'an dernier, à deux reprises, l'armée israélienne a essayé de les en expulser pour laisser plus d'espace aux nouveaux colons venus de Brooklyn.
Pourquoi, en cette saison de floraison des amandiers, suis-je en train de ruminer sur le sujet sensible de l'attitude des juifs et des musulmans envers le Christ ? Parce que quelqu'un doit arrêter l'engrenage de la haine activé par les partisans d'Israël. Parce qu'on se sert du langage codé " judéo-chrétien " pour justifier les barbelés autour de l'église de Birim et l'encerclement de Bethléem par les chars. Parce que c'est un devoir d'ôter l'obstacle sur le chemin emprunté par les aveugles.
Les chrétiens pro-sionistes sont pour la plupart des âmes simples mal guidées, des gens remplis de bonnes intentions quoique peu avertis. Ils croient " soutenir les juifs " quand ils promeuvent l'esprit de haine contre le Christ chez les juifs. Ce n'est pas par hasard qu'un héraut de la Bible sioniste, Léon Uris, l'auteur "d'Exodus ", conservait dans sa chambre une affiche proclamant " Nous avons crucifié le Christ ", ni qu'hier, à un barrage routier sur la route menant à Bethléem, un soldat israélien m'a affirmé " Nous affamons les sauvages ", en parlant des chrétiens originaires de la ville de la Nativité. Ce n'est pas davantage un hasard si l'Évangile a fait l'objet d'un autodafé en Israël alors que les textes critiquant l'Évangile foisonnent, ni que les nouveaux immigrants juifs embrassant la foi chrétienne sont persécutés et déportés, ni que tout prosélyte de la foi chrétienne en Israël peut être jeté en prison aux termes des nouvelles lois anti-Christianisme, ni que les archéologues israéliens font disparaître à tout jamais les lieux saints et les vestiges du Christianisme en Terre sainte.
Aux dirigeants du mouvement chrétien pro-sioniste, qui savent forcément ce qu'il en est mais qui mènent leur innocent troupeau sur le chemin de l'Antéchrist, je dirai ceci : " quiconque entraînera la chute d'un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu'on lui attache au cou une grosse meule et qu'on le précipite dans l'abîme de la mer "(Mt 18/6).
A mes frères en judéité, je dirai que nous ne sommes pas liés par les opinions des juifs du Moyen Âge. Tout juif est libre de se déterminer et de décider s'il veut prier pour l'éradication des Gentils ou partager la bénédiction de la Terre sainte avec les villageois de Birim et de Bethléem. Au sein du peuple juif, il y a toujours eu des descendants spirituels des prophètes qui souhaitaient amener la paix et la bénédiction sur tous les enfants d'Adam. Aussi vrai que fleurira cet amandier, en vous se réalisera la prophétie : " Tu recevras plus de bénédictions que tous les peuples " (Deut. 7).
             
4. Jérusalem Capitale du patrimoine mondial en péril
Déclaration de la Chambre des Beaux-Arts de Méditerranée et Artistes Sans Frontières

Dans les conditions actuelles et suite aux déclarations d'Ariel Sharon quant au sort présent et futur de Jérusalem, nous considérons urgent et nécessaire de joindre notre voix contre les intentions de rendre et nommer Jérusalem "capitale éternelle et indivisible" de l'Etat Hébreu.
Nous estimons de notre devoir de rappeler que Jérusalem, ville plurielle millénaire, a toujours été et reste le symbole inimitable de l'unification entre peuples et confessions de la religion monothéiste, héritage précieux de toute l'humanité,
Que l'UNESCO a inscrit, depuis plusieurs années, Jérusalem dans la liste du Patrimoine mondial ainsi que celle du Patrimoine mondial en péril,
Que tant l'UNESCO, les Nations Unies et la Communauté Internationale en général, ont à maintes reprises adopté des positions relatives à la sauvegarde du caractère religieux, culturel, historique et démographique de cette ville, ainsi qu'au développement de toute mesure et initiative visant à renforcer une paix durable et équitable dans cette région, allant de pair avec l'absolue nécessité de maintenir et assurer l'équilibre global de l'ensemble de la ville et du site.
Que la Communauté Internationale a condamné, au sein de plusieurs instances, l'annexion de Jérusalem par Israël en 1967 et la violation du droit international, notamment en ce qui concerne le droit à l'autodétermination du peuple Palestinien.
Cette déclaration du chef du gouvernement Israélien dit "d'union nationale", arrive à un moment crucial pour le processus de Paix en Palestine et au Moyen - Orient en général, elle compromet les chances infimes des pourparlers pour la paix, va à l'encontre de l'esprit  des accords d'Oslo, rappelle, soutient et perpétue les violations successives subies par la ville, par la mise en place des colonies, le tunnel de Haram El-Sharif,… et bien d'autres violations de l'ordre naturel et culturel.
Dans une mise en scène politique de fait accompli, cette attitude est annonciatrice de nouvelles violations des droits des Palestiniens par une nouvelle occupation officialisée et soutenue par des votes précédents du Congrès Américain, de Jérusalem, faisant partie des territoires annexés arbitrairement et par la force en 1967, annexion non reconnue officiellement jusqu'à ce jour par la Communauté Internationale et les Etats Unis même...
Nous lançons an appel aux artistes, les intellectuels, à mobiliser les énergies désirant l'établissement d'une paix durable, équitable, assurant la dignité et les droits des peuples de cette région, dans le respect et la reconnaissance des droits du peuple Palestinien à sa terre et son appartenance aussi à sa Capitale, Jérusalem.
Nous faisons appel à l'UNESCO, la Commission Européenne, le Parlement Européen, le Conseil de l'Europe, toutes les institutions internationales et régionales, intergouvernementales et non-gouvernementales:
> A refuser toute tentative de falsification du caractère spirituel, culturel, historique, civilisationnel de la ville et du site de Jérusalem,
> A refuser les tentatives de pseudo-solutions du fait accompli ,de la politique de fondamentalisme étatique et des faux débats confessionnalistes qui se révèlent diamétralement opposés de la réalité historique et civilisationnelle de la région,
> A soutenir et renforcer le dialogue et les mesures visant à rétablir le processus d'une paix équitable et durable, en concertation avec les communautés concernées,
> A appuyer et encourager les travaux des experts de l'ICCROM  et de l'UNESCO en matière de préservation et restauration des biens culturels,
A faire respecter les principes et les accords universels relatifs au statut de Jérusalem, notamment lors des négociations engagées sur son statut final ,de façon à faire valoir et respecter les droits à la citoyenneté de la capitale de la Paix et de la Culture de toutes les communautés concernées, en liaison avec le respect des droits inaliénables du peuple Palestinien.
[Pour manifester votre solidarité vous pouvez signer cette déclaration par fax ou e-mail : Chambre des Beaux Arts de Méditerranée - Artistes Sans Frontières - 59, rue Cambronne - 75015 Paris FRANCE - Fax : +33 145 671 252 - E-mail : ch.beaux.arts@wanadoo.fr ou artistes-s-f@ifrance.com]
                 
5. Appel urgent de l'Université palestinienne de Bir Zeit
[traduit de l'anglais par Giorgio Basile]

Nous, enseignants et collaborateurs de l'Université de Bir Zeit, appelons nos collègues et nos amis du monde entier à nous aider à diffuser notre message, simple mais urgent - LAISSEZ NOTRE PEUPLE VIVRE ! Nous délivrerons ce message au cours de marches pacifiques de protestation contre les soldats israéliens et les chars qui nous empêchent aujourd'hui de rejoindre notre université par la seule route praticable, récemment bloquée.
Grande est aussi la souffrance des Palestiniens habitant les villages des environs, qui sont coupés de leurs moyens d'existence, des soins de santé, des écoles, des marchés. Jusqu'à présent, seules les balles et les gaz lacrymogènes ont répondu aux protestations. Nous avons besoin de votre aide pour que notre message soit entendu du monde entier.
La vague de violence à l'encontre de la population palestinienne a atteint des proportions sans précédent. La politique de siège pratiquée par l'armée israélienne, mise en oeuvre en barrant les routes et en creusant des tranchées autour des villes et des villages, ne cesse de s'intensifier, rendant impossible la satisfaction des besoins élémentaires de la population.
Cette politique frappe maintenant l'Université de Bir Zeit, nous empêchant, de même que nos étudiants, de rejoindre le campus afin d'y poursuivre les cours, les travaux de laboratoire et la vie académique.
Le 7 mars, avant l'aube, l'armée israélienne a détruit des tronçons de la seule route reliant l'université à Ramallah, creusant des tranchées et détruisant le revêtement d'asphalte sur environ 400 mètres. Ces dégâts occasionnés à la seule route reliant la ville de Ramallah au village de Bir Zeit et à 33 autres villages, représentant une population d'envion 65.000 habitants, ont entraîné une désorganisation complète de la vie quotidienne.
À ce jour, ni voitures, ni ambulances, ni vivres ne peuvent atteindre Bir Zeit et les villages environnants. La plupart des zones habitées par les Palestiniens ont déjà été isolées hermétiquement, au mépris de toute considération pour la population civile, et en contravention des lois internationales, et en particulier de la Quatrième Convention de Genève.
Ces mesures sont, au plein sens du terme, des crimes de guerre. Ces actions font clairement partie d'une stratégie à long terme d'Israël aussi bien dans la bande de Gaza qu'en Cisjordanie. Cette stratégie, adoptée par les gouvernements successifs, aussi bien Barak que Sharon, entend soumettre toute la population palestinienne, et lui faire accepter l'inacceptable.
- Nous vous demandons d'AGIR MAINTENANT :
1. Exigez l'arrêt immédiat de la politique de blocus.
2. Exigez que la population palestinienne fasse l'objet d'une protection internationale.
3. Exigez qu'Israël se soumette aux lois internationales.
Prenez contact avec l'ambassade d'Israël dans votre pays, et envoyez des messages de protestation au gouvernement israélien, aux adresses e-mail suivantes:
Benjamin Beneliazer, Ministre israélien de la Défense sar@mod.gov.il
Shimon Peres, Ministre israélien des Affaires Étrangères : sar@mofa.gov.il
Pour rester informé, visitez le site web de l'Université de Birzeit: www.birzeit.edu
          
Revue de presse

                         
1. Israël : première friction au sein du gouvernement Sharon
in Le Monde du mardi 13 mars 2001

Le blocus de Ramallah, en Cisjordanie, a entraîné la colère des Palestiniens et les premières critiques des ministres travaillistes à l'encontre du chef du gouvernement israélien.
Le nouveau premier ministre israélien, Ariel Sharon, a dû faire face, lundi 12 mars, à de sévères critiques de la part de plusieurs ministres travaillistes de son gouvernement d'union nationale en raison du renforcement du blocus de la ville autonome de Ramallah, dans le centre de la Cisjordanie.
Dimanche 11 mars, l'armée israélienne a en effet imposé un blocus total de Ramallah en bloquant tous ses accès par des barrages. Une des routes reliant une trentaine de villages à cette ville a été littéralement détruite par l'armée, qui l'a rendue impraticable en y creusant des tranchées.
Cette mesure affecte des dizaines de milliers de Palestiniens qui ne peuvent plus se déplacer, alors que la plupart travaillent à Ramallah. "C'est la guerre de Sharon contre le peuple palestinien", a déclaré le ministre palestinien de l'information, Yasser Abed Rabbo, qui a défilé avec un millier de personnes le long de cette route. "C'est une guerre raciste d'occupation contre laquelle nous lutterons, car nous n'avons rien à perdre", a-t-il ajouté. "Ce n'est pas un simple bouclage, mais une tentative d'isoler chaque village de son environnement naturel, a affirmé, quant à elle, la députée palestinienne Hanane Achraoui. Avec cette politique, Israël érige des prisons pour les Palestiniens sans avoir à en construire."
"UNE ESCALADE INJUSTIFIÉE"
Les Palestiniens ont tenté de combler une des tranchées avec des bulldozers, mais l'armée israélienne a riposté en tirant des grenades lacrymogènes, entraînant des heurts violents avec les manifestants et faisant un mort palestinien et 15 blessés.
A Gaza, l'Autorité palestinienne a "mis en garde Israël contre cette escalade injustifiée qui fera entrer la région dans un cycle de violences".
Le conseiller politique du président palestinien Yasser Arafat, Nabil Abou Roudeina, a demandé à "la communauté internationale, notamment l'administration américaine, de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à une escalade dangereuse pour la région".
M. Arafat devait rencontrer dans la soirée de lundi une délégation de l'Union européenne (UE) dirigée par la ministre suédoise des affaires étrangères, Anna Lindh, dont le pays exerce la présidence de l'UE, et comprenant le commissaire européen aux relations extérieures, Chris Patten. Cette délégation devait ensuite rencontrer M. Sharon et son ministre des affaires étrangères, Shimon Pérès, mardi à Jérusalem.
M. Pérès et d'autres ministres travaillistes ont vivement critiqué M. Sharon en raison du renforcement du blocus. "Cette mesure doit être révisée et le sera", a affirmé M. Pérès. Le ministre des transports, Ephraïm Sneh, a estimé pour sa part que, si cette mesure "visait à empêcher les déplacements des cellules terroristes, elle provoquait aussi l'amertume et la colère des populations palestiniennes et la réprobation internationale".
De son côté, le bureau de M. Sharon a assuré que ce blocus était "une mesure ponctuelle", ne constituait pas "un changement de politique" et avait été décidé à la suite d'informations sur une tentative d'attaque contre Israël à partir de ce secteur. "La politique du premier ministre est de lever les sanctions partout, mais d'agir contre les localités où il y a des menées terroristes", a poursuivi la présidence du conseil.
Par ailleurs, selon les médias israéliens, M. Sharon a donné la semaine dernière son feu vert à un plan de l'armée prévoyant un morcellement de la Cisjordanie. Ce plan viserait à diviser le territoire en 60 mini-secteurs d'importance variable en fonction de l'activisme palestinien qui y est constaté, une unité militaire particulière étant affectée à chaque secteur. - Avec AFP -
                    
2. Définir la violence par Gideon Levy
in Ha'Aretz (quotidien israélien) du dimanche 11 mars 2001
[traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier]

Qui est terroriste ? Aïda Fathiya marchait dans la rue ; Ubeïd Darraj jouait dans la cour de sa maison. Elle était mère de trois enfants ; il avait neuf ans. Tous les deux ont été tués, la semaine dernière, par les balles des Forces Israéliennes de Défense, sans raison. Leur meurtre pose, encore une fois, dans toute son horreur, la question de savoir si la violence des Palestiniens est la seule violence digne d'être qualifiée de "terroriste". Le terrorisme, est-ce seulement les voitures piégées, alors qu'abattre une femme et un enfant n'en serait pas ? Fathiya et le jeune Darraj s'ajoutent à une longue liste d'hommes, de femmes et d'enfants totalement innocents et néanmoins abattus par l'armée israélienne au cours des cinq mois écoulés. Dans les débats en cours en Israël, leur mort ne résulte pas d'"actions terroristes" ou d'"attaques terroristes", et les tueurs ne sont pas qualifiés de "terroristes". Non, on utilise ces termes si, et seulement si, la violence en cause est celle des Palestiniens...
En Israël, la droite - et la gauche - font toujours cette distinction : la violence palestinienne, c'est du terrorisme. Alors qu'Israël ne fait que se défendre. L'énorme disparité entre le nombre des victimes innocentes des deux côtés ne change rien à cette définition unilatérale. Le chef d'état-major des Forces Israéliennes de Défense, le général Shaul Mofaz, commandant une armée qui a tué au moins quatre-vingt dix enfants au cours des cinq mois écoulés, qualifie l'Autorité palestinienne d'"entité terroriste" et ignore délibérément les agissements de l'armée israélienne - et leurs conséquences désastreuses.
Mais il faut, inlassablement, poser les questions suivantes : les expropriations massives de terres, les destructions systématiques d'habitations, l'arrachage de vergers et d'oliveraies, ne sont-ils pas des manifestations de violence ? Couper l'eau à des villages et à des villes entières, n'est-ce pas une manifestation de violence caractérisée ?
La limitation de la liberté de se déplacer, en coupant des zones peuplées entières les unes des autres, et en refusant toute assistance médicale à leurs résidents - même dans les cas où il s'agit d'une question de vie ou de mort - n'est-elle pas aussi condamnable que des tirs contre une autoroute (israélienne) ?
Une femme enceinte dont l'enfant qu'elle porte meurt, ou un malade qui meurt, parce qu'on les empêche d'aller à l'hôpital - chose devenue presque routinière dans les territoires - ne sont-ils pas victimes d'une terrible violence ? Que dire du comportement de ces soldats et de ces policiers, à certains points de contrôle, sur les routes, partout ? Les humiliations, les coups, la violence des colons eux-mêmes contre les Palestiniens : comment doit-on les appeler ?
Pour la plupart des Israéliens, la violence, c'est ce que les Palestiniens nous font. La réaction israélienne est toujours une simple réplique, la plupart du temps mortelle, certes, mais beaucoup moins violente que l'acte qui l'a induite. Ils font sauter des bombes dans nos marchés, et nous nous contentons d'abattre les planificateurs des attentats, les incitateurs, les terroristes.
Il y a parfois des pruneaux perdus, comme le dit l'expression en vogue ces temps-ci et des innocents peuvent être tués. Mais, bien entendu, personne ne l'a fait exprès. Il s'agit juste de l'ordre ordinaire des choses, en temps de guerre. Ainsi, Israël en sort toujours avec les honneurs : il ne tue pas des innocents intentionnellement. Mais les nombreuses victimes se soucient-elles de savoir quelle était notre intention ?
Les Israéliens ne considèrent pas toutes les mesures prises par Israël - les sièges et les couvre-feu, les expropriations et les destructions de maisons - comme des violences, naturellement. C'est pourquoi Israël dit qu'il veut qu'un terme soit mis à la violence et qu'on "retourne au statu quo ante", soit comme condition, dans le cas du premier ministre Ariel Sharon, soit comme un préalable, dans celui du ministre des affaires étrangères Shimon Pérès, à toute reprise des négociations.
Quand Israël dit vouloir un retour au statu quo prévalant avant le déclenchement de l'Intifada, il veut dire qu'il exige des Palestiniens qu'ils mettent un terme à leur violence, et qu'alors la violence israélienne, qui n'est qu'une réponse défensive à celle des Palestiniens, cessera d'elle-même.
En d'autre termes, Israël exige des Palestiniens qu'ils se remettent à se soumettre servilement à la brutalité de l'occupation, alors même que la violence de l'occupation se perpétue.
A Oslo, les deux parties étaient convenues d'éviter la violence, prétend Israël, si bien que la flambée de violence actuelle représente (à ses yeux) une violation grossière de cet accord.
De plus, étant donné que les Palestiniens ont commencé l'intifada eux-mêmes - "ils l'ont déclenchée" - la responsabilité d'y mettre un terme repose entièrement sur leurs épaules. Mais l'intifada n'aurait-elle pas été précédée par une série de violences commises par Israël, qui a exproprié des terrains, bouclé des régions, démoli des fermes, expulsé des gens, torturé des suspects, asséché des sources et détruit des maisons d'habitation - tout cela, bien avant l'intifada, et avec non moins de violence que les Palestiniens ? Mais Israël n'exige pas qu'il soit mis un terme à cette violence là...
Lorsque c'est seulement les bombes explosant dans des bus ou les obus de mortier tombant dans des colonies qui sont qualifiés de violence, il est facile d'accuser la partie adverse de violer les accords.
Mais cela ne reflète pas le tableau complet de ce qui se passe. Israël n'est pas prêt, dans le même élan, à mettre un terme à sa propre violence. L'exigence qu'il soit mis un terme aux violences est évidemment légitime, justifiée. La violence - toute violence - est un mal, et y mettre un terme est la priorité des priorités dans toute négociation politique.
Israël peut - doit - exiger que les Palestiniens rangent leurs armes. Mais il devrait avoir la même exigence pour lui-même, et pour tous les types d'armes qu'il utilise contre les Palestiniens.
Mais lorsque - comme la semaine dernière - Israël utilise des bulldozers pour créer des barrières infranchissables autour de trente-trois villages, et qu'aucune ambulance ou aucune citerne d'eau potable ne peut plus s'en approcher, l'exigence de la cessation des violences atteint un degré d'hypocrisie insoutenable. Mettre fin à la violence ? Pourquoi Israël, dont la supériorité est écrasante, ne commencerait-il pas lui-même à le faire ?
        
3. Des colons juifs s'en prennent aux journalistes à Hébron
Dépêche de l'agence Reuters du samedi 10 mars 2001, 17h00

HEBRON, Cisjordanie - Quelque 200 colons ont attaqué des Palestiniens et les journalistes qui couvraient l'incident dans la ville divisée d'Hébron, en Cisjordanie. Les cameramen de Reuters Nael Shyoukhi et Mazen Dana filmaient la scène lorsque les colons ont encerclé Dana et l'ont roué de coups. Shyoukhi a été atteint par une pierre et un photographe de l'Agence France Presse, Hosam Abu Alam, a également été pris à partie. L'armée israélienne est intervenue et a escorté les journalistes vers une ambulance qui les a amenés à l'hôpital. Les Palestiniens et l'armée israélienne ont ensuite échangé des coups de feu et un colon a été blessé.
              
4. Washington se félicite du soutien financier européen aux Palestiniens - Bush et Powell réaffirment à Arafat leur attachement au processus de paix
in Al-Quds Al-Arabi (hebdomadaire arabe publié à Paris) du vendredi 9 mars 2001
[traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]

Le président américain George Bush et son secrétaire d'Etat Colin Powell ont assuré le président palestinien Yasser Arafat de leur engagement vis-à-vis du processus de paix au Moyen-Orient, à l'occasion de la Fête (musulmane) du Sacrifice ('Aïd al-'Adha) (information donnée par l'agence de presse palestinienne Wafa).
L'agence a rendu public le contenu de deux télégrammes de voeux à cette occasion, reçus par Arafat, de la part du président Bush et de son ministre Powell. Le président Bush a "exprimé au nom du peuple américain son profond espoir que le peuple palestinien connaîtra prochainement la renaissance de l'espoir, ouvrant des perspectives de paix et de prospérité".
Il poursuit : "Les Etats-Unis restent et resteront attachés au soutien de la marche vers la paix", ajoutant : "prions tous ensemble et luttons afin de susciter une atmosphère dans laquelle la paix soit possible."
Le ministre Powell, a écrit, pour sa part, dans son message de voeux, qu'il présentait "les voeux du peuple américain à votre excellence (Arafat) et à votre peuple (palestinien) à l'occasion de la Fête".
Il poursuit : "j'apprécie hautement ma rencontre récente avec vous à Ramallah, et j'espère que notre entraide se poursuivra à l'avenir".
Powell a appelé à la création d'un contexte dans lequel "il y ait place pour les efforts en vue de réaliser la paix, permettant au peuple palestinien d'avoir espoir dans un lendemain plus radieux" (!)
Au cours de sa visite en Israël et en Cisjordanie, le 25 février dernier, Powell avait appelé Israël et les Palestiniens à oeuvrer afin de sortir du "cercle effrayant de la violence", demandant à l'Etat hébreu, en particulier, de lever le bouclage des territoires palestiniens.
Par ailleurs, le Secrétaire d'Etat a salué, mardi dernier, le soutien financier "généreux" offert par l'Union européenne à l'Autorité palestinienne présidée par Yasser Arafat.
Powell, qui s'exprimait à la fin d'une réunion ministérielle américano-européenne, à Washington, a fait état de "la satisfaction que lui apportait le soutien financier généreux offert par l'Union européenne à l'Autorité palestinienne", qui est confrontée à des difficultés économiques extrêmes depuis le début des affrontements avec les forces israéliennes, en septembre dernier.
Mais il n'a pas précisé, malgré cet enthousiasme, si Washington entendait se joindre à ce soutien financier international à l'Autorité palestinienne, comme le souhaiterait l'Union européenne.
Le Secrétaire d'Etat, au cours d'une conversation officielle avec Ana Lind, son homologue suédoise, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne, a affirmé avoir eu "des échanges excellents" sur ce dossier avec elle, ajoutant que l'Union européenne et Washington "partagent absolument les mêmes vues" sur le conflit israélo-palestinien.
Powell a ajouté que l'Union européenne et les Etats-Unis appellent "les deux parties à faire tout ce qui est en leur pouvoir afin de mettre fin aux violences immédiatement".
Powell a fait part, également, de la condamnation conjointe (américano-européenne) de l'"incitation" à la violence, et l'espoir qu'il place en l"allégement des entraves mises à l'activité économique", en une allusion transparente aux mesures de rétorsion prises par Israël contre l'économie palestinienne.
Rappelons que l'Union européenne est le premier contributeur en matière d'aides financières à l'Autorité palestinienne : elle lui a accordé 27,5 millions de $ en décembre 2000, suivis de 30 millions de $ en janvier 2001. L'Agence de Secours et d'Emploi pour les Réfugiés palestiniens au Moyen-Orient, de l'ONU (l'UNRWA) a indiqué, mardi dernier, qu'elle serait contrainte à réduire les rations alimentaires et les soutiens scolaire et sanitaire qu'elle apporte à 200 000 familles palestiniennes (familles, c'est nous qui soulignons, NdT) dans les territoires occupés, si les pays donateurs ne font pas un effort financier plus important d'ici la fin de cette année.
Peter Hansen, président de l'UNRWA a alerté sur le fait que l'Agence pourrait être confrontée à un trou budgétaire de l'ordre de 65 millions de $ en 2001, alors que les besoins des nécessiteux pour lesquels elle oeuvre sont accrus. Il a présenté un tableau peu réjouissant de la situation dans les territoires occupés par Israël, où plus de 400 personnes, en grande majorité, des Palestiniens, ont été tuées depuis le début de l'Intifada, en septembre dernier.
Hansen a déclaré au cours d'une conférence de presse, à Genève : "il faudra plus de cinq ans pour réparer les dégâts subis par les territoires occupés au cours des cinq mois écoulés".
Selon Hansen, un Danois qui travaille depuis longtemps comme responsable des aides des Nations-Unies, le taux de chômage a atteint une moyenne de 45% dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, tandis que la situation sanitaire se dégradait, notamment du fait que les Palestiniens sont confrontés quotidiennement au bouclage des territoires et aux barrages de contrôle israélien.
Le taux d'enfants morts-nés a augmenté de 58% sur la période allant de septembre 2000 à février 2001 (en comparaison avec la même période, un an auparavant), tandis que le pourcentage des enfants bénéficiant de vaccinations a régressé à 85%, alors qu'il était de 100% auparavant.
Hansen a dit qu'"il va sans dire que le chômage très élevé, 45%, concerne depuis cinq mois une population dont les économies sont ponctionnées de manière extrême. Nous assistons à l'entrée dans le cercle sans fin de la pauvreté extrême d'un nombre croissant de familles n'ayant plus rien".
Pour l'année 2001, le budget de l'UNRWA, qui assiste 3,8 millions de réfugiés palestiniens en Jordanie, au Liban et en Syrie, en plus de ceux qui vivent dans les territoires occupés par Israël, en Cisjordanie et à Gaza, est de 311 millions de $.
Hansen a dit que "65 millions de dollars, cela représente un déficit budgétaire énorme, à quelque aune qu'on le mesure. C'est un déficit qui sera ressenti très durement, s'il n'est pas comblé, par les enfants qui vont à l'école de l'UNRWA, les malades qui ont recours à ses hôpitaux et les plus pauvres qui ont un besoin vital des aides allouées un peu avant la fin de l'année".
Un appel à assurer 40 millions de $ pour les réfugiés palestiniens des territoires occupés a été honoré, en octobre dernier. Un deuxième appel visant à réunir 39 millions de $ afin de créer des emplois, sur la période allant de mars à mai prochain a été lancé, mais jusqu'à présent, ce ne sont que 5 millions de $ qui ont été récoltés.
Hansen a conclu en indiquant que 80 millions de $, pour six mois, "ne représente qu'une goutte d'eau dans un océan, face aux pertes énormes subies par l'économie".
                  
5. Méfions-nous du renard Pérès par Abd al-Bari Atwan
in Al-Quds Al-Arabi (hebdomadaire arabe publié à Paris) du vendredi 9 mars 2001
[traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]

Nous ne sommes pas d'accord avec tous ces responsables arabes qui demandent, en invoquant le réalisme, que l'on donne à Ariel Sharon un certain temps avant de formuler un avis sur son gouvernement et sur ses intentions. En effet, cet homme, qui a dépassé les soixante-treize ans, ne peut pas changer de peau à son âge : de même, il ne peut changer ni de politique, ni de positions. Nous devons ne pas oublier, (et nous devons rappeler sans cesse) le fait que c'est lui qui a déclenché l'intifada, il n'y a pas plus de six mois, en effectuant sa visite provocatrice à la mosquée Al-Aqsa, visant à en revendiquer la "judéïté".
Il serait possible de parler de changement si Sharon était encore dans la fleur de l'âge et s'il était arrivé au pouvoir avec quelque majorité, s'il dirigeait un gouvernement de droite, fût-il minoritaire, mais l'homme est arrivé au pouvoir avec une délégation populaire extrêmement large, non pour faire la paix, mais pour réprimer l'intifada. C'est dans ce but qu'il a choisi de diriger un gouvernement d'union nationale comportant un cocktail d'idéologies des plus contradictoires, de l'extrême droite à la gauche extrême.
Alors que les entreprises, depuis les plus grands trusts jusqu'aux plus modestes PME, en Orient comme en Occident, examinent avec le plus grand soin le comportement et l'expérience de tout candidat à un emploi chez elles, avant de décider de sa compétence, de son mérite et de son éventuelle manière de servir future, pourquoi les mêmes critères ne s'appliqueraient-ils pas lorsqu'il s'agit d'anticiper les orientations futures d'un Sharon, non seulement en ce qui concerne l'intifada, mais l'ensemble de la région arabe ?
Les états de service de Sharon se distinguent par son caractère sanguinaire, il est connu aussi pour ses incartades et il y a plus dangereux : l'escadron de faucons qu'il a choisis afin d'occuper des postes stratégiques dans son gouvernement, comme Jeboam Zeïvi, Avidor Liberman, Natan Tcharansky et Benyamin Ben Eliezer : tous ont en commun la haine des Arabes, sur des bases purement racistes.
Il est certain que la coalition ministérielle actuelle en Israël est appelée à se déliter et à s'effondrer d'ici quelques mois, et que le gouvernement ne consistera plus qu'en ce noyau de racistes haineux, et Sharon en est parfaitement conscient. Mieux : il a planifié cet effondrement rapide vraisemblable en choisissant un gouvernement aussi composite. Il a en effet besoin de ce paravent de grandes dimensions, pendant quelques mois, le temps d'en finir avec l'intifada par le recours à toute la violence répressive nécessaire.
Sharon va s'efforcer de mettre un terme à l'intifada en réduisant au maximum les pertes israéliennes, en imposant ses diktats terroristes à la direction palestinienne, consistant à refuser de se rendre à la table des négociations tant que l'intifada continuera.
S'il y parvient, s'il parvient à arrêter l'intifada, il fera ce qu'avaient fait, avant lui, Itzhak Shamir et Benjamin Netanyahu, les deux leaders précédents du Likoud : il ira s'asseoir à la table des négociations, non pour parvenir à de quelconques accords, mais pour manoeuvrer, temporiser, faire perdre du temps. Shamir, par exemple, a reconnu s'être rendu - à reculons - à la conférence de Madrid, avec la ferme intention de faire en sorte que les négociations traînent durant plus de vingt ans...
Même si les probabilités que Sharon parvienne à ses fins paraissent limitées, elles n'en sont pas moins réelles, pour deux raisons. La première, c'est la présence d'un renard rusé et suprêmement opportuniste au poste de ministre des affaires étrangères, en la personne de Shimon Pérès, la deuxième étant l'absence d'une position arabe ferme, en face de Sharon.
Il est regrettable que Pérès ait pu tromper autant de chefs d'Etat et de responsables arabes, avec sa modération de façade et ses propos mielleux sur la paix et la coexistence. Il peut utiliser ses "amitiés arabes" afin de vendre Sharon et d'en donner une image plus amène aux Arabes et, plus généralement, au monde entier. Le fait qu'il ait jeté son dévolu sur ce maroquin-là, et pas un autre, représente une manoeuvre tacticienne fort intelligente de la part de Sharon, et nul ne sera surpris - en tous les cas, pas nous - de voir Pérès inaugurer ses nouvelles fonctions par une tournée dans les pays arabes afin de s'assurer de la bienveillance de ses amis arabes - fort nombreux, comme on sait - sous couvert de leur exposer le programme du nouveau gouvernement israélien...
Ce qui nous inquiète, c'est de constater que Pérès jouit d'un certain charisme auprès de certains dirigeants arabes, et en particulier auprès du Président palestinien Yasser Arafat, qui l'a reçu avec tous les honneurs, lorsqu'il est venu le voir en tant que médiateur juste après le sommet de Sharm al-Shaykh. Arafat a alors accepté de mettre un terme aux affrontements et de reprendre la coordination palestino-israélienne en matière de sécurité, en application des accords du même nom, de triste mémoire. Sans la sagesse du Créateur, et sans la jalousie de Barak, qui a fait échouer cette initiative, l'intifada ne se serait pas poursuivie jusqu'ici, surtout lorsqu'on sait qu'au niveau de la direction palestinienne, d'aucuns verraient d'un bon oeil qu'on enterre vivante (wa'd, NdT) l'intifada, cette intifada qui a eu le culot d'entraîner la suspension des négociations, contraignant les "grands" négociateurs à faire la queue à l'ANPE.
Les sept années d'Oslo ont créé une génération de "réalistes" palestiniens, qui ont fait de l'ennemi un ami ("humanisation" de l'ennemi), avec lequel il est loisible de faire des longueurs de piscine et de jouer au tennis au cours des pauses de repos et de détente des négociations-marathon dans quelque villégiature huppée, que ce soit à Eïlat, à Taba ou à Sharm al-Shaykh, ou dans les clubs de "body fitness" des palaces d'Oslo ou de Stockholm. Ces gens-là sont, à notre humble avis, plus dangereux pour le peuple palestinien et sa cause nationale que les nombreux faucons de l'équipe Sharon.
Les Israéliens, et derrière eux, les Américains, et aussi, certains Arabes, ont fait quelque chose de "bien", (à leur corps défendant) lorsqu'ils ont affaibli l'Autorité palestinienne, en tarissant ses sources de financement, la plaçant dans l'incapacité de payer les salaires de son armée principale : les forces de sécurité, avec leur effectif important de fleurons du "Fatah". La loyauté de ces formations est devenue chancelante, et elles se sont rangées, pour la plupart, du côté du peuple et de l'intifada : c'est là la principale garantie que l'insurrection se poursuivra, de la manière la plus âpre.
Le peuple palestinien n'a pas peur de Sharon, ni de sa répression. Que peut faire Sharon contre  des gens qui ont choisi le martyre, se transformant en bombes humaines ambulantes dans les rues de Netanya, de Tel-Aviv ou de Jérusalem ? Il leur suffit qu'il n'y ait pas la mort absolue après leur propre mort : ils se font alors concurrence sur la voie du martyre, et tandis que certains y accèdent, d'autres s'y préparent, dans la fébrilité.
                    
6. Les élites politiques palestiniennes et arabes étant confrontées à une certaine perplexité : l'Intifada est-elle en voie de régression ? par Ibrahim Abrash
in Al-Quds Al-Arabi (hebdomadaire arabe publié à Paris) du vendredi 9 mars 2001
[traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]

(Ibrahim Abrash est professeur de sciences politiques à la Faculté de Droit de Rabat)
Une vérité amère est généralement préférable à une douce illusion berçant les sentiments et dissimulant, telle la feuille de vigne, les pudenda de la politique. Cette vérité amère est celle qui nous dit que l'intifada actuelle est différente de celle de 1987, et que l'intifada d'aujourd'hui, l'intifada d'Al-Aqsa, a commencé à s'essouffler et à perdre pied, au bout de sa sixième semaine, que l'on qualifie le changement survenu de changement de tactique ou de développement du mode d'action combattante, ou de tout ce que l'on voudra. L'intifada, en tant qu'action de masse, voulue, orientée, et dirigée contre l'ennemi, n'est plus ce qu'elle était au cours de son premier mois. Soyons plus précis : l'intifada, en tant qu'action populaire de confrontation avec l'ennemi vise à créer un changement qualitatif dans la réalité qui n'aurait pas pu exister sans elle. En ce sens, l'intifada diffère de l'état de belligérance et de résistance populaire contre l'ennemi, ce dernier existant depuis qu'existe l'ennemi sioniste.
Ces propos ne plairont peut-être pas à certains, blessera peut-être même la sensibilité de certains autres, surtout lorsque ceux-ci entendent et voient les médias apporter quotidiennement les images des martyrs et des blessés, des opérations de démolition de maisons et de bouclage des territoires par les forces d'occupation, qui visent le territoire et les hommes, en Palestine. Comment : il n'y aurait plus d'intifada, alors que tous les médias, tous les responsables palestiniens et arabes, voire même israéliens, ne parlent que de la continuation de l'intifada palestinienne ?
L'impetus de l'intifada, en tant qu'action populaire orientée, en confrontation directe et possédant l'initiative, a commencé à régresser, à partir de sa sixième semaine. Depuis lors, l'ennemi a repris l'initiative sur le terrain, passant de la défensive à l'offensive. Ceci ne signifie nullement que l'ennemi n'aurait jamais procédé à l'offensive. En effet, l'intrusion par un Sharon escorté de trois mille soldats sur l'esplanade des Mosquées représente bien une offensive affichée et provocatrice contre les Palestiniens. Bien plus, la présence de l'ennemi sur notre terre représente une offensive permanente, continue, contre nous. En effet, les forces d'occupation n'ont pas attendu que les insurgés en colère viennent au-devant de leurs positions fortifiées aux carrefours ou aux entrées des colonies. Non, c'est l'ennemi lui-même qui a pris l'initiative de tirer contre les Palestiniens, soit qu'ils manifestassent, ou qu'ils fussent de simples passants paisibles. L'ennemi est allé jusqu'à "faire des cartons" sur des jeunes gens et des enfants dans la cour de leur maison, dans leurs champs, dans les taxis. De même qu'il n'a pas reculé devant les assassinats planifiés d'activistes de l'intifada à l'intérieur des territoires régis par l'Autonomie palestinienne.
Les forces d'occupation sont passées de la défensive - ou, plus exactement, de la réplique par les armes contre les insurgés, depuis des positions stratégiques préparées à l'avance - à l'offensive généralisée contre les Palestiniens : offensive tout à la fois militaire, économique, politique, informationnelle. L'ennemi s'est acharné à tuer et à mutiler les enfants et les jeunes gens, toute personne palestinienne, en réalité, tout en renforçant les fortifications qui entourent ses colonies, en envoyant des forces armées supplémentaires sur les territoires autonomes, en éradiquant de vastes parties des propriétés des Palestiniens, annexant certaines d'entre elles à ses colonies ou empêchant que leurs propriétaires palestiniens ne s'y rendent, en construisant des routes de contournement passant sur les territoires régis par l'Autorité palestinienne, sans aucunement lui en demander l'autorisation, en mettant en application un plan préparé à l'avance, consistant à isoler les villes et les villages palestiniens les uns des autres et, globalement, du monde extérieur, afin, grâce à cet isolement imposé, au gel des fonds dûs à l'autorité palestinienne,  au blocus sur les aides arabes et internationales, et à la fermeture des frontières et de l'aéroport (de Gaza), de mettre en pratique une politique délibérée visant à affamer et à humilier le peuple palestinien.
L'ennemi sioniste a retenu la leçon de l'intifada de 1987, en mettant à profit les circonstances actuelles aux Etats-Unis et dans le monde arabe, afin de s'en prendre au seul peuple palestinien et de le mettre le dos au mur, pensant que ces agissements le pousseront à se soumettre à sa volonté et l'obligeront à obtempérer à son diktat. Continuer à parler, aujourd'hui, de l'intifada palestinienne, et en gonfler l'efficacité et la puissance non seulement ne correspond pas à la réalité, mais donne à l'ennemi un prétexte pour perpétuer son agression contre les personnes et contre la terre, en excipant d'une prétendue nécessité de faire face à une insurrection toujours croissante et à des violences contre lesquelles on ne saurait se défendre que d'une main de fer. Aujourd'hui, l'ennemi, en prétextant la nécessité de répliquer à une intifada offensive, se livre à un investissement progressif et planifié des territoires de l'Autorité palestinienne, à l'encontre de tous les résultats acquis au cours de la période de l'autonomie, si bien que ces acquis ne sont plus que des châteaux de sable construits sur des sables mouvants. L'ennemi a repris l'initiative, il se livre  à des tueries de sang froid visant le peuple palestinien, sans aucun égard pour les règlements internationaux ni pour les accords par lui signés avec l'Autorité palestinienne, ni pour l'opinion publique internationale, ni pour le monde arabe, ni pour le monde islamique, pour ne pas parler des valeurs humaines ou morales.
Que le comportement sioniste soit une sorte de fuite en avant, visant à couvrir sa crise interne, ou un comportement planifié à l'avance, l'ennemi a, aujourd'hui, l'initiative sur le terrain. Il est parvenu à paralyser toute capacité d'action ou de pensée de l'élite politique palestinienne, qu'elle soit associée à l'Autorité ou dans l'opposition, ce qui apparaît de manière évidente dans les positions et les déclarations contradictoires des responsables palestiniens - sans qu'il soit besoin de rappeler l'impuissance et l'improvisation totale face aux événements en Palestine qui caractérisent les mondes arabe et islamique - et comment l'élite palestinienne et l'Autorité palestinienne ne seraient-elles pas en proie à la désorganisation alors qu'elles voient leur peuple en proie à la famine, les colonies s'agrandir aux dépens des territoires relevant de leur gestion, Jérusalem en proie à la judaïsation et le nombre de prisonniers en croissance constante - Israël a, en effet, arrêté, au cours de l'intifada, environ sept cents Palestiniens - la position arabe paralysée, la position européenne hésitante et la position américaine de plus en plus alignée sur Israël. Elles voient tout cela alors qu'elles faisaient miroiter à leur peuple, peu avant le déclenchement de l'intifada, que les colonies seraient démantelées, que les prisonniers seraient libérés, que le bien-être serait généralisé et que l'Etat palestinien indépendant serait proclamé, avec Jérusalem pour capitale ?
Le fait que les choses ne se passent pas comme nous l'aurions souhaité ne justifie pas que nous tentions d'échapper à la nécessité de reconnaître la réalité, même si reconnaître la réalité signifie reconnaître les fautes. Reconnaître ses fautes n'est pas une honte, c'est au contraire une preuve de sens de ses propres responsabilités. Reconnaître la réalité peut contribuer au redressement du tir et au sauvetage de ce qui peut encore être sauvé. La vérité, c'est que l'intifada a perdu rapidement sa dynamique et que l'élite politique palestinienne n'est plus capable d'en garantir précisément l'efficacité ni la direction de son action. Nous ne visons pas ici les dimensions stratégiques de l'événement-intifada en tant que tel, ni les messages profonds qu'elle a envoyés en direction de plus d'une instance nationale, locale et internationale, ni l'esprit de résistance qui caractérise le peuple palestinien, ni la grandeur de ce peuple, ce sont là des choses qui sont présentes depuis le tout début de l'occupation. La prise de connaissance de ce qui se passe sur le terrain ne passe pas par les seuls médias - malgré toute leur importance - car ils ont le plus souvent pour objectif de susciter l'intérêt et de focaliser le public sur des choses sortant de l'ordinaire ou de complaire à l'opinion publique et d'entrer en sympathie avec les émotions populaires. Le spectacle des funérailles des martyrs, des blessés, des mères des martyrs, de leurs enfants, pleurant le fils ou le père disparu, sont des spectacles qui suscitent la compassion ou qui choquent les sensibilités. Si ces images s'accompagnent de communiqués prévenant d'une explosion imminente dans l'ensemble de la région et avertissant de la probabilité du déclenchement d'une guerre généralisée, l'impact n'en est que plus grand.
Eh bien oui, et nous le disons avec grand regret, il n'est pas dans l'intérêt du peuple palestinien de se laisser entraîner par le courant informationnel tendant à magnifier l'intifada et à lui faire porter plus que ce qu'elle ne peut porter en réalité. Il n'est pas dans son intérêt de continuer à compter sur les bras des enfants et des jeunes hommes de la guerre des pierres afin de se gagner les sentiments ou de récolter quelques maigres aides financières. Il n'est pas dans son intérêt de se laisser leurrer par les TV arabes diffusées par satellites, qui en rajoutent souvent sur la réalité de l'intifada et qui incitent le peuple palestinien à résister et à poursuivre l'intifada, tandis que les pays qui financent ces chaînes de télévision contribuent à encercler le peuple palestinien et à garder par-devant eux l'argent récolté pour secourir l'intifada sous des prétextes des plus fallacieux, de même que certains de ces pays considèrent que le fait d'autoriser leurs moyens d'information à couvrir l'intifada et à participer à des grandes fêtes de charité visant à récolter des aumônes pour le peuple palestinien représente leur contribution nationale et islamique à la prise de responsabilité arabe et islamique vis-à-vis de la Palestine et de Jérusalem. Quant à l'ennemi sioniste, son insistance à parler de l'intifada et de la violence qu'elle causerait ne vise qu'à se donner le prétexte lui permettant de perpétuer sa politique de répression et d'expansion, tout en lui fournissant une diversion médiatique sur le plan international. Parler de la grandeur du peuple de l'intifada est une chose, se poser la question des raisons pour lesquelles l'action-intifada ne donne pas les fruits escomptés en est une autre. Il est sûr que l'intifada a provoqué des mutations profondes dans la pensée politique et dans la culture politique arabes, incitant la réflexion à des reprises en considération de ce qui était admis comme des données acquises. Mais les questions posées sont celles de savoir pourquoi l'élite politique et le peuple sont-ils en proie à un tel désarroi et à une telle désorganisation ; pourquoi une vision claire se dérobe-t-elle devant l'élite politique et même devant le peuple dans son ensemble ; pourquoi l'intifada de 1987 s'est-elle poursuivie plusieurs années, tandis que l'intifada actuelle a pu être cernée par l'ennemi en si peu de temps ?
De nombreux facteurs différencient l'intifada d'Al-Aqsa de la première intifada de 1987, réduisant la capacité de l'intifada actuelle à réaliser des avancées réelles, tangibles, pour la cause palestinienne, et permettant indirectement à l'ennemi de passer rapidement de la défensive à l'offensive , et par conséquent, de réduire le momentum de l'intifada. Ce sont :
- 1° : le fait que l'intifada de 1897 se produisait dans des circonstances politiques et révolutionnaires palestiniennes et arabes relativement actives, la relation entre, d'une part, l'entité sioniste et, d'autre part, les Palestiniens, les Arabes et les musulmans, étant une relation d'opposition entre ennemis en état de guerre. D'où un plafond élevé pour l'intifada, puisqu'il s'agissait de celui d'une révolution et d'une légitimité historique, tandis que l'intifada d'al-Aqsa intervient dans un contexte politique général dominé par les idées de paix et de coexistence, ce qui fixe à l'intifada un plafond que l'Autorité s'efforce de définir d'une manière exploratoire, un plafond bas, changeant, par conséquent, indéfini ;
- 2° : l'intifada de 1987 se produisait dans un espace ouvert : l'ensemble de la Cisjordanie et de Gaza, tandis que l'intifada d'aujourd'hui se déroule alors que la Cisjordanie et la bande de Gaza sont deux régions séparées l'une de l'autre, cantonisées, soumises à des mesures de sécurité renforcées, que même l'Autorité palestinienne doit observer ;
- 3° : l'ennemi a profité tant de l'intifada de 1987 que de l'intifada consécutive à l'affaire du tunnel, en 1996. En ayant tiré la leçon, il s'était tenu prêt à toute éventualité de répétition des mêmes événements, alors que les insurgés et l'Autorité n'ont pas développé leurs moyens de lutte, qui se limitent aux pierres et aux moyens d'information ;
- 4° : la première intifada s'est produite alors que le monde vivait encore sous le règne du bipolarisme, avec ce que ceci signifiait d'impossibilité pour les Etats-Unis de se consacrer au Moyen-Orient, d'existence d'un allié stratégique sur lequel se reposer, ne serait-ce que pour dissuader Israël d'aller jusqu'au bout de son agression. De plus, la première intifada est intervenue alors qu'existaient encore une certaine forme de solidarité arabe et quelques souvenirs des mouvements arabes de libération nationale, alors que l'intifada actuelle se déroule dans un contexte dans lequel les Etats-Unis peuvent diligenter seuls la région (et d'ailleurs, le monde entier), et où l'ordre régional arabe s'est effondré, ainsi que le mouvement de libération nationale arabe, tandis que les régimes arabes sont alignés comme jamais sur les Etats-Unis. Il en résulte qu'aucun ministère (arabe) des affaires étrangères n'est désormais à même de soutenir sérieusement le peuple palestinien insurgé ou de représenter une menace à même de contraindre Israël à répondre favorablement aux revendications des insurgés.
- 5° : la première intifada mettait en confrontation directement le peuple palestinien et les forces d'occupation. Les Palestiniens n'avaient rien d'autre à perdre que les chaînes de l'occupation. L'OLP jouait son rôle de direction et de soutien de l'intifada. Aujourd'hui, en revanche, s'il y a toujours affrontement direct entre le peuple et les forces d'occupation israéliennes, il y a aussi l'Autorité palestinienne, ses institutions et ses prérogatives et privilèges. Il y a une Autorité qui a quelque chose à perdre, si la confrontation est poussée à son extrémité, c'est ce qui explique la perplexité qui semble frapper l'Autorité palestinienne, et c'est ce qui explique, également, l'utilisation faite par Israël de l'existence même de l'Autorité palestinienne, avec tout ce qu'elle a pu sécréter en matière d'intérêts qu'Israël utilise comme autant de cartes dans son jeu stratégique.
- 6° : l'intifada de 1987 était plus généralisée, elle s'étendait à toutes les couches de la population et aux organisations politiques, tandis que l'on remarque que la majorité des insurgés, aujourd'hui, sont des enfants ou des jeunes gens, tandis que l'absence de participation des femmes et des hommes mûrs est patente. Au cours de l'intifada précédente, les différentes couches de la population se faisaient concurrence pour montrer leur force sur le terrain des affrontements, alors qu'aujourd'hui, il semble que beaucoup d'organisations politiques s'efforcent de conserver l'essentiel de leurs forces pour l'étape à venir, qui ne sera pas nécessairement celle de la libération totale.
- 7° : on constate l'absence d'une stratégie commune et claire des forces politiques palestiniennes, et même à l'intérieur de chacune des formations politiques. Bien que tout le monde parle de l'intifada et de la nécessité d'affronter l'ennemi et en dépit de l'existence d'une atmosphère d'unité (nationale) plus poussée que par le passé, tout se passe sur fond d'une grande prudence dans les relations entre les différentes forces politiques - parties prenantes à l'Autorité et oppositionnelles - chacune d'elles ayant sa vision et sa stratégie propres.
- 8° : l'engagement de principe des Arabes et des Palestiniens dans l'affirmation de la paix comme choix stratégique - qu'ils n'ont cessé d'affirmer dans leurs déclarations et au dernier sommet arabe, notamment, par la voix de Husni Mubarak - a renforcé la position d'Israël face à l'intifada, car ces déclarations lui ont envoyé le message suivant : les Arabes ne feront pas la guerre, quoi qu'il (Israël) fasse aux Palestiniens. De même, le fait que les Arabes et les Palestiniens se soient engagés dans le processus de paix comme choix stratégique ôte toute crédibilité à toute menace de recourir à la lutte armée, de la part des Palestiniens.
- 9° : l'engagement de l'Autorité palestinienne à respecter tous les accords signés rend douteuse sa capacité à diriger une insurrection populaire qui pourrait se transformer en révolution appelée à se poursuivre jusqu'à l'indépendance, c'est ce qui explique l'apparition de directions de terrain, à l'intérieur du Fatah, qui tentent de couper l'herbe sous les pieds des forces d'opposition, d'une part et, d'autre part, de blanchir la direction du Fatah au niveau de l'Autorité, et de donner le change quant à l'état de paralysie et de totale impuissance dans lequel se trouve la direction du Fatah, principale force de l'exécutif palestinien.
          
7. Après la géographie, l'Amérique "se plante" en histoire (Point de vue d'Al-Quds)
in Al-Quds Al-Arabi (hebdomadaire arabe publié à Paris) du vendredi 9 mars 2001
[traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]

Dans son discours devant la Commission des Affaires Etrangères, au Congrès américain, Colin Powell a commis deux erreurs, et il a eu juste, une fois. Nous parlons ici de la partie de son discours relative à l'Irak, et non de celle qui traitait de la Palestine, avec notamment sa promesse de transférer l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Il s'agit là d'une autre bévue, sur laquelle nous reviendrons ultérieurement.
Sa première bévue a été son insistance sur la nécessité du retour des enquêteurs internationaux chargés de surveiller l'arsenal irakien d'armes de destruction massive. La deuxième, quant à elle, a été son insistance sur le fait que le blocus imposé à Bagdad n'était, d'après lui, nullement en voie de délitement, et que toute révision de ce blocus ne saurait aller que dans le sens de son renforcement et certainement pas de son allégement. Mais là où Powell a eu la moyenne, c'est lorsqu'il a reconnu que les sanctions "idiotes" ont d'ores et déjà commencé à avoir un effet contre-productif, l'opinion publique irakienne, et arabe d'une manière générale, ayant resserré les rangs face aux Etats-Unis, rejetant sur eux les conséquences désastreuses de ce blocus : innombrables décès évitables, famine, destruction d'un peuple entier.
Les enquêteurs ne retourneront pas à Bagdad. Il faut qu'ils n'y retournent sous aucun prétexte, après que la preuve a été apportée qu'ils sont sortis de leurs prérogatives et de la mission précise que leur avaient assignée les Nations Unies, qu'ils se sont compromis dans des opérations d'espionnage pur et simple au service des Etats-Unis et de leurs services secrets, et qu'ils ont reçu des informations reçues directement du Mossad (services secrets israéliens) et obtempéré à ses consignes.
S'ajoute à ceci le fait que ce n'est pas le gouvernement irakien qui les a chassés, que l'on sache,  pour se voir chargé ainsi de la responsabilité de leur retour. Non, c'est le gouvernement américain qui les a retirés d'Irak pour protéger leurs personnes lorsque les Etats-Unis ont décidé de bombarder l'Irak massivement, en 1998.
Quant au fait de dire que le blocus tient bon, c'est une exagération américaine qui ne trompe personne, où que ce soit : ni dans le monde arabe, ni à l'extérieur du monde arabe. Les atterrissages d'avions de ligne sont incessants à l'aéroport de Bagdad, et l'exportation du pétrole irakien s'effectue avec beaucoup plus de facilité que celle des viandes européennes, et occidentales, d'une manière générale, vers les pays arabes.
Il est quelque peu paradoxal que Powell et ses amis au gouvernement britannique parlent maintenant de la nécessité de mettre en oeuvre des sanctions "intelligentes" contre l'Irak, ce qui revient pour eux à reconnaître que les sanctions qui se perpétuent depuis dix ans étaient (et sont encore), par conséquent, des sanctions "idiotes". S'il en est ainsi, pourquoi cet entêtement à les appliquer aussi longtemps ?
Le gouvernement américain n'a pas échoué qu'à l'épreuve de géo : il a été recalé en histoire aussi, en croyant que les sanctions contre l'Irak aboutiraient au renversement du régime et à l'intronisation d'un gouvernement entièrement dévoué aux Etats-Unis en ses lieu et place. Comme on sait, le blocus imposé à Cuba, depuis plus de quarante ans, n'est pas parvenu à venir à bout du gouvernement de Fidel Castro. En Irak, c'est exactement l'inverse de ce que les Américains escomptaient qui s'est produit : les sanctions imposées par la bêtise des gouvernements américains successifs ont renforcé l'emprise du président irakien sur le pouvoir, mobilisant l'immense majorité des Irakiens contre les Etats-Unis.
Ce que les gouvernants américains et leurs distingués conseillers ignorent, c'est que l'Irak n'est pas une île isolée et à une heure de traversée des côtes américaines. Non, l'Irak est un pays dont l'héritage civilisationnel extrêmement riche remonte à plus de sept mille ans, c'est un pays situé au coeur de la nation arabe, frontalier de cinq pays, dont la plupart sont en délicatesse avec les Etats-Unis et leur politique hostile aux Arabes et aux Musulmans.
Si le blocus imposé à l'Irak ne s'est pas effrité, il est en voie d'effondrement, de manière inéluctable, et cet effondrement se produira plus tôt que prévu. Avec lui, c'est toutes les variantes de la politique américaine dans la région, toutes aussi erronées les unes que les autres, qui sont appelées à s'écrouler.
                  
8. Washington se félicite du soutien financier européen aux Palestiniens - Bush et Powell réaffirment à Arafat leur attachement au processus de paix
in Al-Quds Al-Arabi (hebdomadaire arabe publié à Paris) du vendredi 9 mars 2001
[traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]

Le président américain George Bush et son secrétaire d'Etat Colin Powell ont assuré le président palestinien Yasser Arafat de leur engagement vis-à-vis du processus de paix au Moyen-Orient, à l'occasion de la Fête (musulmane) du Sacrifice ('Aïd al-'Adha) (information donnée par l'agence de presse palestinienne Wafa).
L'agence a rendu public le contenu de deux télégrammes de voeux à cette occasion, reçus par Arafat, de la part du président Bush et de son ministre Powell. Le président Bush a "exprimé au nom du peuple américain son profond espoir que le peuple palestinien connaîtra prochainement la renaissance de l'espoir, ouvrant des perspectives de paix et de prospérité".
Il poursuit : "Les Etats-Unis restent et resteront attachés au soutien de la marche vers la paix", ajoutant : "prions tous ensemble et luttons afin de susciter une atmosphère dans laquelle la paix soit possible."
Le ministre Powell, a écrit, pour sa part, dans son message de voeux, qu'il présentait "les voeux du peuple américain à votre excellence (Arafat) et à votre peuple (palestinien) à l'occasion de la Fête".
Il poursuit : "j'apprécie hautement ma rencontre récente avec vous à Ramallah, et j'espère que notre entraide se poursuivra à l'avenir".
Powell a appelé à la création d'un contexte dans lequel "il y ait place pour les efforts en vue de réaliser la paix, permettant au peuple palestinien d'avoir espoir dans un lendemain plus radieux" (!)
Au cours de sa visite en Israël et en Cisjordanie, le 25 février dernier, Powell avait appelé Israël et les Palestiniens à oeuvrer afin de sortir du "cercle effrayant de la violence", demandant à l'Etat hébreu, en particulier, de lever le bouclage des territoires palestiniens.
Par ailleurs, le Secrétaire d'Etat a salué, mardi dernier, le soutien financier "généreux" offert par l'Union européenne à l'Autorité palestinienne présidée par Yasser Arafat.
Powell, qui s'exprimait à la fin d'une réunion ministérielle américano-européenne, à Washington, a fait état de "la satisfaction que lui apportait le soutien financier généreux offert par l'Union européenne à l'Autorité palestinienne", qui est confrontée à des difficultés économiques extrêmes depuis le début des affrontements avec les forces israéliennes, en septembre dernier.
Mais il n'a pas précisé, malgré cet enthousiasme, si Washington entendait se joindre à ce soutien financier international à l'Autorité palestinienne, comme le souhaiterait l'Union européenne.
Le Secrétaire d'Etat, au cours d'une conversation officielle avec Ana Lind, son homologue suédoise, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne, a affirmé avoir eu "des échanges excellents" sur ce dossier avec elle, ajoutant que l'Union européenne et Washington "partagent absolument les mêmes vues" sur le conflit israélo-palestinien.
Powell a ajouté que l'Union européenne et les Etats-Unis appellent "les deux parties à faire tout ce qui est en leur pouvoir afin de mettre fin aux violences immédiatement".
Powell a fait part, également, de la condamnation conjointe (américano-européenne) de l'"incitation" à la violence, et l'espoir qu'il place en l"allégement des entraves mises à l'activité économique", en une allusion transparente aux mesures de rétorsion prises par Israël contre l'économie palestinienne.
Rappelons que l'Union européenne est le premier contributeur en matière d'aides financières à l'Autorité palestinienne : elle lui a accordé 27,5 millions de $ en décembre 2000, suivis de 30 millions de $ en janvier 2001. L'Agence de Secours et d'Emploi pour les Réfugiés palestiniens au Moyen-Orient, de l'ONU (l'UNRWA) a indiqué, mardi dernier, qu'elle serait contrainte à réduire les rations alimentaires et les soutiens scolaire et sanitaire qu'elle apporte à 200 000 familles palestiniennes (familles, c'est nous qui soulignons, NdT) dans les territoires occupés, si les pays donateurs ne font pas un effort financier plus important d'ici la fin de cette année.
Peter Hansen, président de l'UNRWA a alerté sur le fait que l'Agence pourrait être confrontée à un trou budgétaire de l'ordre de 65 millions de $ en 2001, alors que les besoins des nécessiteux pour lesquels elle oeuvre sont accrus. Il a présenté un tableau peu réjouissant de la situation dans les territoires occupés par Israël, où plus de 400 personnes, en grande majorité, des Palestiniens, ont été tuées depuis le début de l'Intifada, en septembre dernier.
Hansen a déclaré au cours d'une conférence de presse, à Genève : "il faudra plus de cinq ans pour réparer les dégâts subis par les territoires occupés au cours des cinq mois écoulés".
Selon Hansen, un Danois qui travaille depuis longtemps comme responsable des aides des Nations-Unies, le taux de chômage a atteint une moyenne de 45% dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, tandis que la situation sanitaire se dégradait, notamment du fait que les Palestiniens sont confrontés quotidiennement au bouclage des territoires et aux barrages de contrôle israélien.
Le taux d'enfants morts-nés a augmenté de 58% sur la période allant de septembre 2000 à février 2001 (en comparaison avec la même période, un an auparavant), tandis que le pourcentage des enfants bénéficiant de vaccinations a régressé à 85%, alors qu'il était de 100% auparavant.
Hansen a dit qu'"il va sans dire que le chômage très élevé, 45%, concerne depuis cinq mois une population dont les économies sont ponctionnées de manière extrême. Nous assistons à l'entrée dans le cercle sans fin de la pauvreté extrême d'un nombre croissant de familles n'ayant plus rien".
Pour l'année 2001, le budget de l'UNRWA, qui assiste 3,8 millions de réfugiés palestiniens en Jordanie, au Liban et en Syrie, en plus de ceux qui vivent dans les territoires occupés par Israël, en Cisjordanie et à Gaza, est de 311 millions de $.
Hansen a dit que "65 millions de dollars, cela représente un déficit budgétaire énorme, à quelque aune qu'on le mesure. C'est un déficit qui sera ressenti très durement, s'il n'est pas comblé, par les enfants qui vont à l'école de l'UNRWA, les malades qui ont recours à ses hôpitaux et les plus pauvres qui ont un besoin vital des aides allouées un peu avant la fin de l'année".
Un appel à assurer 40 millions de $ pour les réfugiés palestiniens des territoires occupés a été honoré, en octobre dernier. Un deuxième appel visant à réunir 39 millions de $ afin de créer des emplois, sur la période allant de mars à mai prochain a été lancé, mais jusqu'à présent, ce ne sont que 5 millions de $ qui ont été récoltés.
Hansen a conclu en indiquant que 80 millions de $, pour six mois, "ne représente qu'une goutte d'eau dans un océan, face aux pertes énormes subies par l'économie".
                
9. Palestiniens : la conférence des pays donateurs aura lieu en fin de semaine prochaine, selon l'UE
Dépêche de l'agence Associated Press du vendredi 9 mars 2001, 18h04
BRUXELLES - La conférence internationale de pays donateurs devant aider les Palestiniens à sortir d'une grave crise financière devrait avoir lieu en fin de semaine prochaine à Stockholm, a annoncé vendredi Gunnar Wiegand, porte-parole de l'Union européenne, qui n'a pu donner de date plus précise.
Les Quinze souhaitent que cette conférence réunisse également les Etats-Unis et les pays arabes riches afin d'aider l'Autorité palestinienne à faire face aux conséquences économiques du bouclage par Israël de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.
Le 26 février dernier, l'UE avait approuvé le déblocage d'une aide de 60 millions d'euros, tout en appelant l'administration dirigée par Yasser Arafat à collaborer avec la Banque mondiale et le FMI pour élaborer un budget d'austérité permettant une meilleure orthodoxie en matière de dépenses et à lutter plus efficacement contre la corruption.
Depuis des années, l'UE est en pointe de l'aide internationale au profit de l'Autorité palestinienne. Ces six dernières années, l'aide annuelle a été d'environ 180 millions d'euros, notamment en faveur des réfugiés et de programmes économiques. La somme débloquée lundi est la seconde tranche d'une somme de 90 millions votée en décembre dernier.
Selon un récent rapport de l'ONU, les cinq mois d'Intifada ont coûté à l'économie palestinienne pas moins de 1,6 milliard d'euros en revenus et contrats perdus. Le bouclage des territoires empêche 125.000 +Palestiniens+ d'aller travailler en Israël. Le taux de chômage frise les 40% et la pauvreté s'accroît.
Le commissaire européen aux Relations extérieures Chris Patten, les ministres suédois et belge des Affaires étrangères Anna Lindh et Louis Michel, ainsi que Javier Solana, haut représentant pour la politique étrangère et la sécurité commune (PESC) de l'UE, feront une tournée au Proche-Orient la semaine prochaine.
        
10. Seize Nobel et huit députés européens appellent à "la paix par la justice"
in Le Monde du vendredi 9 mars 2001
Dans un appel à "la paix par la justice" au Proche-Orient, seize Prix Nobel et huit députés européens demandent, à l'initiative de l'Association Peace Lines, aux "habitants de la Terre sainte de s'en tenir à la force du droit international". Voici l'essentiel de cet appel.
"Plus de dix mille blessés (à 96 % palestiniens), quatre cents tués (dont 15 % d'Israéliens) depuis le 29 septembre 2000. Des Lieux saints profanés. Des arbres abattus et des maisons démolies légalement. Lynchages, pogroms, tueries, bombes et bombardements, la norme… Haine aveugle et séparatisme alimentés par la logique sanglante du talion et de la force armée. Après des décennies de querelles intestines et de guerres, les propositions de règlement 2000-2001 peuvent enfin apporter des solutions aux douloureuses questions de territoire et de réfugiés. Dans l'esprit des résolutions de l'ONU 242 et 194. Les colonies reconnues comme sources d'iniquité et de haine doivent être évacuées sans violences.
La majorité des implantations seront rattachées à Israël, échangées contre des surfaces équivalentes. Pourquoi retarder davantage la naissance d'un Etat palestinien libre? Palestiniens et Israéliens partagent la même parcelle de terre. Ils respirent le même air, s'abreuvent aux mêmes sources… se saluent entre eux par la même formule de paix: Chalom, Salam.
Nous… appelons tous les habitants de la Terre sainte à s'en tenir à la force du droit international et à mettre fin définitivement à ce conflit du passé".
[Trois Nobel de physique (Simon van der Meer, Leon Lederman et Jack Steinberger), cinq de chimie (Ilya Prigogine, Elias Corey, Sir Harold Kroto, Jens Skou et Jérôme Karle), trois de la paix (Mairead Maguire, Betty Williams et Desmond Tutu), quatre de médecine (Maurice Wilkins, Christian de Duve, Richard Roberts et Günter Blobel) et un de littérature (Wole Soyinka) ont signé cet appel; de même que les députés européens Marie-Anne Isler-Béguin (France), Margie Sudre (France), Ole Andreasen (Danemark), Giuseppe di Lello (Italie), Struan Stevenson (G.-B.), Pila-Noora Kauppi (Finlande), Arvid Carlsson (Suède) et Ulrich Stockmann (Allemagne).]
                 
11. Le new deal de Washington par Philippe Coste
in L'Express du jeudi 8 mars 2001
L'administration de George W. Bush modifie sa politique de sanctions envers l'Irak. Moins par souci humanitaire que pour améliorer son image dans la région et contenter les milieux d'affaires américains
Le 16 février dernier, une pluie de bombes rappelait à Saddam Hussein que le nouveau président des Etats-Unis était aussi le fils d'un guerrier du Golfe. Pourtant, dix jours plus tard, une autre ancienne figure de «Desert Storm» et de l'équipe de Bush père, le général Colin Powell, troquait l'uniforme pour le costume du diplomate. Le nouveau secrétaire d'Etat américain, lors de sa première tournée au Moyen-Orient, proposait même une réforme du régime des sanctions infligées à l'Irak: la première évolution de ces mesures obsolètes qui, en dix ans, n'auront réussi qu'à accentuer les souffrances de la population et à ériger Saddam Hussein en héros martyr de la cause antiaméricaine.
En pleine insurrection palestinienne, ce projet, joint à des propos déjà plus sévères à l'égard d'Israël, pourrait améliorer l'image désastreuse des Etats-Unis au Moyen-Orient. Il traduit au moins un plus grand pragmatisme. Le temps n'est plus où, pour les caméras, une secrétaire d'Etat de Clinton, Madeleine Albright, assortissait ses broches (dragon, serpent ou scorpion) aux dernières insultes colorées parvenues de Bagdad. L'éternel feuilleton médiatique, le maintien sine die des sanctions offraient une démonstration de force facile pour une politique étrangère tributaire de l'opinion interne. «Depuis 1998 et le début de la campagne présidentielle, il n'était pas question de susciter le moindre soupçon de faiblesse envers l'Irak, confirme un diplomate. L'immobilisme était donc la norme.»
Les vieux guerriers de la nouvelle administration sont libérés de ce genre de soucis. Le vice-président, Dick Cheney, ancien secrétaire à la Défense de Bush père, et le très populaire général Colin Powell reviennent au pouvoir forts d'une expérience: celle de l'importance et de la fragilité d'une coalition contre l'Irak. Les dissensions de l'alliance avaient déjà empêché la poursuite de l'offensive armée jusqu'à Bagdad et la neutralisation définitive de Saddam Hussein. «Dix ans plus tard, Colin Powell réalise que, hormis le Koweït, aucun gouvernement arabe ne veut plus soutenir la politique actuelle, assure Joel Beinin, professeur d'histoire du Moyen-Orient à l'université Stanford. Les protestations populaires les inquiètent. En outre, le désordre de l'embargo l'a vidée de son sens.»
Dix ans de déréliction, faute, notamment, d'investissements dans les domaines de l'adduction d'eau, des hôpitaux et des transports, ont laminé le niveau de vie en Irak et paradoxalement renforcé la dictature. Le programme onusien de «pétrole contre nourriture», censé vérifier l'affectation des revenus pétroliers au confort des civils, est bafoué par les quelque 400 000 barils de contrebande exportés chaque jour vers la Turquie, la Jordanie ou la Syrie. Ce pétrole est vendu avec une surtaxe officieuse de 25 à 50 cents par baril qui alimente directement, par milliards de dollars, les comptes clandestins de Saddam et ses importations militaires illicites, comme le câble optique dernier cri installé par des ingénieurs chinois sur les batteries de radars bombardées le 16 février.
Face à ce chaos, les Américains n'ont d'autre choix que de proposer à leurs alliés des sanctions «intelligentes», plus ciblées: d'un côté, un blocus effectif pour le matériel militaire, garanti à la source par les pays fournisseurs traditionnels, dont la Russie; de l'autre, au bénéfice des civils et des partenaires commerciaux de l'Irak, un assouplissement des échanges et des normes d'importation de produits à «double usage». Il en va ainsi des pièces détachées, aussi indispensables aux transports militaires que civils, des désinfectants, des pompes à eau et des camions frigorifiques, bannis par la précédente administration américaine sous prétexte que tout cela pourrait aussi servir à la fabrication d'armes chimiques.
Elans humanitaires? Pas si sûr. Dick Cheney et George W. Bush, liés au grand business pétrolier, se font surtout l'écho du monde des affaires prorépublicain, fort irrité par le recours immodéré aux sanctions économiques depuis huit ans. Soixante pays font aujourd'hui l'objet, à un degré ou un autre, de restrictions dans leur commerce avec les Etats-Unis. Enfin, et surtout, il y a le pétrole. Les deux tiers du brut vendu par l'Irak alimentent, par une multitude d'intermédiaires, les stations-service américaines. Washington, confronté à une hausse des prix de l'énergie qui menace la croissance, cherche surtout à augmenter l'offre d'or noir irakien sur le marché, gage de baisse des cours mondiaux.
Une première lueur au bout du tunnel
«Si nous comprenons bien, les sanctions intelligentes remplacent des sanctions stupides», ironise Saïd al-Sahhaf, le ministre irakien des Affaires étrangères. Malgré leur morgue de façade, les représentants de Bagdad apprécient cette première lueur au bout du tunnel de l'embargo, sans pourtant se faire d'illusions sur les objectifs américains: les durs du Congrès et Paul Wolfowitz, n° 2 du ministère de la Défense et ancien idéologue de Reagan, exigent la poursuite du financement de l'opposition irakienne en exil, une nébuleuse privée de soutien intérieur après les impitoyables purges de Saddam. Faute d'espérer le renverser, Colin Powell, lui, tente au moins de réduire l'impact politique du dictateur irakien dans la région et d'éviter que le vaincu d'hier n'empoisonne encore la diplomatie américaine au Moyen-Orient. 
            
12. Dans un contexte d'accord entre Powell et Sharon sur la priorité du dossier irakien, le retour à des négociations sur la sécurité sera-t-il la manière palestinienne d'obtempérer aux exigences israéliennes ?
in Al-Istiqlal (hebdomadaire palestinien) du mercredi 7 mars 2001
[traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]

Le choix entre les dossiers palestinien et irakien représente donc bien les prémisses des nouvelles orientations de l'administration Bush, si l'on doit en croire les signes apparus à travers la visite du ministre américain des affaires étrangères, Colin Powell - courte, mais dense - dans les pays arabes de la région et en Israël. D'après ces signes, en effet, "le danger qui menace(rait) les intérêts des Etats-Unis" serait bien représenté par Saddam Huseïn et les armes de destruction massive qu'il détiendrait  prétendument, et non par la cause palestinienne, alors que c'est elle qui a fait exploser la rue arabe de colère contre l'Amérique...
Une politique nouvelle
L'administration Bush veut reconstruire l'alliance arabo-américano-européenne qui s'est effondrée, dix ans après la guerre du Golfe, et la mission essentielle de Powell est de renouveler cette alliance en adressant des demandes pressantes aux dirigeants arabes qu'il a rencontrés, en contre-partie d'une action diplomatique américaine pour la relance du processus de paix israélo-palestinien. Il ne s'agissait pas seulement de demandes pressantes, mais bien, plutôt, d'ordres purs et simples, accompagnés de pressions américaines directes sur les Etats qui ont d'ores et déjà entrepris de restaurer leurs relations avec Bagdad. Ainsi, l'accord de libre-échange commercial entre les Etats-Unis et la Jordanie a été mis au congélateur en attendant que Amman adopte une position radicalement opposée à son projet actuel de création d'une zone franche commune avec l'Irak, projet que la Jordanie a déjà gelé dans l'attente d'un feu vert du Congrès américain (!) sur lequel le lobby juif exerce les pressions que l'on sait : c'est lui qui décidera, en définitive, de la ratification, ou non, de l'accord de libre échange américano-jordanien...
Parallèlement, des dizaines de compagnies américaines et canadiennes se retiraient du marché jordanien, alors qu'elles avaient commencé à y effectuer des investissements, de manière à exercer sur la Jordanie une pression non-voilée afin que ce pays cesse de traiter avec l'Irak.
Sur le front égyptien, des pressions américaines sont exercées afin de dissuader l'Egypte de renforcer ses relations avec Bagdad, à commencer par l'arrêt des liaisons aériennes de la société égyptienne nationale Misr vers Bagdad, en passant par le gel des échanges commerciaux, pour ne pas finir (!) par la participation égyptienne à l'effort américain de reconstitution de l'alliance anti-irakienne. Les choses en sont allées jusqu'au point où des membres du Congrès américain ont brandi la menace de réduire les aides américaines au Caire, qui atteignent, cette année, 2,1 milliards de dollars.
En ce qui concerne la Syrie, après des informations sur la reprise du pompage du pétrole brut dans le pipe-line irako-syrien, certaines sources d'information syriennes ont indiqué que le but de cette opération n'était pas l'acheminement du brut irakien (vers la Méditerranée, via Banyas, NdT), mais la "vérification des tuyaux" (!) après des réparations rendues indispensables par leur non-utilisation depuis plus de deux décennies... (des fuites, on n'imagine pas que des grenouilles y aient fait leur nid... NdT)
Un petit télégraphiste fidèle
Il apparaît de tout ceci que le problème palestinien n'est plus, avec l'arrivée aux affaires de la nouvelle administration américaine, le problème des problèmes (la Mère des Problèmes ? NdT) dans la région, et que, par conséquent, un effort américain visant à accélérer une solution au problème palestinien est peu vraisemblable. Le plus qu'ait fait Powell a été de jouer, à l'instar de Dennys Ross, le rôle du petit télégraphiste pour le compte d'Israël, apportant les positions (on devrait dire : les exigences, NdT) israéliennes à la partie palestinienne, avec des récriminations américaines ouvertes faisant porter aux deux parties la responsabilité de ce qui arrive, puisque, comme l'a dit Powell au président Arafat -  propos rapportés par Sharon -"après le rétablissement du calme et la cessation des "violences", il faudra s'atteler à la recherche d'un accord de "non-belligérance", car on ne peut pas sortir des problèmes d'un seul coup un seul, il faut s'orienter vers des négociations par étapes, l'Autorité palestinienne doit s'employer à démanteler les infrastructures du Hamas et du Jihad islamique, car ces deux mouvements sont devenus plus dangereux aujourd'hui, avec l'entrée en scène du Hizbollah (libanais, NdT). Il faut aussi reprendre la coordination sécuritaire et les activités visant à contrôler la propagande et à favoriser l'éducation à la "paix"".
En échange contre ce qu'il a appelé l'allégement du blocus imposé aux territoires palestiniens, Sharon a exigé d'Arafat qu'il publie un communiqué, en arabe, appelant à l'arrêt de la "violence" et à ce que cesse les provocations (anti-israéliennes) des moyens d'information palestiniens, ainsi qu'à la reprise de la coopération israélo-palestinienne en matière de sécurité.
Mis à part cet acheminement impeccable des positions de Sharon (par Powell), on n'a pas pu constater le début du commencement d'une quelconque initiative américaine en vue de ce que la nouvelle administration appelle les "négociations politiques", dont la reprise n'est pas attendue dans l'immédiat (en fait, tant que Sharon sera aux affaires). Powell s'est contenté de se porter volontaire pour exprimer sa "douleur" pour les enfants palestiniens et israéliens tués, revenant comme de coutume à l'établissement d'une totale égalité entre la violence israélienne exercée au moyen d'équipements militaires américains et ce qu'il appelle la "violence palestinienne".
Entre les positions palestinienne et israélienne
La réponse palestinienne aux positions affichées par Sharon n'est pas encore définie, dans l'attente de la composition de son gouvernement, qui subira d'une manière ou d'une autre une influence travailliste, avec la participation de ministres travaillistes, à la tête desquels Shimon Pérès (ou sans sa participation, en cas de constitution d'un gouvernement restreint de droite).
Sharon a réitéré à Powell ses positions exposées au cours de sa campagne électorale, et qui l'ont amené à la victoire. Il lui a, notamment, déclaré : "Jérusalem demeurera unie sous la souveraineté israélienne, Israël conservera les régions stratégiques de la vallée du Jourdain et en Cisjordanie. Les colonies ont été construites en conformité avec une conception sécuritaire qui implique la participation de leurs habitants à l'effort de défense, avant la mobilisation des réservistes (en cas de conflit). Nous avons beaucoup appris de vous, les Américains, dans ce domaine, puisque nous nous sommes inspirés de votre conquête du Far-West... Israël ne renoncera à aucune position stratégique avant la fin du conflit".
A la question de Powell sur sa politique de colonisation, Sharon a répondu : "nous n'établirons pas de nouvelles colonies, mais il y a, bien entendu, un accroissement naturel de la population (des colonies actuelles) à prévoir, la population arabe n'augmente-t-elle pas, de son côté, à Nazareth ?"
Il s'agit là d'une plaisanterie israélienne bien connue, depuis Netanyahu et Barak, consistant à étoffer la population des colonies existantes, voire à en multiplier la population.
Dans le contexte de ces prises de position, la reprise des négociations, conditionnée par Sharon à l'arrêt de l'Intifada, semble peu probable, sauf dans le cas où Sharon serait amené à en rabattre sur son jusqu'au-boutisme, après quelques semaines de direction du nouveau gouvernement.
Il y a un hiatus évident entre les positions israélienne et palestinienne, cette dernière consistant à appeler à la reprise des négociations au point où elles avaient été suspendues à Taba, c'est-à-dire au retour à des négociations en vue d'un règlement définitif, contrairement à la position israélienne qui exige des accords par étape. Ce à quoi de nombreux responsables palestiniens répondent invariablement qu'il y a plus d'un accord intérimaire qu'Israël n'a pas mis en application (Wye Plantation, Sharm al-Shaykh) et que, par conséquent, il faut qu'il les applique, et non négocier un nouvel accord intérimaire. Ceci signifie que la partie palestinienne est d'accord pour revenir à des négociations intermédiaires, comme cela apparaît à travers les déclarations des dirigeants palestiniens, c'est-à-dire pour revenir aux redéploiements (en l'occurrence, le troisième) (des forces d'occupation israéliennes, NdT), ce qui est au programme du gouvernement d'union nationale formé, en Israël, de ministres Likud et Travaillistes. Pas de pressions sur Israël
Bien qu'ayant évoqué les résolutions 242 et 338, en tant que bases d'une reprise des négociations, Powell a précisé que cette position traditionnelle américaine n'engageait pas Israël à s'y conformer, à la différence de ce qui se passe avec l'Irak. Mieux, le gouvernement américain encourage Israël à contourner ces deux résolutions et à les vider de leur contenu, comme les dernières propositions Clinton l'ont montré de manière évidente.
Ce petit détail formel mis à part, les positions américaines continuent, comme à l'accoutumée, à s'harmoniser parfaitement avec celles du nouveau gouvernement israélien. Ainsi, l'échange "fifty-fifty" entre l'Irak et la Palestine est apparu dans toute sa simplicité dans les déclarations du porte-parole de Sharon Raanan Anisin : Sharon considère qu'il est impossible de s'en tenir au seul contentieux israélo-palestinien en-dehors de tout contexte régional et de problèmes tels que la course aux armements non conventionnels d'un pays tel que l'Irak, d'une telle importance pour la stabilité de la région, évidence si bien comprise par le président Bush...
De là, en sus d'un éloignement, en pratique, de Washington, de toute action diplomatique effective sur le processus israélo-palestinien, aucune pression ne saurait en être attendue sur Israël, pression qui aurait pu, le cas échéant, viser à l'"encourager" à un accord prenant en compte les résolutions (onusiennes) que Washington considère (encore, théoriquement) comme essentielles pour le processus de paix.
Dans le contexte des positions extrémistes de Sharon et de l'escalade dans la répression israélienne contre l'insurrection du peuple palestinien, aucun responsable palestinien ne saurait justifier la rencontre palestino-israélienne, ayant les considérations de sécurité pour ordre du jour, qui s'est tenue au point de passage d'Erez, la semaine dernière : s'agirait-il là d'un début de conformation palestinienne au diktat israélien, dont la reprise de la coordination sécuritaire fait partie ?
La Palestine est au coeur du conflit
La région est à la croisée des chemins. Celle-ci se matérialise par les menaces israéliennes croissantes contre la direction palestinienne, même si cette dernière négocie pour partie avec Israël, cette direction palestinienne que Friedman, conseiller de Sharon pour la sécurité, lui demande d'éliminer, en investissant les régions classées "A" ou en procédant à des opérations contre le Liban et la Syrie, au président de laquelle Shaul Mofaz, chef d'état-major israélien, a envoyé des mises en garde très claires, et portées à la connaissance de Colin Powell, selon lesquelles Israël pourrait frapper les forces syriennes au Liban, sans que cela n'exclue qu'il s'en prenne aussi aux infrastructures syriennes elles-mêmes.
Quoi qu'il en soit, l'escalade de la tension dans la région montre, une fois de plus, que le problème palestinien est central dans la problématique du Moyen-Orient et que, sans que ses droits légitimes aient été restitués au peuple palestinien, les "grands" resteront dans un état de perplexité et d'inquiétude pour leurs intérêts dans la région, sur lesquels ils jettent le voile pudique de la circonlocution : "la stabilité du Moyen-Orient".
                
13. Au cours d'un festival de soutien aux prisonniers, le Jihad islamique déclare : Israël ne reconnaîtra pas les droits du peuple palestinien avant d'avoir dû en payer le prix
in Al-Istiqlal (hebdomadaire palestinien) du mercredi 7 mars 2001
[traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]

Le docteur Ramadan Shalah, secrétaire général du mouvement du Jihad islamique palestinien, a déclaré que le sang versé par les martyrs tant en Palestine que dans la diaspora palestinienne a renforcé l'unité de notre peuple et a réaffirmé aux yeux du monde entier que personne ne peut diviser notre peuple ou le dissoudre (par l'assimilation).
Le docteur Ramadan, qui est intervenu par téléphone au cours d'un meeting organisé par le mouvement à Qalqiliya en soutien aux prisonniers, a affirmé que le gouvernement israélien ne reconnaîtra jamais les droits du peuple palestinien, si ce n'est après avoir versé un prix exorbitant pour la perpétuation de son occupation de la terre palestinienne et de la déprivation du peuple palestinien de ses droits. Il a effectué un tour d'horizon de la situation politique dans laquelle doit évoluer actuellement la cause palestinienne, affirmant que la continuation de l'intifada, exercice légitime du droit à la résistance du peuple palestinien, est nécessaire, car elle a redonné au peuple la confiance en son unité et en sa capacité à défaire ses ennemis.
Muhammad 'Alyan, président du Comité des prisonniers de Jérusalem, a salué, dans son intervention, les prisonniers qui croupissent dans les geôles sionistes, en lançant un appel à poursuivre la lutte pour exiger leur libération, générale et inconditionnelle.
Le maire de Qalqiliya, Ma'ruf Zahran, a condamné les crimes perpétrés par les sionistes contre notre peuple ainsi que la politique d'encerclement visant à affamer le peuple, affirmant la nécessité d'approfondir l'union nationale et de progresser, grâce à des efforts et des institutions unitaires, sur la voie de l'élimination de l'occupation. Il a fustigé les privilèges et l'esprit de clocher organisationnel, insistant sur la nécessité de conserver une unité d'action seule à même d'assurer la réalisation des objectifs de notre peuple, au premier rang desquels le retour et l'autodétermination.
Le préfet de Qalqilya, Mustafa al-Maliki, a passé en revue la situation et les plans auxquels se heurte la cause palestinienne, affirmant la nécessité de maintenir fermement les objectifs nationaux constants du peuple palestinien : une paix globale et juste comme choix stratégique.
'Akif Nizal, l'un des cadres du mouvement du Jihad islamique (palestinien), a prononcé une allocution dans laquelle il a souligné l'attachement de son mouvement au travail en commun avec le Hizbollah, en vue de l'obtention d'un échange de prisonniers global, concernant la totalité des prisonniers en Israël (contre des soldats israéliens prisonniers au Liban, NdT).
Un groupe de mères de prisonniers en Israël (à l'intérieur de la "ligne verte") sont intervenues à plusieurs reprises au cours de la réunion, afin d'exhorter le secrétaire général du Hizbollah à ne procéder à aucun échange (de prisonniers) avec le gouvernement israélien tant que cela ne concernerait pas la libération des prisonniers retenus à l'intérieur de la "ligne verte".
Le meeting, entrecoupé d'une revue militaire, de poèmes et de chants, s'est conclu par la distribution de diplômes honorant les familles des martyrs et des prisonniers du département de Qalqiliya et de l'intérieur (d'Israël).
              
14. Distribution d'allocations du Président irakien à 113 blessés du département d'Hébron par Fawzi al-Shuwaïki
in Al-Hayat Al-Jadidah (quotidien palestinien) du mercredi 7 mars 2001
[traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]

Hébron : le Front de Libération Arabe d'Hébron a procédé, hier, à la distribution du premier versement de l'allocation du Président irakien Saddam Huseïn aux blessés de l'Intifada d'Al-Aqsa du département, au cours d'une cérémonie tenue dans la grande salle Al-Amana, à Hébron.
L'aide a été allouée à 113 blessés, qui se répartissent en deux catégories. Les blessés du groupe A (au nombre de 29) sont atteints d'infirmités irréversibles ou sont dans un état très grave, les 84 autres blessés constituant le groupe B.
Les blessés du groupe A ont reçu une allocation de 1 000 $, tandis que ceux du groupe B percevaient 500 $.
Au cours de la cérémonie ont été honorés les parents des deux martyrs Isam Rashad al-Tawil et Ahmad Ismaïl Faraj, chacune des deux familles recevant 10 000 $.
Ont été honorés également l'artiste Isa Ubaïdu, qui a réalisé un portrait en pied du président Saddam Huseïn, et le jeune Ammar al-Hashlamun, qui portait un poster du président irakien qui fut criblé de balles au cours d'une manifestation monstre, il y a deux mois, dans le quartier de la rue Al-Shalala (rue de la Cascade). Chacun s'est vu offrir une montre-bracelet en or. Ratib al-Amaléh, membre du Front de Libération Arabe, a prononcé une allocution au cours de laquelle il a salué les blessés héroïques de l'Intifada, affirmant que l'Irak, pays frère, peuple et gouvernement réunis, se tenait au côté du peuple palestinien dans sa juste lutte.
Ratib al-Amaléh a indiqué qu'un deuxième versement de l'allocation du président Huseïn de secours aux blessés serait effectué prochainement.
Le député Abbas Zaki, membre du conseil central du Fatah, représentant le président Yasser Arafat, a rendu hommage, dans son allocution, au soutien du peuple irakien héroïque à son peuple-frère, le peuple palestinien, exprimant sa haute appréciation de sa résistance face à l'inqualifiable agression anglo-américaine.
Il a salué les blessés, au cours de cette cérémonie d'hommage, en soulignant leur héroïque contribution à l'Intifada.
Le poète Jamal Abu Halil a présenté un poème inédit à la gloire des nobles positions de l'Irak, qui a été hautement apprécié par l'assistance.
Cette cérémonie honorifique irakienne a coïncidé avec la Journée du Blessé Palestinien et la fête du Sacrifice (Aïd al-Adha).
Y ont participé : le député Abbas Zaki, envoyé du Président Arafat, Ratib al-Amaléh, membre du Front de libération Arabe, Sa'di al-Qawasimi, du Front Populaire de Solidarité avec l'Irak, le général Abd al-Rahim Sabir et le combattant Hamdi al-Julani, ainsi que Jamal al-Zaghir, le député Musa Abu Subha, Jamal al-Tumaïzi, maire du village d'Idhna, Muhammad Mash'al, maire-adjoint de Halhul, Muhammad Musa al-Amaléh, maire de Baït Ula, aux côtés de nombreux représentants d'institutions et des parents de blessés et de martyrs de l'Intifada.
La fête s'est conclue par la remise de l'allocation irakienne aux blessés et aux ayant-droits des martyrs par les personnalités de la tribune.
            
15. L'effondrement de l'économie palestinienne signifierait la fin du processus de paix
in Al-Quds (quotidien palestinien) du mardi 6 mars 2001
[traduit de l'arabe par Marcel Charbonnier]

Le monde s'inquiète depuis quelques semaines des dangers qui guettent l'économie et les infrastructures palestiniennes du fait du blocus imposé par Israël aux territoires palestiniens. Un rapport publié par les Nations Unies, dont certaines des données ont été confirmées par la Banque Mondiale et par les déclarations du Secrétaire Général de l'ONU, Kofi Anan,
et de l'ambassadeur américain en Israël, Martin Hendyck, montre que le produit intérieur brut palestinien a été réduit de moitié, tandis que les jours de chômage représentaient 84% des jours ouvrés. Il faut ajouter à ces données chiffrées d'autres données qui devraient alarmer toutes les parties prenantes aux négociations, qui ne peuvent ignorer le fait que la validité de l'économie palestinienne est un élément fondamental de la paix.
Les allégations israéliennes tendant à établir un lien entre les sanctions collectives et la situation en matière de sécurité et ce qu'elles qualifient de "violence palestinienne", ne rencontrent aucune audience auprès des observateurs qui peuvent voir de leurs propres yeux et toucher du doigt l'état auquel la population palestinienne a été réduite du fait des agissements iniques d'Israël. Même les amis d'Israël les plus proches ne sont pas convaincus du fait que la poursuite de la pression sur l'économie palestinienne et le resserrement du garrot sur le cou des Palestiniens puissent être à même de ramener le calme dans la région, ou de contraindre le peuple palestinien à se soumettre au diktat israélien.
Ainsi, des voix s'élèvent, que ce soit celle de l'Union Européenne ou celle de la nouvelle administration américaine, par la bouche du secrétaire d'Etat Colin Powell, pour exiger d'Israël qu'il mette un terme à sa répression,  à ses représailles collectives et au blocus qui a causé des dégâts considérables aux différents secteurs secondaires et tertiaires en Palestine, tout en donnant, à juste titre, l'impression qu'Israël s'intéresse moins à l'instauration d'une paix juste, restituant au peuple palestinien ses droits nationaux légitimes, qu'à la consécration et à la perpétuation de l'occupation, de son hégémonie, de l'asservissement du peuple palestinien et de l'occupation de ses terres.
Peut-être les propos du ministre Powell, lorsqu'il a déclaré que la perte, par l'homme du peuple palestinien, de son revenu, son incapacité de se rendre à son travail, ne peuvent que l'amener au désespoir qui, à son tour, ne pourrait que conduire à la colère, génératrice d'une violence difficilement maîtrisable, peut-être ces propos seront-ils de nature à réveiller les responsables israéliens et à les mettre en garde contre un excès dans la répression-pression
- sur les plans tant économique que politique - qui ne peut que conduire directement à la déflagration. Il s'agit-là d'une loi bien connue de la physique, qui fait partie également du "b-a ba" de la science politique.