Point d'information Palestine > N°115 du 16/11/2000

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Au sommaire
 
Réseau Palestine
  1. Reportage entendu ce matin à la radio...
  2. De nouveau seuls, mais nous vaincrons… par Hanan Boudart
  3. Rencontre autour de la Palestine samedi 2 décembre à Nanterre
  4. Rencontre autour de la Palestine mercredi 6 décembre à Paris
Revue de presse
  1. Une conférence Euromed sous l'influence des violences au Proche-Orient Dépêche de l'Agence France Presse du mercredi 15 novembre 2000, 19h25
  2. Israël enferme les Palestiniens en Cisjordanie par Serge Dumont in Le Soir (quotidien belge) du mercredi 15 novembre 2000
  3. Asphyxié, Hébron vit au ralenti par Alexandra Schwartzbrod in Libération du mercredi 15 novembre 2000
  4. Face-à-face par temps agité par Inès Eissa et Randa Achmawi in Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 novembre 2000
  5. Pas d'éclaircie sur le front économique par Fouad Mansour in Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 novembre 2000
  6. Modèle méditerranéen contre modèle proche-oriental par Mohamed Sid-Ahmed in Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 novembre 2000
  7. L'Europe à l'épreuve in Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 novembre 2000
  8. Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 novembre 2000
    Invitation à rompre avec Israël
    in Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 novembre 2000
  9. Adoucissement du texte par Rania Adel in Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 novembre 2000
  10. Le faux compromis de Camp David par Amira Hass in Ha'Aretz (quotidien israélien) du mardi 14 novembre 2000 [traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier]
  11. Déclaration du Porte-parole du Quai d'Orsay (Paris, le mardi 14 novembre 2000)
  12. Bertrand Badie : "La colonisation bloque la paix" propos recueillis par Caroline Hajjar in Le Magazine (hebdomadaire libanais) du vendredi 10 novembre 2000
Réseau Palestine

 
1. Reportage entendu ce matin à la radio...
<France Info, mercredi 15 novembre 2000, 11h30>
Un homme appelle, les jeunes se pressent, ils font de grands signes, les ambulanciers accourent, nous n'avons rien entendu, pas un bruit, pas une explosion, pas une détonation, l'enfant est tombé en arrière, c'est Youssef six ans et demi, la balle l'a touché au niveau de l'abdomen, elle est ressortie au niveau de la colonne vertébrale, le tireur embusqué est à six, huit cents mètres dans la colonie, on ne sait pas exactement où il est, aucun cailloux lancé ne peut d'ailleurs l'atteindre cette colonie, mais le sniper israélien continue sa besogne, toutes les deux minutes, en silence, l'on voit un jeune tomber, il est régulier ce sniper en cinquante cinq minutes, il y aura vingt-trois blessés et un mort, Raed, vingt-deux ans. [...] Les jeunes ont entre six et vingt-deux ans, il n'y avait pas école, alors ils étraient nombreux ces jeunes après les funerailles des victimes de la veille, à venir là, au bout de Khan Younis, devant les israéliens, les policiers palestiniens ne feront rien, ne tirerons pas cette fois contre les soldats israéliens, "il y a là-bas des blindés" disent-il, "des tireurs d'élite", il n'y a que ces jeunes et leurs frères ici, on ne sait pas comment il choisi ses victimes le tireur, mais ce ne sont jamais les lanceurs de cailloux cette après-midi qui sont visés, non, ce sont ceux qui sont un peu en retrait, et le tir à balles réelles du sniper israélien se poursuit, muet, on les voit tomber ces jeunes, impuissants, une nouvelle ambulance vient de démarrer. Khan Younis dans la Bande de Gaza, Gilles Perez, RFI pour France Info.
Gilles Perez - Radio France Internationale - 116, Ae du Pdt Kennedy - 75762 Paris Cedex 16 - Fax : 01 56 40 10 49
 
2. De nouveau seuls, mais nous vaincrons… par Hanan Boudart
Al Bireh (territoires occupés), le lundi 13 novembre 2000 à 20h00
Depuis quelques semaines, la communauté internationale reste focalisée sur la détermination des responsabilités dans le déclenchement de l'Intifada Al Aqsa. Elle cherche également en vain à mettre fin à ses violences. Les médias étrangers, et plus particulièrement américains et britanniques, ne cessent de décrire la situation comme une guerre entre deux armées placées sur le même plan. Or il est bien clair que le fossé entre les deux opposants est énorme.
Et bien heureusement, la toute dernière résolution 1322 du Conseil de Sécurité des Nations Unies nous confirme que notre vision de la crise n'est pas totalement erronée. Celle-ci, adoptée le 7 octobre 2000 par 14 voix pour et une abstention (ETATS UNIS) " condamne les actes de violence, particulièrement le recours excessif à la force contre les Palestiniens, qui ont fait des blessés et causé des pertes en vie humaine " et " déplore l'acte de provocation commis le 28 septembre 2000 au Haram al-Charif de Jérusalem, de même les violences qui ont eu lieu par la suite… ".
En tant que palestinienne étant née et ayant vécu ses 30 années sous occupation israélienne, je peux facilement expliquer les causes profondes de cette nouvelles Intifada et en déterminer les responsabilités. Les injustices et humiliations quotidiennes, la violation systématique et permanente des droits reconnus d'un peuple à la liberté et l'indépendance, conséquences directes de la présence de la puissance occupante et de son régime d'apartheid, sont je crois de bonnes et simples raisons pour une révolte populaire.
A dire vrai, je ne suis pas véritablement choquée par la réponse violente d'Israël à ce soulèvement car nous, palestiniens et libanais, sommes habitués à cette haine aux origines purement raciste.
Ce qui me choque le plus en fait, c'est le récent discours de Monsieur Kofi ANNAN, Secrétaire Général des Nations Unies, à la récente Conférence des Pays Islamiques, qui a indirectement rejeté partiellement la faute sur le peuple palestinien.
Ce qui me choque, c'est la prise de position des médias occidentaux. Elle est tout d'abord fallacieuse lorsqu'ils tentent de trouver un équilibre entre les deux parties en jouant sur les mots, du type " les palestiniens ont tiré sur GILO, un quartier au Sud de Jérusalem " alors que GILO est une colonie de peuplement israélien implantée sur des territoires palestiniens occupés. Elle est ensuite biaisée quand nous avons le droit au récit de la vie des militaires israéliens mourant au combat, alors que les morts palestiniens ne sont que de simples statistiques. Elle est enfin terrible lorsqu'elle accuse les mères palestiniennes d'envoyer leurs enfants au combat comme si nous étions dénués de tout sentiment humain.
Comme l'a écrit Edward SAID dans un de ses récents articles sur les médias américains, n'importe quel autre conflit de ce type aurait sensibilisé l'opinion publique américaine s'il avait été couvert par les médias d'une façon plus neutre. Mais les américains, trompés par leurs médias et hommes politiques, voient dans ces crimes une punition raisonnable et modérée des actes de barbares jetant des pierres.
En fait, cette réaction est plutôt normale pour un Etat qui considère que tout acte ou critique menée à l'encontre d'Israël est automatiquement antisémite. Mais le gouvernement américain ne se fait-il pas simplement le porte-voix du lobby juif américain. Celui-ci est si puissant qu'il contrôle la politique américaine vis-à-vis d'Israël. Nous ne sommes pas les seuls à le dire, certains hommes politiques américains en conviennent également. Prenez par exemple Hillary CLINTON. Depuis qu'elle s'est lancée dans la course à un poste de sénateur dans l'Etat de NEW YORK, elle a totalement changé d'avis vis-à-vis de la question palestinienne. Simplement, pour attirer la communauté juive qui représente quasiment 20% de l'électorat new-yorkais. Lors de sa venue en Palestine - occupée !!! - en 1998, elle proclamait à qui voulait l'entendre que les Palestiniens avaient droit à leur Etat avec Jérusalem capitale des deux Etats, palestinien et israélien. Je peux vous certifier que son discours à bien changé depuis… Et ça a bien fonctionné puisqu'elle a été élue sans aucune difficulté.
Sinon, comment voulez-vous expliquer la stratégie à deux visages des ETATS UNIS lorsqu'il s'agit de faire la paix dans les BALKANS et lorsqu'il s'agit de la faire au MOYEN ORIENT ? Dans le monde, la priorité stratégique des américains est de faire la paix pour faire du business (la fameuse pax americana revue et corrigée) ! Si vous n'en êtes pas convaincu et si vous comprenez un peu l'anglais, allez faire un tour sur le site Internet de la coopération américaine <www.info.usaid.gov> et jetez un coup d'œil à leur plan stratégique. Alors pourquoi ne pas mettre un terme à ce conflit de 50 ans et dont le règlement se résume simplement à l'application des décisions votées par les Nations Unies ? Si quelqu'un a une explication rationnelle - ni historique ni géopolitique - qu'il m'en fasse part. Les palestiniens ne demandent ni plus ni moins (en réalité nous demandons moins puisque nous avons " enterré " la résolution 181 de l'Assemblée générale des Nations unies, votée le 29 novembre 1947, qui recommande le partage de la Palestine en un Etat juif, un Etat arabe et une zone " sous régime international particulier "; les territoires que nous revendiquons aujourd'hui, issus de la guerre de 1967, sont bien moindres que ceux accordés par cette résolution 181).
Et dire que selon Shimon PERES, ISRAËL est le seul Etat démocratique du MOYEN ORIENT, entouré de ces sauvages d'Etats arabo-musulmans. Quel Etat démocratique au monde accepterait que sa police assassine certains de ses citoyens lors de manifestations sans en rechercher les responsabilités ? C'est ce qu'a fait Israël début novembre avec les arabes israéliens de Nazareth ! Et il a fallu que les députés arabes de la Knesset fassent des pieds et des mains pour obtenir la constitution d'une commission d'enquête indépendante.
Les Palestiniens sont fatigués de cette prise de position de la communauté internationale et de ce silence sur ces crimes qui sont perpétrés quotidiennement. Oui des Israéliens sont morts, des colons qui savent parfaitement les risques qu'ils prennent en continuant à voler notre terre et des militaires dont c'est le métier. Parce que les Palestiniens ont décidé de ne pas attendre que la communauté internationale se réveille pour nous aider à recouvrir nos droits et obtenir notre indépendance. Nous avons décidé de nous battre, peu importent le coût et l'opinion de la communauté internationale.
Après sept années de silence, nous sommes de retour pour signifier à nos ennemis et à nos amis que nous sommes toujours aussi déterminés à assouvir notre soif d'indépendance et de liberté.
 
3. Rencontre autour de la Palestine samedi 2 décembre à Nanterre
L’Association Liban Renaissance organise le samedi 2 décembre 2000, à 17h, une rencontre au Centre des Guignons - 7, Bld du Général Leclerc - 92000 Nanterre - autour de la Palestine, avec la participation de :
- Soha Bechara, ancienne détenue politique de la prison de Khiam au Sud-Liban (auteur de "Résistante" aux éditions Chiron - 09/2000 - ISBN : 2709621657)
- Rafic Khoury, Président du Croissant rouge palestinien
- Abdallah Souleïman, correspondant de l’agence de presse palestinienne Wafa
- Ahmad Dari, attaché culturel de la Mission de Palestine auprès de l’UNESCO
- Bachar Khalifé, musicien libanais
Renseignement : Al Faraby <rolland.richa@wanadoo.fr>
 
4. Rencontre autour de la Palestine mercredi 6 décembre à Paris
La Coordination France Palestine Paris Sud - AMFP organise le mercredi 6 décembre 2000, à 19h, une rencontre à l'Espace Marx - 64, boulevard Blanqui - Paris 13e - pour faire le point sur la situation en Palestine et dans les camps de réfugiés au Liban, avec la participation de :
- Walid Charara - Arabes israéliens et Palestiniens des Territoires occupés : l’unité d’une révolte
- Maurice Rajsfus - Antisionisme et antisémitisme : ne pas confondre
- Salah M. Salah - La deuxième Intifada, les Palestiniens du Liban et le droit au retour
- Elias Sanbar - La proclamation toujours différée de l’État palestinien
Renseignements : Annie Coussemant <acoussemant@freesurf.fr>
 
Revue de presse
 
1. Dépêche de l'Agence France Presse du mercredi 15 novembre 2000, 19h25
Une conférence Euromed sous l'influence des violences au Proche-Orient

MARSEILLE (France) - La 4ème conférence ministérielle euro-méditerranéenne s'est ouverte mercredi soir à Marseille avec un ordre du jour et une participation largement influencés par les violences au Proche-Orient, la Syrie et le Liban boycottant la réunion tandis que la délégation palestinienne était privée de plusieurs membres empêchés de voyager par Israël.
La présidence française de l'Union européenne (UE), par la voix d'Hubert Védrine, a "regretté" ce boycott tout en le "respectant".
"Mais l'Union européenne est convaincue que la coopération euro-méditérranéenne est suffisamment importante, en elle-même et pour l'avenir, pour qu'elle puisse et même qu'elle doive se poursuivre indépendamment des vicissitudes du processus de paix, même les plus tragiques", a souligné dans son discours d'ouverture le chef de la diplomatie française, président en exercice de l'UE.
A Damas, le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk al-Chareh a justifié ce boycott par le refus de la présidence de l'UE de condamner les "agressions israéliennes" contre les Palestiniens.
Il a indiqué que M. Védrine l'avait informé par téléphone qu'"une condamnation européenne, si elle a lieu, concernerait les deux parties", israélienne et palestinienne.
Dans son discours, M. Védrine, évitant toute condamnation, a réitéré la position de l'UE pour laquelle "il n'y a pas d'autre chemin possible au Proche-Orient que le dialogue et la recherche de la paix entre Israéliens et Palestiniens".
"Malgré l'émotion suscitée par la douleur et la crainte, il faut tout faire pour tenir les engagements pris, mettre fin aux violences et revenir au calme et à la raison, recréer une espérance", a-t-il dit.
Le forum euro-méditerranéen entre les Quinze et 12 pays du sud, lancé en 1995 à Barcelone (Espagne), ambitionne de faire du bassin méditerranéen une zone de dialogue, d'échanges et de coopération qui garantisse la paix, la stabilité et la prospérité, avec une zone de libre-échange à l'horizon 2010.
Cinq ans après Barcelone, le dialogue politique est compromis par le blocage du processus de paix mais le volet économique est lui aussi bien loin d'avoir atteint les objectifs assignés.
La Commission européenne a fait le constat que "le volume des échanges entre partenaires méditerranéens (commerce Sud-Sud), très faible, n'a pas augmenté, que le volume des investissements de l'UE dans la région reste peu élevé". Quant au programme d'aide MEDA I de 3,4 milliards d'euros, décidé à Barcelone, à peine 26% ont été dépensés, bien des projets étant bloqués par "la complexité des procédures".
Quant aux espoirs d'avancer sur les valeurs démocratiques, il n'y a pas eu un "dialogue suffisamment franc et sérieux (...) sur les questions des droits de l'Homme, la prévention du terrorisme ou les migrations", selon la Commission.
La délégation palestinienne, conduite par le ministre de la Coopération internationale Nabil Chaath, a appelé dès mercredi l'Europe à faire preuve de "courage" en adoptant "une position forte". Il a exprimé l'espoir que la conférence de Marseille prenne "une part active en faveur de la protection des Palestiniens".
La situation au Proche-Orient devait être abordée au cours de la première séance de travail, mercredi soir, puis entre les seuls ministres au cours du dîner. Celui-ci a été dénoncé par M. Chareh.
"Nous avions demandé à l'UE de ne pas organiser de dîners, car il est impensable, a-t-il dit, que nous nous asseyions à la même table que le ministre israélien des Affaires étrangères (Shlomo Ben Ami) au moment où des innocents sont tués en Palestine".
La conférence a accueilli un participant de dernière minute, la Libye, avec un statut d'"invité" de la présidence. Tripoli avait pourtant annoncé sa décision de ne pas venir en raison de la présence d'une délégation israélienne.
Le dossier économique sera abordé au second et dernier jour de la conférence, jeudi.
 
2. Le Soir (quotidien belge) du mercredi 15 novembre 2000
Israël enferme les Palestiniens en Cisjordanie
par Serge Dumont
CISJORDANIE de notre envoyé spécial
Entre les Palestiniens et nous, ce n'est pas l'intifada. C'est la guerre. Installateur de systèmes d'épuration d'eau à Tel-Aviv, Oren, 32 ans, fait partie de ces milliers de réservistes mobilisés par Tsahal (l'armée israélienne) pour assurer la sécurité des colons juifs circulant sur les routes menant de Jérusalem vers leurs implantations.
Ce que nous vivons en ce moment n'a plus rien à voir avec les lancers de pierres que l'on montre à la télévision, affirme-t-il. Ici, notre pain quotidien est fait d'accrochages armés et d'embuscades. Les Palestiniens opèrent en équipes de deux à trois personnes et ils sont efficaces.
ACTIONS DES COLONS
Il a fallu attendre ce lundi pour que la population israélienne prenne conscience de la gravité de la situation en Cisjordanie. En effet, ce jour-là, deux jeunes appelés du contingent qui circulaient dans un autobus non blindé à proximité de l'implantation de Beth-El (banlieue de Ramallah) et un professeur de gymnastique qui suivait ce transport en pensant être protégé, ont été tués par des tireurs palestiniens qui ont ensuite pris la fuite en direction de Ramallah.
Depuis lors, Tsahal a décrété le bouclage complet des territoires palestiniens (huit villes de Cisjordanie sont soumises au blocus). Quant au Premier ministre Ehoud Barak, il a interrompu son voyage aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne pour présider à Jérusalem une réunion d'urgence du cabinet de sécurité.
Les colons juifs jugent cependant cela insuffisant. Ils exigent une riposte militaire massive et l'arrêt de l'approvisionnement de la population palestinienne en essence, en eau et en électricité. Si Barak n'ose pas, nous le ferons nous-mêmes, menace Orna Kiefer, une pédiatre travaillant dans le bloc d'implantations juives (Beth-El, Psagot, Aram) situé à la périphérie de Ramallah.
Hier, les habitants des colonies juives de Neve Tsouf et de Halamich ont d'ailleurs dressé des barrages de pneus enflammés devant les villages palestiniens voisins. D'autres se sont postés dans la région de Naplouse pour y retenir les camions-citernes transportant de l'eau et de l'essence destinés à la population palestinienne.
« GUERRE DES ROUTES »
Les colons sont d'autant plus nerveux que cette « guerre des routes » désorganise complètement leur vie quotidienne. La compagnie d'autobus Egged n'assure plus le service sur les lignes desservant la Cisjordanie.
Quant à la compagnie téléphonique nationale et à la Société nationale d'électricité, leurs techniciens ne se rendent plus dans les territoires. Comme les facteurs, les corps de métier et les chauffeurs-livreurs des grands groupes alimentaires : Avant le début des émeutes, j'étais livré en trois jours, proteste le gérant du seul supermarché de Kyriat Arba (banlieue d'Hébron). Maintenant, je dois attendre plusieurs semaines pour recevoir des pâtes.
Cette dégradation de la situation était pourtant prévisible. La semaine passée, Marwan Barghouti (le responsables des milices du Fatah en Cisjordanie) avait promis que son organisation transformerait la vie des colons en enfer jusqu'à la libération des territoires occupés par Israël depuis 1967 (la partie de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, ainsi que la partie orientale de Jérusalem).
Le lendemain, Zyad Abou Aouen (le « bras droit » de Barghouti) avait surenchéri en annoncant la recrudescence des opérations armées menées par son organisation. Nous avons le droit légitime de nous battre pour la libération de notre terre occupée et nous l'utilisons, avait-il alors déclaré.
Tout porte à croire que la « guerre des routes » va prendre progressivement le pas sur la guerre des pierres, qui s'essouffle. Certes, hier, plusieurs dizaines de Palestiniens ont été blessés en lançant des pièces de carrelage et des cocktails Molotov contre les soldats de l'Etat hébreu. Mais ces activités sont devenues marginales. Car maintenant, c'est à l'arme automatique que Palestiniens et Israéliens s'affrontent.
A Gaza, les tirs se sont poursuivis dans la soirée. Principalement devant l'implantation de Gouch Katif (3 morts palestiniens). Mais c'est surtout sur la Cisjordanie, où un Palestinien a a également été tué mardi près de Ramallah lors d'une attaque contre sa voiture, apparemment par des colons, que les Palestiniens centrent leurs efforts. Selon un tract du Fatah diffusé à Jérusalem-Est, la période s'étendant du 15 novembre à la fin de l'année devrait « servir à préparer sur le terrain et par le sang l'indépendance de notre futur Etat ».
Ce qui signifie que la situation va se dégrader. Le bouclage des territoires palestiniens par Tsahal n'y changera probablement pas grand-chose.
 
3. Libération du mercredi 15 novembre 2000
Asphyxié, Hébron vit au ralenti
par Alexandra Schwartzbrod
Hébron envoyée spéciale
Bouclée par l'Etat hébreu, la ville s'appauvrit chaque jour.
Sur la peinture bleu pastel, Leonardo DiCaprio peine à étreindre sa partenaire. Déchirée en son milieu, l'affiche de Titanic flotte dans un air saturé d'aigreurs, comme effrayée à l'idée de se détacher du mur et de tomber au sol, où des centaines de poulets caquettent et s'ébattent dans la fiente et les plumes. «C'était la chambre des enfants, nous n'avions pas d'autre choix que d'y mettre la volaille», explique Sélim el-Hussein, 50 ans, les yeux bouffis par le manque de sommeil.
Odeur. Depuis un mois, ce marchand de poulets de Hébron vit avec sa marchandise vivante dans sa petite maison près du marché. Dès le début des affrontements, les Israéliens ont imposé un couvre-feu permanent sur la partie de la vieille ville arabe qu'ils contrôlent. Plongeant du jour au lendemain Sélim et les dizaines de milliers d'habitants palestiniens de cette zone, dite H2, dans une situation impossible. «Au début, on essayait de faire les allers et retours entre la boutique et la maison pour aller nourrir les poulets. Mais les enfants se faisaient battre par les soldats, c'était de plus en plus dangereux. Alors un jour, quand on a vu que la situation allait durer, on a profité de deux heures de liberté accordées par les Israéliens pour transférer les volailles ici. Beaucoup sont mortes, mais celles qui restent, au moins, on peut s'en occuper sans avoir à sortir», explique le marchand. Depuis, les dix enfants de la famille se tassent dans trois pièces que dessert un escalier extérieur, seul moyen de sentir l'air du dehors.
«Je deviens folle, soupire la mère, ils passent leur temps à se bagarrer, ils me donnent de ces migraines!...» Privés d'école pour cause de couvre-feu, ses enfants, de 4 à 20 ans, se partagent entre la télévision et la cuisine. L'odeur de la volaille s'infiltre dans les moindres interstices, le bruit du caquetage est incessant, les plumes volent jusque dans la ruelle en contrebas. Pour Sélim, le manque à gagner est de 500 shekels par jour (près de 1 000 francs).
Abandon. Dehors, la rue principale du marché ressemble à un décor de théâtre en carton-pâte. Désert. Silencieux. Abandonné. Là où, un mois plus tôt, cris des marchands et discussions des passants se mêlaient en un brouhaha infernal, les pas résonnent sur les pavés de pierre. Portes fermées, clous de boucher nus comme la main, affiches déchirées. Et sur le fronton d'un passage qui ne va plus nulle part, cette vieille pancarte rouillée: «Autorité palestinienne - ministère de l'Approvisionnement». «Après 17 heures, quand la nuit tombe, vous marchez là, vous êtes mort», explique un habitant.
Manque à gagner. Il faut faire quelques centaines de mètres pour espérer entendre la foule. Atteindre le parpaing géant qui marque la frontière entre les zones H2 et H1 (gérée par les Palestiniens), non loin d'un pâté de maisons habité par des colons. Comme au bout d'un long tunnel, des gens s'agitent et palabrent de l'autre côté dans leurs vêtements colorés. Trois pas et l'on replonge dans la vie. Une pharmacie, pourtant, garde ses rideaux baissés, du bon côté du parpaing. Une tête apparaît dans l'embrasure de la porte, craintive. «On pourrait ouvrir la boutique, on a le droit, mais comme on est en plein sur la ligne de démarcation, on prend tous les coups. Les balles des Israéliens traversent la vitre, les pierres des Palestiniens tombent à nos pieds, personne n'ose entrer», raconte le propriétaire, Naïm el-Kawasme, 54 ans. Parvient-il encore à travailler? L'homme secoue la tête, esquisse un sourire. «Ici, on ne sert plus que du thé ou du café... Même si les clients pouvaient venir jusque-là, les médicaments sont pour la plupart en train d'expirer, nous n'en recevons plus de l'extérieur.» Il hausse les épaules. «De toute façon, les gens n'ont plus d'argent... Ils reviennent aux plantes... Et quand c'est vraiment très grave, on leur donne gratuitement le peu qu'on a... Même les médecins soignent gratuitement maintenant...» Pour ce père de douze enfants, le manque à gagner est de 400 shekels par jour (près de 800 francs). «Je vis sur mes économies, explique-t-il. J'en ai encore pour un mois.»
Etat de siège. Les organisations internationales ont chiffré à un peu plus de 6 millions de dollars la perte quotidienne occasionnée à l'économie palestinienne par la nouvelle Intifada. Selon un expert de la Banque mondiale, les Palestiniens peuvent tenir un mois sous bouclage israélien. Un bouclage qui interdit à plus de 100 000 d'entre eux d'aller travailler en Israël, qui empêche les marchandises de circuler et qui maintient en état de siège certains endroits comme Hébron. Au-delà d'un mois, la part de la population en dessous du seuil de pauvreté grimpe. Depuis deux mois, elle serait déjà passée de 21 % à 30 %.
 
4. Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 novembre 2000
Face-à-face par temps agité
par Inès Eissa et Randa Achmawi
Participeront ou ne participeront pas ? Les pays arabes ont maintenu le suspense jusqu'au bout avant de maintenir le principe de participer à la conférence Euromed de Marseille ce mercredi et jeudi. S'il y a eu valse hésitation, c'est en raison de la participation d'Israël à ce forum à l'heure où la tension bat son plein dans les territoires palestiniens et qu'en réponse, le sommet arabe du Caire avait décidé de rompre tout contact avec Israël. La Syrie et le Liban étaient le fer de lance de cette attitude. Les événements sanglants dans les territoires palestiniens rendent, selon eux, une rencontre avec Israël extrêmement difficile. Mais un tel boycott aurait purement et simplement laissé toute latitude à Israël au sein d'une instance qui est dans l'intérêt des pays arabes. Ensuite, pourquoi boycotter ce forum alors que les pays arabes et Israël siègent ensemble dans de nombreuses organisations comme l'Unesco ? « L'Euromed est un forum différent des négociations multilatérales et par conséquent, les résolutions du sommet arabe ne sont pas valables pour ce forum », a déclaré à Doha, où s'est tenu le sommet islamique, un membre d'une délégation arabe impliquée dans les tractations interarabes. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Amr Moussa, a donné le ton en soulignant qu'un compromis devait être trouvé. Celui-ci consiste en un projet de résolution fort défendant l'Intifada pour le faire adopter par leur partenaire européen. Ainsi dans ce processus de Barcelone destiné essentiellement à une coopération régionale où l'économie serait le thème prévalant, la question du conflit arabo-israélien a paru incontournable. Il était difficile de l'évacuer. En fait, si le processus de Barcelone a paru plutôt économique avec l'objectif de parvenir à un véritable partenariat euro-méditerranéen, cela est dû à ce que, à ses débuts en 1995, le processus de paix donnait beaucoup plus à espérer qu'à l'heure actuelle. Pour les analystes, les efforts de règlement allaient bon train sous l'impulsion des Etats-Unis. L'Union Européenne (UE) devait consolider la paix naissante avec un soutien économique. Elle récolterait ainsi les dividendes et passerait à un autre palier, puisque la paix seule ne suffisait pas, mais il fallait aussi maintenir cette dernière dans un cadre de stabilité. C'est ainsi que de nombreux pays, dont l'Egypte, ont tenté d'orienter le partenariat euro-méditerranéen vers des voies qui ne s'opposent pas à l'aspect politique et sécuritaire qui fait le fond du conflit arabo-israélien. « Il ne faut pas que Barcelone soit l'otage du processus », a déclaré Mahdi Fathallah, adjoint du ministre égyptien des Affaires étrangères pour les affaires européennes (lire L'Entretien, page 6).
Un vœu pieux ? Zeinab Abdel-Azim, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire, estime qu'il faudrait « donner de l'élan au processus de Barcelone dans les directions où il n'y a pas de divergence, à l'exemple des dossiers économiques, sociaux et écologiques ». Elle souligne que depuis la troisième conférence euro-méditerranéenne des ministres des Affaires étrangères, les 15 et 16 avril 1999, l'Egypte et l'ensemble des pays arabes avaient fait cette option.
Il s'agissait de remédier à l'échec de la deuxième conférence qui s'est tenue à Malte en avril 1997, affirme-t-elle. Cette réunion était prévue dans un pays arabe, mais avec les problèmes suscités à l'époque par le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, les Arabes n'ont pas accepté d'inviter Israël à un forum se tenant dans l'un de leurs pays. Les Pays-Bas qui présidaient alors l'UE ont sauvé la situation en réunissant la conférence à Malte. Depuis, le forum ne se tient pas dans un pays arabe. Une résolution de la Ligue arabe adoptée en 1998 a stipulé que tant que le processus était en panne, aucune réunion de l'Euromed ne devait se tenir dans un pays arabe. Afin de sauver le processus de Barcelone, on a essayé de le dépolitiser plus ou moins.
Entreprise hasardeuse si l'on songe, puisque cette coopération euro-méditerranéenne était conçue pour gérer une situation de paix. « Même si ce forum n'a pas été conçu pour discuter des questions de ce genre, le processus de paix s'impose naturellement et fait même partie du programme du forum. Il est prévu qu'on y discute une plus grande implication des Européens dans le processus de paix », indique une source européenne au Caire. La preuve pour lui qu'une telle implication s'impose de plus en plus et qu'on ne saurait partager tout à fait les tâches, les Etats-Unis pour le politique et l'Europe pour l'économique. Plus encore, la présence de Javier Solana, représentant de la politique étrangère dans l'UE, et de Miguel Moratinos, envoyé spécial pour le Proche-Orient, lors de la dernière conférence de Charm Al-Cheikh, n'a pas dérangé les parties prenantes dont les Etats-Unis. « De plus, en cette époque de transition aux Etats-Unis où l'on ne sait pas encore qui sera leur prochain président et une stratégie envers le Moyen-Orient n'est pas encore mise au point, ce serait le moment d'impliquer de plus en plus l'Europe dans le processus de paix », ajoute la source.
Il faut donc nager dans les eaux houleuses du politique et de l'économique pour assurer l'efficacité de la coopération euro-méditerranéenne.
impossible de côtoyer l'Histadrouth
Mais l'agitation reste de mise. Non seulement la Libye a décidé de ne pas participer à l'Euromed, estimant que la rencontre avait pour objectif « d'intégrer Israël dans l'espace méditerranéen » selon Hassouna Chaouch, un haut responsable du ministère libyen des Affaires étrangères, mais les syndicats arabes invités à participer à Marseille à un forum syndical Euromed ont également rejeté une telle participation. Leur argument : « La présence du délégué du syndicat israélien Histadrouth ». Ils ont ainsi contraint les organisateurs, la Confédération Européenne des Syndicats (CES) et la Confédération Internationale des Syndicats Libres (CISL) à écourter les débats de ce « forum syndical euro-méditerranéen » organisé avant le sommet Euromed. Les syndicats arabes invités et les organisations régionales (CISA, Confédération Internationale des Syndicats Arabes), et les USTMA (Union Syndicale des Travailleurs du Maghreb) ont estimé qu'il était « impossible de côtoyer les représentants de l'Histadrouth qui a soutenu la politique répressive du gouvernement israélien à l'encontre des Palestiniens », a expliqué Rajab Maatoub, vice-secrétaire général de la Cisa. De plus, les syndicalistes arabes reprochent aux syndicats européens de ne pas avoir été à la hauteur de la solidarité souhaitée avec le peuple et les travailleurs palestiniens face aux derniers développements dramatiques.
Ainsi, l'aspect social, culturel et humain devant s'établir lui aussi entre les deux rives de la Méditerranée semble compromis, du moins gravement affecté par l'état actuel des choses.
C'est ce qui explique l'effort déployé pour sortir Barcelone de l'ornière du politique. Les Européens, les premiers, ont agi dans ce sens. Face à un constat arabe selon lequel ce processus est devenu inutile, la Grande-Bretagne, qui a présidé l'Union européenne en 1998, a agi en sorte que des voies parallèles soient trouvées. A Palerme, une réunion ad hoc des ministres des Affaires étrangères s'est tenue en juin ; il a été décidé qu'il faudrait que « Barcelone donne l'élan au processus de paix et non le contraire », rapporte Zeinab Abdel-Azim. Ceci s'est répercuté de manière favorable sur la conférence de Stuttgart en 1999. « Là, les partenaires sont parvenus à séparer Barcelone et le processus de paix, tout en reconnaissant le fait que le manque de progrès dans les négociations arabo-israéliennes affecte Barcelone », précise la politologue.
Les Arabes et la realpolitik
A l'heure actuelle, nous sommes de nouveau face à une situation où le processus de Barcelone tarde à avancer. Pourtant, de l'avis des observateurs dans la capitale égyptienne, il serait préjudiciable pour les pays arabes de compromettre leurs relations avec l'UE, puisqu'il est de leur intérêt de développer des liens avec la première puissance économique mondiale. Ce qu'il faut, c'est rechercher une formule permettant de contourner ces difficultés et de ne pas gaspiller la chance qui s'offre aux pays arabes. Javier Solana a ainsi relevé lors de ses conversations, dernièrement au Caire, avec Esmat Abdel-Méguid, secrétaire général de la Ligue arabe, et Yasser Arafat, président de l'OLP, qu'on ne pouvait pas demander à l'UE d'être plus impliquée dans le processus de paix si on pense à boycotter le forum. Selon des sources bien informées, Abdel-Méguid était d'accord sur ce point. D'ailleurs, « il aurait été dommage que la Syrie et le Liban ne participent pas à la réunion puisqu'ils représentent des parties importantes du point de vue régional », a souligné la source européenne.
Du côté du Quai d'Orsay, on a relevé l'importance de l'enjeu de la réunion. Le porte-parole a souligné : « Cinq ans après Barcelone, qui a lancé le partenariat euro-méditerranéen, je souhaite que cette conférence soit l'occasion d'un bilan et d'un nouveau départ. Il nous faut arrêter ensemble des nouvelles orientations sur la base du bilan qui aura été dressé de la mise en œuvre des trois volets du partenariat ».
De quoi suggérer que pour des raisons pratiques et réalistes, les objectifs les plus ambitieux seront revus à la baisse. Ainsi, la réunion de Marseille a lieu au niveau des ministres des Affaires étrangères, alors que le président Jacques Chirac aurait souhaité qu'elle regroupe les chefs d'Etat et de gouvernements des 27 pays. La conjoncture proche-orientale n'a pas permis de réaliser ce but. Le réalisme devrait conduire les pays arabes à ne pas poser comme condition que l'UE joue un rôle fondamental dans le processus de paix. « Il faut que l'on s'engage dans le processus de Barcelone même si celui-ci s'avère peu efficace en ce qui concerne un règlement au Proche-Orient », estime Zeinab Abdel-Azim.
Un complément du processus de paix
De toute façon, le processus de Barcelone n'a pas été mis au point pour réaliser un tel objectif ni pour s'ajouter aux différents acteurs tentant de résoudre la question proche-orientale. Ses buts correspondent à ceux de l'Union européenne et ceux des principales parties arabes prenantes, qui étaient de profiter des succès éventuels du processus de paix, Madrid, Oslo, Charm Al-Cheikh et autres. D'ailleurs, dans le cadre de ces mêmes accords, le principal rôle accordé à l'Europe figure dans les multilatérales, qui sont plus ou moins le volet économique du processus de paix.
De plus, certains observateurs ne sont pas convaincus de l'utilité d'un débat politique sur le conflit arabo-israélien dans le cadre de l'Euroméditerranée. Le politologue Mohamad Al-Sayed Sélim évoque à cet égard de nombreux points de divergences politiques où Israël est au centre, comme l'exigence européenne de faire de la région une zone exempte d'armes de destruction massive avec comme priorité les armes chimiques et bactériologiques, le nucléaire intervenant plus tard, « c'est-à-dire après le processus de paix. Ce qui consacre la suprématie israélienne actuelle. L'Etat hébreu étant le seul à posséder l'arme nucléaire parmi les pays des rives sud », soutient-il.
Ainsi, entre ceux qui voient qu'il faut tabler sur l'économique, le social et le culturel, et ceux qui considèrent que le conflit arabo-israélien est incontournable et doit figurer dans tout forum, il existe un fossé assez large. C'est ce qui empêche que l'on profite de la coopération entre les deux rives. « C'est uniquement lorsque tous les points de vue seront mis sur la table qu'on pourra tenter de faire émerger des positions communes en termes de coopération », souligne une source européenne au Caire.
C'est donc un obstacle à surmonter. Des pays comme l'Egypte, s'ils ont initié le processus de paix, c'était entre autres pour ne pas craindre le face-à-face avec Israël dans les différentes instances internationales. Auparavant, Israël bénéficiait de l'avantage d'être souvent le seul présent dans beaucoup de forums. L'Autorité palestinienne, première intéressée, considère elle aussi qu'il faudrait être présent à l'Euromed en dépit de « la surdité politique de l'Europe » et de « l'attitude minimaliste » de la France, comme le dit Leïla Chahid, représentante de l'Autorité palestinienne à Paris.
 
5. Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 novembre 2000 
Pas d'éclaircie sur le front économique
par Fouad Mansour
Marseille, de notre envoyé spécial
26 %, c'est le chiffre qui a le plus circulé à Marseille lors des forums économiques et civils organisés en marge des réunions des ministres des Affaires étrangères.
A travers le programme d'assistance déclaré à Barcelone en 1995, l'Europe devait verser une assistance de près de 4,685 milliards d'Ecus (à l'époque) aux pays du Sud. Et seulement 26 % des autorisations financières ont pu être déboursées, ce qui a attiré les critiques des économistes ou membres des sociétés civiles présentes à Marseille, surtout que la modalité et les sommes du second programme, MEDA 2, seront discutés lors du sommet politique jeudi. Entre autres, les représentants du Sud mettent en cause la lenteur des procédures bureaucratiques communautaires à Bruxelles (par exemple, un projet régional type doit être accepté trois fois par les Etats membres, par le Comité Euromed, puis par la Commission européenne).
Le Tunisien Mourad Allal, coordinateur du collectif des organisations non gouvernementales pour le forum civil Euromed, ajoute que les programmes MEDA ont largement montré leur insuffisance au moment où les écarts entre les deux rives ne cessent de s'accroître. Le forum civil a envoyé un message au sommet appelant à alléger la lourdeur bureaucratique et aussi à prendre en considération les petits projets. « La tendance affichée par l'UE de ne pas prendre en considération les petits projets est inadmissible », estime-t-il.
Le professeur Jean-Louis Reffers, doyen de la faculté des sciences économiques de l'Université de la Méditerranée et directeur du rapport Méditerranée, 20 ans pour réussir, critique, suite à une question d'Al-Ahram Hebdo, « la complexité des circuits administratifs des pays du Sud, ces pays n'ont pas parfois de projets intéressants à offrir à l'UE et ont souvent des lignes de crédits non utilisés. Il y a aussi un manque de transparence et l'Union européenne veut s'assurer que l'argent n'ira pas dans les poches de quelqu'un ».
En dehors des questions ayant trait à l'amélioration des procédures, qui seront abordées dans le cadre du programme MEDA 2 (environ 5,2 milliards d'euros) à l'issue de la conférence de Marseille, Reffers recommande à l'Europe de rééquilibrer l'équation économique.
En effet, depuis Barcelone, l'excédant commercial des pays du Nord a augmenté de 15 milliards à 30 milliards d'euros en 5 ans. « Et si le déficit commercial du sud de la Méditerranée vis-à-vis de l'Europe continue de se développer, malgré la reprise de croissance en Europe, cela veut dire que les pays de l'UE se sont créés un espace de discrimination (positive) à leur profit. (ndlr : les marchés du Sud seront plus ouverts à l'UE qu'aux autres pays). Cela doit nécessairement, si l'UE est juste, être rééquilibré soit par des investissements directs assez suffisants pour équilibrer l'excédant commercial, soit par une augmentation de son aide beaucoup plus que les 5 milliards de la MEDA 2, soit en ouvrant son marché au produit agricole de la Méditerranée ».
Et sur la question de savoir si ces sujets seront discutés pleinement au sommet, surtout le volet investissement, il semble qu'on en soit loin.
L'attrait de l'Est
Ceci en raison notamment de l'intégration progressive des pays de l'ancien bloc de l'Est qui suscite un intérêt croissant chez beaucoup de pays européens, surtout l'Allemagne. On parle même d'un bras de fer Sud-Nord en Europe. Depuis 5 ans, lors de chaque réunion multilatérale, les pays de la Méditerranée rappellent aux Européens que pour la période 1995-1999, l'aide européenne a été trois fois plus élevée pour l'Est. Les investissements, eux, sont 5 fois plus élevés qu'au Sud. En effet, 12 pays de l'ancien bloc de l'Est frappent à la porte de l'UE. Ce regard vers l'Est dérange beaucoup d'experts du Sud. La prochaine présidence de la Suède, si rien n'est achevé à Marseille, lors de la présidence française, portera l'intérêt sûrement loin de la Méditerranée. On parle même d'un intérêt vers les pays nordiques et baltes.
Quant au troisième volet, celui visant à favoriser les échanges culturels et humains, sa progression est indéniable, en dépit d'une politique européenne restrictive en matière de visas. « L'ambiguïté du processus de Barcelone vient du fait que cette idée généreuse est née de la crainte du terrorisme et de l'islamisme », estime Paul Balta, un spécialiste du dossier. Un chiffre peut suffire ; les visas accordés par la France aux Algériens a baissé de 900 000 en 1989 à 50 000 en 1999. Il faut être clair ici, il s'agit seulement d'une zone de libre-échange de biens et au maximum des idées ...
 
6. Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 novembre 2000
Modèle méditerranéen contre modèle proche-oriental
par Mohamed Sid-Ahmed
Deux logiques se heurtent : celle qui considère la Méditerranée à partir du Proche-Orient et celle qui considère le Proche-Orient à partir de la Méditerranée. La première logique considère le conflit arabo-israélien comme la référence et la base. Elle n'envisage les relations euro-arabes qu'au travers de ce conflit. La seconde logique, à l'inverse, considère le conflit arabo-israélien dans la perspective d'aboutir à un partenariat euro-arabe autour de la Méditerranée, et cela dans le cadre de la « mondialisation ».
La première logique passe du particulier (conflit régional entre Arabes et Israéliens) au général (relations entre les pays méditerranéens en général), alors que la seconde fait l'inverse.
Aujourd'hui, on assiste au paroxysme des divergences entre les deux logiques. Deux raisons à cela.
Tout d'abord, à cause de l'acuité du conflit arabo-israélien ayant abouti au redéclenchement de l'Intifada et à l'improbabilité d'un règlement de la question palestinienne en général et de Jérusalem en particulier (car elle concerne non seulement les Palestiniens mais tous les Arabes et tous les musulmans). Toutes les autres questions sont devenues secondaires — y compris les tentatives de créer un partenariat euro-arabe et peut-être même euro-africain via la Méditerranée — et cela parce que cette cause est des plus essentielles.
La seconde raison est la tenue, cette semaine à Marseille, de la 4e réunion des ministres des Affaires étrangères du « processus de Barcelone ». Il s'agit d'un « processus de partenariat » rassemblant les 15 pays européens membres de l'Union Européenne (UE) ainsi que 12 pays du bassin méditerranéen (par ordre alphabétique : l'Algérie, l'Autorité palestinienne, Chypre, l'Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, Malte, le Maroc, la Syrie, la Tunisie et la Turquie). Il est tout à fait naturel qu'une réunion ayant pour référence « Barcelone » passe du « général » au « particulier » et que la cause palestinienne ne soit pas celle qui décide du cours des événements.
Quelle logique doit avoir la priorité ? Notons que la Syrie et le Liban ont soulevé la question de la participation des pays arabes à une réunion où Israël est représenté. Et ce, après la décision prise au dernier sommet arabe du Caire, de boycotter Israël.
Il s'agit d'un dilemme ! Notamment parce que les décisions du sommet n'étaient pas claires à ce sujet et que cette décision ne concerne pas les pays ayant conclu des accords de paix avec Israël (l'Egypte et la Jordanie). Quant à l'Autorité palestinienne, ses relations avec l'Etat hébreu sont rompues, mais l'objectif est de reprendre les négociations et par conséquent de mettre fin au boycott et non pas le contraire.
Il est à noter que la Syrie n'a pas boycotté les réunions du « processus de Barcelone » bien qu'Israël y ait pris part. Paradoxalement, la Syrie avait toujours boycotté les conférences du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord qui ont commencé à Casablanca en 1994 et auxquelles Israël participait. Ce qui est déterminant dans la position syrienne n'est pas le fait qu'Israël soit présent ou non dans les réunions, mais que ces réunions concernent le « Proche-Orient » ou la « Méditerranée ».
Les réunions concernant le Proche-Orient sont sujettes à des manœuvres israélo-américaines répondant à une logique purement israélienne qui consiste à exclure tout médiateur du processus de paix à l'exception de Washington, connu pour son alignement sans réserve sur Israël. Tandis que celles concernant la Méditerranée font espérer que l'Europe pourra jouer un rôle dans le processus de paix. Et ce pour éviter que Washington ne monopolise le rôle du médiateur.
Mais aujourd'hui, le processus de paix a atteint un tel degré de détérioration que cela a poussé la Syrie à réclamer le boycott de n'importe quelle réunion à laquelle Israël assiste, qu'elle concerne le « Proche-Orient » ou la « Méditerranée ».
Ceci dit les théâtres proche-oriental et méditerranéen n'ont pas que des points de divergence. Car les deux comportent une confrontation déséquilibrée entre deux parties : entre Israël et les Arabes dans le premier, et entre l'UE et le monde arabe dans le second. Et la partie la plus forte, aussi puissante soit-elle, ne peut se permettre de négliger la plus faible, surtout à l'ère de la mondialisation. Cette dernière est caractérisée par la chute des barrières entre les sociétés et le mélange de celles-ci ; que les parties concernées l'approuvent ou pas.
Ajoutons qu'il existe deux faces au « partenariat euro-méditérranéen ». Mais quelle est la plus importante ? Est-ce la « sécurité européenne » ? Ou bien le « développement » des pays du sud et de l'est de la Méditerranée ?
Si c'est la sécurité qui régit la logique de l'UE dans l'instauration d'un partenariat, il s'agit d'une réédition de l'âge impérialiste où le colonisateur prétendait apporter la civilisation aux peuples primitifs. Mais cela avait échoué car les peuples se sont révoltés contre l'oppression dont ils étaient victimes. Pour éviter que le partenariat euro-méditerranéen ne se transforme en une nouvelle forme de colonisation, pour qu'il contribue positivement au développement des pays méditerranéens, il faut éviter le déséquilibre entre les parties. Tel est le défi que doivent relever les pays méditerranéens les moins développés. Les derniers événements en Palestine laissent penser que l'intérêt accordé par Israël à ses voisins est essentiellement sécuritaire. Il s'agit d'isoler les Palestiniens de la société israélienne pour éviter tout danger sécuritaire. C'est une relation bien connue de l'époque coloniale. Elle entretient la tension et empêche la paix, quels que soient les accords conclus. La question est donc de savoir quel sera le modèle qui prendra le dessus : le modèle méditerranéen ou proche-oriental. Le partenariat euro-méditerranéen sera-t-il à même de créer des relations entre l'UE et les pays arabes qui pourrait contribuer au développement de ces derniers en harmonie avec leurs voisins du Nord ? Cette expérience pourrait-elle se généraliser jusqu'à inclure les relations israélo-arabes ? Ou bien, au contraire, la dégradation de ces relations portera-t-elle préjudice au partenariat euro-méditerranéen ?
 
7. Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 novembre 2000
L'Europe à l'épreuve

Cinq ans après son lancement, le processus de Barcelone n'a pas réussi à donner tous les résultats escomptés. La perspective d'une zone de libre-échange en 2010 ainsi que le développement de la paix et de la stabilité en Méditerranée sont au centre des engagements du partenariat euro-méditerranéen. Mais pour l’instant, peu a été réalisé.
L’Europe des Quinze reconnaît cependant l’importance cruciale de la Méditerranée pour la politique extérieure de l'Union Européenne (UE). « Le partenariat avec les pays méditerranéens représentait pour l’UE une priorité majeure », avait affirmé récemment Chris Patten, commissaire européen aux relations extérieures. « C'est encore dans notre intérêt que nous aidions à consolider le processus de paix au Moyen-Orient », a-t-il poursuivi. Pourtant, la crise du Proche-Orient — qui ne cesse de retarder la réalisation des projets euro-méditerranéens — a révélé au grand jour l'absence d'une politique commune des Quinze vis-à-vis d'une région dont la stabilité lui est pourtant essentielle, et qui dépend plus de l'Europe que des Etats-Unis pour son développement économique.
Cette faiblesse de l'UE sur son flanc sud accentue le scepticisme profond concernant la mise en place d'une organisation collective de la sécurité autour du bassin méditerranéen. La France, présidente en exercice de l'UE, souhaitait faire adopter une charte euro-méditerranéenne pour la paix et la stabilité à l'occasion de la 4e conférence ministérielle de Marseille les 15 et 16 novembre, regroupant les Quinze et leur douze partenaires du sud et de l'est de la Méditerranée. Or, cette conférence intervient au pire moment alors que les relations arabo-israéliennes sont en pleine désintégration.
En fait, les crises successives du processus de paix n'ont cessé de retarder la mise sur pied d'un tel pacte promu par la France, l'Italie et l'Espagne. En outre, cette charte suscite la méfiance des pays du Sud. Prenant la mesure des difficultés, la France doit proposer à Marseille un texte minimal qui constituera plus un cadre de dialogue et de négociation que l'organisation d'une sécurité collective. « Il s'agira d'un accord-cadre évolutif, non-contraignant, qui devrait se situer progressivement dans la durée afin de créer une zone de sécurité », a indiqué Jean-Pierre Courtois, chargé du suivi du processus de Barcelone au Quai d'Orsay.
Le modeste contenu de cette charte traduit aussi l'absence de cohésion des Quinze, qui a été révélée lors des déplacements en ordre dispersé de responsables européens dans la région. En fait, chaque Etat-membre de l’UE continue à intervenir avec sa propre diplomatie, ce qui suscite parfois une certaine cacophonie.
Certes, le représentant de la diplomatie européenne, Javier Solana, a réussi à rendre plus visible l'UE — notamment lors de sa participation au sommet de Charm Al-Cheikh pour mettre fin à la violence entre Palestiniens et Israéliens —, mais les pays arabes demandent davantage. Ils réclament plus qu'un simple accompagnement économique des négociations de paix, et une implication plus vigoureuse sur le front politique, par le biais de pressions sur l'Etat hébreu, que les gouvernements européens rechignent à exercer de peur de compromettre leur rôle auprès des Israéliens. Mais, pour les Etats arabes, cette extrême prudence européenne efface plutôt le rôle des Quinze plus qu'elle ne le sauve auprès de Tel-Aviv.
 
8. Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 novembre 2000
Invitation à rompre avec Israël

Le sommet de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI), marqué par l'absence de deux dirigeants arabes de taille, le président Moubarak et le roi Mohamad VI du Maroc, a « invité », à l'issue de ses travaux lundi soir, les pays membres ayant des relations avec Israël à les rompre et s'est engagé à apporter tout le soutien aux Palestiniens.
« Les dirigeants (de l'OCI) invitent les Etats membres ayant des relations avec Israël ou qui ont entrepris des mesures en vue d'établir de telles relations dans le cadre du processus de paix à les rompre », précise la déclaration finale du 9e sommet à Doha.
Dans le document baptisé « Déclaration sur l'Intifada d'Al-Aqsa et de l'indépendance de la Palestine », les dirigeants des 56 pays de l'OCI ont recommandé aux Etats membres de suspendre toute forme de normalisation avec Israël jusqu'à ce qu'il applique les résolutions de l'Onu sur la Palestine, Jérusalem et le conflit israélo-arabe. Les participants au sommet ont également affirmé leur engagement à reconnaître l'Etat palestinien indépendant dès sa proclamation. Le texte avertit que les pays membres « sont déterminés à rompre leurs relations avec tout Etat qui transférerait son ambassade à Jérusalem ou reconnaîtrait la Ville sainte pour capitale d'Israël ». Il dénonce et rejette les résolutions du Congrès et les déclarations américaines prévoyant la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël et le transfert dans la Ville sainte de l'ambassade américaine. En ce qui concerne l'Etat palestinien, le président iranien, Mohamad Khatami, avait proposé un plan pour « un règlement fondamental de la crise du Proche-Orient et le retour au calme dans la région ». Ce plan prévoit « un retour de tous les Palestiniens dans leur patrie » et « un référendum permettant aux musulmans, chrétiens et juifs de se prononcer sur (la nature) de leur futur Etat indépendant », a indiqué M. Khatami. Il consiste à établir un « Etat palestinien indépendant (...) avec Jérusalem pour capitale » et à lui donner la possibilité de déterminer qui « habitera son territoire ».
La Déclaration finale demande par ailleurs à l'Onu et au Conseil de sécurité d'assurer une protection internationale au peuple palestinien et de « mettre fin aux massacres perpétrés par les autorités d'occupation israéliennes » contre les Palestiniens. Elle réclame « une commission d'enquête internationale neutre » sur les violences qui ont fait plus de 217 tués, des Arabes dans leur quasi-totalité, depuis le 28 septembre. L'émir du Qatar, Hamad bin Khalifa Al-Thani, a également proposé l'envoi d'une mission ministérielle de l'OCI à l'Onu en vue d'obtenir un arrêt « de l'agression israélienne » contre les Palestiniens.
Selon la déclaration, le sommet s'engage à apporter le soutien et l'appui total aux Palestiniens, dont il salue « l'Intifada légitime contre l'occupation israélienne » en Cisjordanie et à Gaza. Les dirigeants musulmans appellent dans ce contexte à organiser « des collectes de fonds pour le triomphe de l'Intifada » et de contribuer au financement des deux fonds arabes d'aide aux Palestiniens, créés en octobre par le sommet arabe du Caire, avec au total un milliard de dollars. A cet égard, l'Egypte avait proposé d'augmenter d'un milliard de dollars ces fonds arabes, mais cette proposition n'a pour finir pas été retenue.
 
9. Al-Ahram Hebdo (hebdomadaire égyptien) du mercredi 15 novembre 2000
Adoucissement du texte
par Rania Adel
Les pays arabes ont réussi à rallier leurs partenaires africains et asiatiques au sommet islamique de Doha à ce texte qui avait suscité des réticences parmi les 17 pays africains et les 14 pays asiatiques membres de l'OCI. A l'encontre de l'Iran, de l'Iraq et du Soudan qui ont prôné la rupture totale et lancé un appel au djihad, les pays africains estimaient que « la question de la rupture avec Israël est une question de souveraineté ».
Les réticences des pays africains et asiatiques, dont certains entretiennent des relations avec Israël, s'expliquent en partie par le maintien par des pays arabes d'ambassades israéliennes dans leurs capitales, ont expliqué des participants. « Et pour preuve, a indiqué un délégué africain, le Qatar, pays hôte du sommet islamique, ne s'est décidé à fermer la représentation commerciale israélienne à Doha que deux jours avant l'ouverture du sommet ». L'Arabie saoudite avait menacé de boycotter ce sommet si le Qatar ne fermait pas la mission israélienne.
La méfiance s'est manifestée dès l'élaboration du projet de résolution du sommet en conférence ministérielle vendredi : un projet initial stipulant que « le sommet demande aux Etats membres (...) à rompre », a été modifié par la formule « le sommet invite ... », rendant le texte moins contraignant. « Les pays africains ont insisté sur le terme inviter pour laisser à chaque pays la liberté de décider (de rompre ou non) selon ses intérêts », a affirmé un membre d'une délégation africaine. « Mais, a-t-il ajouté, il faut bien sûr insister pour qu'Israël respecte les accords conclus avec les Palestiniens et l'avertir qu'il est allé trop loin » dans la répression de l'Intifada.
Les responsables palestiniens ont affiché leur satisfaction des résultats du sommet islamique. Le responsable palestinien chargé de Jérusalem, Fayçal Al-Husseini, a, à cette occasion, rejeté sur le premier ministre israélien Ehud Barak la responsabilité des appels au boycott d'Israël par les pays islamiques réunis à Doha. « C'est sa politique dans les territoires palestiniens qui ne l'aide ni à faire la paix ni à entretenir des relations normales avec le monde », a déclaré M. Husseini. Il réagissait à des déclarations de M. Barak qui a déploré dimanche à Washington les appels à la rupture et à l'affrontement avec Israël lancés lors du sommet de Doha et appelé à un règlement négocié du conflit israélo-palestinien.
 
10. Ha'Aretz (quotidien israélien) du mardi 14 novembre 2000
Le faux compromis de Camp David
par Amira Hass [traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier]
"Il ne s'agit pas de la générosité israélienne, mais du morcellement territorial qui n'autorisera pas la création d'un état palestinien", dit Fayçal Husseïni.
A la suite du sommet de Camp David, des officiels réunis à la Maison de l'Orient (Jérusalem) ont pris l'initiative d'illustrer au moyen de cartes les initiatives qui y étaient arrêtées, ainsi que les objections des Palestiniens aux propositions de Barak. "L'équipe israélienne n'a pas proposé de cartes", dit Fayçal Husseïni, chef de l'équipe des négociateurs palestiniens, "aussi, nous l'avons fait nous-mêmes : nous avons préparé des cartes qui feront apparaître immédiatement la nature du compromis qui nous est proposé là-bas (à Camp David) : un compromis qui n'en est pas un". Les propositions israéliennes, mises en cartes, iront rejoindre d'autres cartes qui décrivent en détail les propositions faites par les Palestiniens pour un règlement. Les touches finales apportées aux cartes des propositions palestiniennes et les projets qui les sous-tendent sont colligées par la Jerusalem Task Force, une équipe de spécialistes que Husseïni a mise sur pied en mai de cette année.
Husseïni et son état-major (task force), présidé par le Dr. Manuel Hasasian de l'Université de Bethléem, avait à l'origine l'intention de présenter l'atlas ainsi réuni à leurs collègues israéliens, aux Américains hôtes du sommet et à différents observateurs européens, Husseïni précisant qu'il s'agissait pour les Palestiniens de respecter l'engagement mutuel, pris à Camp David, de ne pas diffuser d'informations dans les médias. "Nous n'avions aucun intérêt à divulguer quoi que ce soit : ce que nous recherchions, ce n'était pas des problèmes supplémentaires, mais bien une solution".
Toutefois, l'explosion de l'Intifada et la stupeur dont elle a frappé les Israéliens quant à ses causes, l'ont incité à rendre publiques ces cartes, avant même que les négociations ne reprennent. Ainsi, c'est du moins ce qu'espèrent les Palestiniens, les parties concernées comprendront pourquoi les propositions formulées par Israël n'étaient pas un compromis digne de ce nom, ni une marque de générosité de leur part : elles consistent en un partage territorial qui obère toute possibilité d'établir un état palestinien viable. Après Camp David, dit Husseïni, ses collègues, qui avaient été en contact avec les négociateurs israéliens, se sont rendu compte du fait qu'aucun d'entre eux n'avait de réel mandat pour négocier. Tout est entre les mains de Barak. Au même moment, l'Intifada 2000 explosait, avant toute reprise réelle des négociations. Pour Husseïni, l'opinion publique mondiale "entichée d'une impression d'immense générosité de la part d'Israël à Camp David", n'a pas compris pourquoi les Palestiniens étaient aussi en colère. Décision a alors été prise de rendre les cartes publiques, afin d'expliquer les raisons de la révolte et de la colère populaires - le fait qu'ils sont toujours soumis à la loi de la puissance occupante - et, aussi, pour servir de document de base permettant une reprise des négociations.
Pour le Dr. Hasasian, à Camp David, les Israéliens sont restés dans le flou. Tantôt ils parlaient d'annexer 5 % de la Cisjordanie, tantôt ils évoquaient le chiffre de 10 %. Parfois, les calculs étaient basés sur une Cisjordanie réduite, diminuée de la zone H (no man's land de 1948), de Jérusalem-Est et de la Mer Morte. Parfois encore, les calculs étaient basés sur l'aire conquise en 1967. Toutefois, explique le Dr. Hasasian, les cartes sont basées sur des estimations et des conclusions relatives aux propositions formulées à Camp David : il ne s'agit pas de cartes ayant fait l'objet d'un consensus. Pour Husseïni, la question de Jérusalem est décisive si l'on veut comprendre l'objection opposée par les Palestiniens aux propositions de Barak : ce n'est pas lié à l'importance religieuse de la ville, mais à sa situation géographique, à son emplacement stratégique conditionnant la continuité géographique de l'Etat palestinien et, par conséquent, sa validité. "Israël veut déterminer des frontières permanentes fondées sur les implantations - nous disons, quant à nous, que l'avenir des implantations sera déterminé par les frontières".
Husseïni répète tout ce qui a déjà été dit par toute instance palestinienne et ce qu'il pense être le message de l'Intifada en cours : le principe doit être un retour aux frontières du 4 juin 1967. Du moment où Israël acceptera ce principe, les Palestiniens seront prêts à en négocier une application nuancée, notamment pour ce qui concerne le devenir des colonies : évacuation, échange territorial, garantie de la citoyenneté palestinienne aux colons désirant rester. "Cependant, dès la conférence de Madrid, nous avions compris que les négociations devaient se baser sur les résolutions 242 et 338 de l'ONU", ajoute Husseïni. "Les négociations ne portent pas sur les résolutions (de l'ONU), mais sur la manière de les mettre en application".
Selon lui, il n'y a pas de contradiction entre reprise des négociations et poursuite de l'Intifada. "Après tout, à la fin du compte, une solution n'est envisageable qu'à travers des négociations. Les Israéliens considèrent qu'ils peuvent négocier tout en construisant et en agrandissant leurs colonies. J'en déduis que je peux négocier tandis que l'Intifada continue. Autrement, Israël devrait arrêter immédiatement toute construction dans les colonies".
L'état-major de Jérusalem (Task Force) travaille en liaison permanente avec la délégation emmenée par Abu Mazen (Mahmud Abbas), mais il a pris l'initiative de dresser les cartes, de manière indépendante, précise Husseïni. Jérusalem est objet de débat, et là, encore une fois, le point d'achoppement est constitué par les colonies. C'est pourquoi il est convaincu que son initiative est de nature à affecter le processus de négociation dans son ensemble. Selon les données dont dispose la "task force" de Jérusalem, les terrains construits palestiniens n'occupent pas plus de 5 % de la superficie de la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est). L'emprise des colonies (y compris Jérusalem-Est) représente 1,8 % de la Cisjordanie. Ces chiffres illustrent éloquemment tant l'ampleur de la construction israélienne depuis 1967 que les restrictions imposées au développement palestinien.
D'après les Palestiniens, la proposition faite par Israël à Camp David - qui a été couchée sur les cartes mises au point par la Maison de l'Orient de Jérusalem - perpétuent le principe suivant : développement juif + expansion démographique + Jérusalem en tant que métropole-capitale et, en contre-partie : morcellement et séparation des agglomérations palestiniennes + marginalisation de la Jérusalem palestinienne (géographiquement, politiquement et économiquement) + frein mis au processus naturel de transformation de Bethléem-Jérusalem-Ramallah en une métropole palestinienne.
Eûssent les Palestiniens été désireux d'accepter la solution israélienne pour Jérusalem (qui inclut le bloc d'Adumim - 120 km2 autour de Ma'aleh Adumim et le bloc d'Etzion - ils auraient, du même coup, accepté la division en deux de l'Etat palestinien : une partie Nord et une partie Sud, avec un passage, entre les deux, sous contrôle israélien. L'exigence formulée par Israël à Camp David de contrôler deux routes est-ouest (l'autoroute Trans-Samarie et la route Tel-Aviv-Amman, en cours de construction) aurait pour conséquence la division de l'Etat palestinien en trois cantons, comme disent les Palestiniens pour résumer la situation, et les liens entre ces trois cantons seraient en permanence à la merci d'Israël, armée et colons.
 
11. Déclaration du Porte-parole du Quai d'Orsay (Paris, le mardi 14 novembre 2000)
- Avez-vous un commentaire sur ce qui se passe dans les Territoires ?
- La situation dans les Territoires...
- Les Territoires palestiniens. Occupés.
- Vous m'ôtez les mots de la bouche...
- On va revenir à l'idée que ce sont des territoires disputés et non pas occupés...
- Non point.
- Est-ce que ce sont des territoires occupés, ou bien disputés ou discutés ?
- Les résolutions des Nations unies fournissent la réponse, et j'en reviens au fond, si vous le voulez bien. Nous suivons bien sûr avec les sentiments que vous imaginez l'évolution de la situation, qui est une situation toujours grave. Dans cette conjoncture, comme l'a dit le ministre à l'Assemblée nationale le 8 novembre, notre priorité absolue c'est toujours de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que la tension retombe complètement et que les affrontements cessent. C'est ce que nous disons en tant que Français, en tant qu'Européens. C'est d'ailleurs aussi ce qui est dit par le secrétaire général des Nations unies, par les Américains, par l'ensemble des intervenants qui font passer des messages aux responsables israéliens et palestiniens.
- Votre langage n'a pas changé et il n'est pas adapté à la gravité de la situation. Israël a imposé un embargo sur la zone ''A'' des Territoires palestiniens. C'est quelque chose d'assez important : il ne s'agit pas d'une zone ''B'', ''C'' ou de partage, mais d'une zone ''A'', c'est-à-dire sous administration palestinienne complète. Cela ne mérite-t-il pas un petit commentaire ou une petite réaction ?
- Encore une fois, nous sommes bien d'accord sur la gravité de la situation, le ''contexte très difficile'', comme le disait le ministre. Nos efforts visent à ce que les affrontements cessent, à ce que la tension retombe complètement. Et ce que nous disons aussi, c'est qu'il faut que les uns et les autres s'abstiennent de toute décision unilatérale qui ferait remonter les tensions et qui compromettrait la reprise des négociations. Cela fait partie de notre position.''
- Où en sont les consultations au Conseil de sécurité en vue de dépêcher des observateurs dans les Territoires palestiniens ?
- Des consultations se poursuivent sur ce sujet au Conseil de sécurité des Nations unies. Je rappelle qu'au départ le président Arafat a proposé la création par les Nations unies d'une force internationale de protection des populations civiles palestiniennes. On a noté les réactions américaine et israélienne à cette idée. Dans ce débat, la France, avec d'autres pays, a suggéré une présence internationale d'observation, pour autant bien sûr que les parties en acceptent le principe. Cette présence internationale pourrait faire rapport aux Nations unies sur les violences qu'elle pourrait constater. J'ajouterais que les Nations unies sont dans leur rôle, lorsqu'il s'agit d'aider les protagonistes à reprendre la situation en main pour mettre un terme durable aux affrontements. Le déploiement d'une présence internationale d'observation pourrait peut-être faire partie de mesures de confiance propres à favoriser le retour au calme et son maintien.''
- Avez-vous un échéancier ?
- Non, aucun.
- Avez-vous des échos en provenance des autres membres du Conseil de sécurité ?
- Comme je vous l'ai dit, nous ne sommes pas les seuls à le suggérer. D'autres membres ont réagi plutôt favorablement, mais nous n'en sommes qu'au début du débat.
 
12. Le Magazine (hebdomadaire libanais) du vendredi 10 novembre 2000
Bertrand Badie : "La colonisation bloque la paix"
propos recueillis par Caroline Hajjar
Politologue français agrégé de sciences politiques, Bertrand Badie axe ses priorités sur l'Etat de droit et la souveraineté nationale. Il prend, dès 1993, position dans le conflit israélo-arabe en soutenant que les accords d'Oslo vont aboutir à une impasse. Sept ans après, les événements lui donnent raison.
- Quel est l'avenir du processus de paix dans la région ?
- Le processus de paix selon la méthode d'Oslo me paraît compromis, tout comme la Pax américana. Et le processus tel qu'Israël l'a conduit, qui suppose de privilégier le bilatéralisme par rapport au multilatérisme et au régionalisme, aboutit également à une impasse. Israël a pensé pouvoir débiter par tranches la question israélo-arabe alors qu'elle est un tout. Nous sommes arrivés au bout des possibilités que la méthode bilatérale (Israël-Egypte, Israël-Jordanie, Israël-Pales-tine) pouvait apporter.
Il y a un quatrième aspect du processus qui est cassé. C'est ce que j'appelle le post-sionisme: on sait que la paix ne serait possible que si l'Etat palestinien devenait un Etat comme les autres, mais il faut qu'Israël soit aussi un Etat comme les autres.
L'un des grands problèmes est qu'Israël n'est pas un Etat comme les autres. Il installe sa domination dans la région sur des postulats de nature sacrée, absolue, donc non sujets à négociation. Or, tout doit être négocié dans une paix. Il est impossible de l'envisager sous forme de négociations partielles.
- On a l'impression qu'Israël veut concilier le monde arabe. Un peu comme si un mariage étrange se constituait, comme si les époux faisaient un contrat de mariage avant de se poser la question de savoir s'ils veulent vivre ensemble. C'est la véritable question à se poser en amont : est-ce qu'une coexistence entre Israël et les pays arabes fait sens ?
- Elle doit être discutée, bien que dans la construction sioniste, ce débat ne fasse pas sens puisqu'elle renvoie à un absolu sur lequel on ne transige pas. Cinquante ans de conflit israélo-arabe révèlent que les méthodes répressives n'ont jamais pu aboutir. Israël a cru dès le départ, mais surtout à partir de 1967, pouvoir régler la question par la conquête. Quel est le résultat aujourd'hui? On constate qu'Israël n'est pas en mesure de gérer ses conquêtes.
- Pensez-vous qu'Israël pourrait une fois encore transposer le conflit sur le territoire libanais ?
C'est un scénario qu'on entend souvent. Mais je ne suis pas sûr qu'il soit rationnel. Parce que l'on voit ce que peut apporter l'idée de déplacement d'un conflit, mais on voit aussi les risques qui lui sont associés.
Finalement, toute attaque d'Israël contre le Liban s'est toujours soldée par un échec que les Israéliens ont eu énormément de mal à gérer. Par ailleurs, il y a le paramètre important du Hezbollah qui semble représenter une dissuasion assez forte dans le contexte actuel et qui me paraît de nature à tempérer les intentions israéliennes. D'un point de vue géostratégique, ce scénario est peu raisonnable. Mais il y a aussi des considérations intérieures: l'arithmétique parlementaire, une opinion publique incertaine, l'armée israélienne qui constitue un groupe de pression en soi et qui dispose d'une latitude d'action assez forte. Par rapport à ces paramètres beaucoup plus difficiles à rationaliser et à classer, ce genre d'aventure ne me paraît pas impossible.
- Quel est, selon vous, l'avenir de Jérusalem et des colons en Cisjordanie et à Gaza ?
- Le grand facteur qui bloque tout est effectivement les implantations de colonies juives en Palestine. Ce phénomène continue encore en partie, et en partie seulement, à servir l'idéologie sioniste. Tant que se pérennisent ces colonies juives, il y a chez le Palestinien le sentiment de l'irréalité du scénario de construction d'un Etat palestinien tel qu'envisagé par Israël.
- Quel sera le sort des réfugiés palestiniens originaires des territoires de 1948 ?
- Côté israélien, il n'y a rien de nouveau ! Je crains que la question des réfugiés n'appartienne, côté arabe, au chapitre des compromis à passer. On lâche un certain nombre d'exigences légitimes concernant les réfugiés pour obtenir un avantage sur d'autres points qui sont extrêmement sensibles, comme la nature de l'Etat palestinien qui devrait naître de ces accords de paix et, éventuellement, l'avenir de Jérusalem. Je vois mal à court terme ce que l'on peut attendre. A moyen et long terme peut-être...